Randonner en Guadeloupe

Nous ne sommes pas venus dans les Antilles pour bronzer comme des phoques sur la plage. Les deux prémisses étaient: faire connaissance de la culture locale, notamment de la culture culinaire et de faire des randonnées d’un type impossible à faire en Europe. Il y a en effet des ruisseaux et des cascades cachées, des points de vues grandioses et aussi un volcan fumant à gravir.

Cascade aux Écrevisses longe exposition. Photo © Alex Medwedeff

Cascade aux Écrevisses longe exposition. Photo © Alex Medwedeff

Traces en Guadeloupe

Les sentiers historiques s’appellent trace en Guadeloupe, il s’agit en général de chemins de liaison d’une côte à l’autre. Ils sont pour la plupart bien balisés, du moins pour leur départ près des routes et parkings. Même les chemins très fréquentés sont peu ou pas balisés loin du point de départ. Il faut donc avoir l’œil attentif, se munir de cartes IGN ou mieux d’un portable avec une fonction GPS.

Les qualificatifs de sentiers (très facile TF, facile F, moyen M, difficile D) sont à comprendre ainsi:

  • TF: chemin large, balisage suffisant ou tracé évident. boue après la pluie, racines glissantes sur le chemin.
  • F: comme TF, mais chemins moins larges, plus de dénivelé, pas toutes les bifurcations sont balisées.
  • M: comme F mais plus long, parties glissantes, grande dépendance de la météo (vent, pluie).
  • D: comme M, mais en plus grimpe sur rochers avec aide de racines naturelles et cordes. Le balisage peut être manquant, passages exposés, grandes distances.

Les constantes pour tous les chemins: chaleur et exposition au soleil suivant l’heure de la journée, pas d’eau potable ni d’abri disponible en cours du route. Il y a quelques abris comme sur la Soufrière, mais ils sont assez insalubres ou juste munis de bancs en bois. Au départ des randos, sur les plages et en cours de route, il y a parfois des tables de pique-nique couverts de carbets (souvent il n’y a que le toit et pas de table).

La couverture végétale de l’île est dense sur les collines et montagnes de Basse Terre, cela procure de l’ombre en marchant mais cela a aussi un défaut: on n’a que rarement une vue des cols ou des crêtes, même les sommets ne sont libres qu’autour de la Soufrière. Cette situation rend l’orientation encore plus difficile.

Les pentes sont raides sur toute la Basse Terre et bien qu’on ne le voie pas à cause de la végétation dense, il y a aussi des parois rocheuses verticales et en surplomb. On ne peut donc pas passer à travers champ partout. Il vaut vraiment mieux se tenir aux chemins existants et visibles. Si ceux-ci ne sont pas balisés, il peuvent aussi se terminer en cul-de-sac ou aboutir sur des terrains privés. Contrairement à d’autres régions, il n’y a pas de grands animaux en Guadeloupe, on n’y trouve donc pas de traces de passage d’animaux que l’on pourrait prendre pour des sentiers d’humains. Toute trace visible est un chemin fait par des hommes.

Une trace facile, mais quand même casse-gueule.

Alex passe un chemin couvert de racines. Photo © André M. Winter

Alex passe un chemin couvert de racines. Photo © André M. Winter

Une trace moyenne, pas toujours bien visible, souvent sans balisage

Chemin dans la forêt tropicale avec plantes épiphytes. Photo © Alex Medwedeff

Chemin dans la forêt tropicale avec plantes épiphytes. Photo © Alex Medwedeff

Une trace difficile dans les Monts Caraïbes

Le climat guadeloupéen pour la randonnée

Il fait jusqu’à 30°C en saison sèche (janvier à juin) près de la mer, et près de 35°C en saison humide qui est aussi moins ventée (plus d’explications sous Climat et saisons dans les Antilles françaises). En montant vers 300 mètres au dessus du niveau de la mer, les température chutent d’environ 5°C mais uniquement la nuit. Ce n’est qu’au-dessus de 1000 mètres que l’on a une sensation agréablement fraîche mais cet effet est trompeur: le rayonnement du soleil reste intense et ce n’est que le vent qui rafraîchit. Les coups de soleil y sont donc de rigueur.

Plage et Pointe de la Grande Anse de Capesterre. Photo © Alex Medwedeff

Plage et Pointe de la Grande Anse de Capesterre. Photo © Alex Medwedeff

Comparé aux randonnées en Europe, il faut multiplier les réservés d’eau potable par deux et ne pas oublier à manger en conséquence. Autour du parc national des panneaux conseillent même de prendre du chocolat avec. Même sur les traces difficiles, nous n’avons pas eu besoin de vêtements longs pour nous frayer un chemin dans la végétation (qui est rarement piquante, ni couverte d’aiguilles par ailleurs).

André sur la Découverte, 1476 m, le sommet de la Soufrière. Photo © Alex Medwedeff

André sur la Découverte, 1476 m, le sommet de la Soufrière. Photo © Alex Medwedeff

Il faut par contre être préparé aux coups d’orage qui rafraîchissent sérieusement au-dessus de 300 mètres d’altitude. C’est possible en toute saison et particulièrement sur les crêtes. Dans le même moment on peut être au soleil sur la côte et ne voir que des petits nuages blancs coiffant les crêtes.

Ciel avant un orage.

Point de vue sur les Saintes. Photo © Alex Medwedeff

Point de vue sur les Saintes. Photo © Alex Medwedeff

Il faut aussi être conscient que le soleil est complètement couvert dans ces cas et qu’il mettra du temps à revenir après une chute de pluie. Si les chutes d’eau sont si fortes qu’il faut attendre sur place, on prendra carrément froid sans équipement adéquat, un petit pull et un imperméable font donc partie de l’équipement à emporter. Dans la saison des pluies il faut aussi faire plus attention aux crues dans les cours d’eau, même sur les chemins faciles il y a souvent des ruisseaux à traverser en gué.

Alex traverse une première ravine. Photo © André M. Winter

Alex traverse une première ravine. Photo © André M. Winter

Les heures de la journée pour la randonnée

De manière générale, il fait trop chaud pour tout entre midi et 15h. Ce n’est que lors de randonnées où l’on reste sûrement à l’ombre, au-dessus de 500m ou en bord de mer venté que la randonnée est faisable à ces heures de grande chaleur. Dans la plupart des autres cas, il faudra s’obstiner à partir tôt (donc à se lever avant 6h du matin). Attention, au bout du jour, entre 15h et le coucher du soleil, cette partie est bien plus courte et le soleil se couche vite. Dans la forêt dense, on n’aura aucune chance la nuit, même avec une frontale se sera casse-gueule et l’orientation gravement dangereuse.

Grande Rivière des Vieux Habitants. Photo © Alex Medwedeff

Grande Rivière des Vieux Habitants. Photo © Alex Medwedeff

Les moustiques et les mouches cafés

Il n’y a en Guadeloupe pas d’animaux dangereux, même les chiens errants sont dociles. Mais il y a des petits insectes dans la forêt (rarement en plein soleil et au-dessus de la limite de la forêt):

  • Le moustique est très souvent le petit moustique-tigre. Bien qu’il y ait beaucoup d’eaux stagnantes en Guadeloupe, il  y a moins de moustiques qu’en Camargue, du moins en période sèche. Il y en a moins en hauteur. Ils sont plus difficiles à attraper que leurs confrères européens (ne se posent pratiquement pas), mais sinon leur mode d’action est semblable: piqûre dès que possible, puis bouton qui fait mal et qui chatouille. Le moustique-tigre est cependant aussi vecteur de maladies plus ou moins déplaisantes comme dengue, chikungunya ou zika. Tous peuvent occasionner des effets grippaux et clouer au lit pendant plusieurs jours avec une forte fièvre, certains de ces virus peuvent aussi entraîner des complications graves. Il faut donc éviter d’être piqué. Inutile de dire que c’est difficile: il piquent aussi à travers les vêtements. Et sur les parties découvertes, il y a une concurrence chimique entre sa propre sueur, la protection solaire et les produits répulsifs puants. Après un bain, de la pluie ou simplement après quelques heures, il faut remettre toutes les protections.
  • la mouche-café est une minuscule mouche des fruits qui pique aussi. Elle est parfois appelée yen-yen, mais il semble que ce soit un type à part. Elle grimpe sous les vêtements et on retrouve donc des piqûres à des endroits impensables. On ne la voit pas et on ne l’entend pas. Son nom vient des plantations de café où elle pullule, les plantations sont denses et ombragés tout comme la forêt tropicale entre 200 et 700 mètres d’altitude. On la trouvera donc partout où il n’y a pas de courant d’air. La piqûre occasionne un petit bouton rouge qui chatouille fort, il ne faut surtout pas gratter pour éviter d’infecter la plaie. Pas de danger d’attraper des maladies avec la mouche-café, par contre les piqûres peuvent torturer plusieurs semaines! Les boutons peuvent alors prendre une petite pointe de couleur ocre qui diminue de taille de jour en jour (voire de semaine en semaine). Les répulsifs classiques marchent moyennement contre la mouche-café. En cas de piqûre, des pommades calmantes sont utiles, en cas d’infection aussi celles à la cortisone.

Le bain lors ou après de la randonnée

À diverses occasions on a envie de sauter dans un lac, une rivière ou la mer. Hormis les dangers classiques comme profondeur difficile à juger, les courants dans les cours d’eau et les vagues sur les côtes, il y en a d’autres moins évidents:

  • pierres et coquillages coupants au fond de toutes les eaux douces: on se coupe même en faisant attention et en voyant bien dans les eaux claires. Prendre des chaussures d’eau bien fermées ou des vieilles baskets. Des vieilles chaussures de course sont pratiques car bien légères et séchant vite.
  • microbes diverses dans les bassins d’eau chaude: éviter de s’y baigner avec des plaies ou même des petites égratignures. Ne pas y plonger la tête, garder cheveux et yeux hors de ces eaux.
  • récifs très près de la ligne d’eau des plages: on les voit en général aux vagues qui commencent à rouler trop tôt par rapport à la plage: mieux vaut demander au locaux, souvent il y a plusieurs zones adéquates sur une même plage en apparence pleine de récif de coraux.
  • courants latéraux sur les plages: ils sont décrits dans les guides et on trouve souvent des panneaux sur place. Ils tournent dans les anses, mais sont perturbés par les récifs, dans les cas extrêmes ils entraînent au large sans vent apparent.
Bassin aménagé des Bains Jaunes. Photo © Alex Medwedeff

Bassin aménagé des Bains Jaunes. Photo © Alex Medwedeff