La vallée heureuse

Annemarie Schwarzenbach

Suisse, Turquie, Russie, Iran, Asie centrale

Date des voyages 1933-1939, le récit principal se situe en 1935, la rédaction en 1939. Original allemand sous le titre Das glückliche Tal paru en première édition en allemand en 1940. La première traduction française semble dater de 1990. La date de cet article est celle de retour de ladite vallée.

Récit du séjour dans les alpages d’une vallée avec vue sur le Mont Damavand en Iran. Environ 180 pages, photographies de l’auteure au centre.

Il n’y a pas de version numérique. André a lu une version allemande de ce livre, Lenos Verlag, 3e édition 2020.

Dès la fin de ses études d’histoire, Annemarie Schwarzenbach est dépressive et en dépendance à la morphine. Il n’est pas clair si la dépression est la cause de la morphine ou inversement. Cherchant très tôt à fuir la vie oppressante et conservative de sa Suisse natale, elle rejoint des expéditions de fouilles archéologiques et de voyages avec d’autres auteurs qui les mènent principalement en Asie centrale durant ce temps. Fille d’une famille suisse très riche, elle ne semble pas avoir de soucis d’argents, mais sa vie en voyage est très spartiate. Sa toxicomanie et des dépressions la forcent souvent au repos, surtout si on y joint les diverses fièvres, dont particulièrement le paludisme, qui sévit en ce temps en Asie et dont locaux et voyageurs souffrent régulièrement.

Elle ne choisit pas elle-même ces temps de repos, il semble que l’on l’y envoie presque contre son gré. Ainsi elle arrive fiévreuse mais non sans drogues dans sur un alpage d’été d’une vallée avec vue sur le Mont Damavand dans le nord de l’Iran, concrètement c’est la vallée de Lar (Lahr) à l’ouest du Damavand. Ce n’est que vers la fin de son séjour qu’elle y voit une « vallée heureuse ». L’air frais doit la guérir, mais elle y rédige aussi son délire de réveil qui forme le présent livre. Le livre est d’un côté très axé sur sa personne, donc egocentrique, d’un autre côté, il jette un regard très direct sur les peuples d’Asie centrale. Il n’y a pas de description des lieux traversés, soit ce sont des généralités comme Ispahan, soit un dessin écrit détaillée d’une hutte de travailleurs de fouilles archéologiques qui ne peut plus être placé sur une carte de nos jours. Le récit ne suit aucune chronologie claire.

Ce n’est donc pas du tout un récit de voyage. Il n’y a pas d’itinéraire à suivre, pas de dates, aucun cours de géographie. La plupart des dates et lieux concrets proviennent d’autres livres et d’autres auteurs. Pourtant ce livre compte désormais parmi les classiques des grandes voyageuses et grands voyageurs. Elle a certes voyagée, mais principalement pour elle-même, dans elle-même. En même temps, son récit est aussi une invitation de visiter ces lieux qui n’ont pas tellement changé depuis.

Le récit se termine par l’histoire très fragmentaire de son amour pour une jeune femme turque dont elle apprend la mort dans son camp de la vallée heureuse peu avant de revenir dans la plaine et dans la vie battante de Perse. C’est donc un livre très ambivalent, rendant triste sachant qu’Annemarie Schwarzenbach a certes vue du pays dans sa vie, mais elle n’a pas trouvé son bonheur.

Le mont Damavand en 1935. Photo par Annemarie Schwarzenbach

Le mont Damavand en 1935. Photo par Annemarie Schwarzenbach

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