Le sud marocain désertique entre Tata et Zagora

La suite de notre périple en direction est passe d’abord de Tata à Foum-Zguid.

La casbah en bas est en pierre, elle se trouve dans la palmeraie plutôt sèche près du croisement entre les routes pour Akka et Ingherm.

Casbah au sud de Tata. Photo © André M. Winter

Casbah au sud de Tata. Photo © André M. Winter

Mais après les derniers casbahs et palmiers, on roule à fond, il n’y a que du paysage à voir en grand angle, ce sont de très larges vallées désertiques. Pourtant, on s’arrête quelques fois parce que c’est tellement dépaysant. La photo du bas a été prise à 10 kilomètres de Tata. La route est bonne mais il faut faire attention à toutes les éventualités, ainsi il se peut bien que des pierres soient restées sur la route après une panne d’un camion. Ou qu’un troupeau de chameaux traverse la route.

Route N12 à l'est de Tata. Photo © André M. Winter

Route N12 à l’est de Tata. Photo © André M. Winter

Des limons et des argiles se font raviner à trois kilomètres de Tissint. Ce qui ressemble à des rayures horizontales sur la photo en bas sont des fils de lignes électriques à haute tension. Elles sont omniprésentes au Maroc parce qu’il n’y a pas de végétation pour les cacher et elles suivent les routes importantes toujours à une centaine de mètres de distance. Des câbles se trouvent donc souvent sur les photos. Bien sûr, il aurait été possible de s’avancer d’environ 200 mètres, mais à deux pas du Sahara cela ne se fait pas aux heures de midi.

Plaine alluvionnaire erodée au nord du Sahara. Photo © André M. Winter

Plaine alluvionnaire érodée au nord du Sahara. Photo © André M. Winter

Tissint

Après 70 km de route désertique depuis Tata, ce village sur le plateaux au-dessus de l’oasis est le premier signe de vie. On passe d’abord au sud du vieux village construit principalement en pierres sèches. Il est en partie toujours habité. Il se trouve en hauteur sur le plateau, sur la rive opposé à celle de la route principale. Pour y accéder il faut aller au nouveau village de Tissinnt, remonter la rivière et la passer un gué.

Quelques palmiers poussent dans les gorges de l’Oued Tissint peu profondes. Il suffit d’un peu d’eau dans le désert pour y retrouver des espèces comme des hérons que l’on trouve aussi dans les régions humides d’Europe. L’eau est ici assez salée, les palmiers-dattiers semblent s’approvisionner en eau plus en profondeur.

Ancien village de Tissint. Photo © André M. Winter

Ancien village de Tissint. Photo © André M. Winter

Oasis de l'Oued Tissint. Photo © André M. Winter

Oasis de l’Oued Tissint. Photo © André M. Winter

Maisons berbères abandonnées dans l'ancien Tissint. Photo © André M. Winter

Maisons berbères abandonnées dans l’ancien Tissint. Photo © André M. Winter

La coloquinte vraie est une plante herbacée vivace de la famille des Cucurbitacées avec fruits sous forme de ballons. À maturité, ces ballons sont très légers et presque ronds. On en voit souvent qui, détachées de leur plante mère, sont balayés par le vent. Elle est cultivée dans les pays tropicaux comme plante médicinale pour la pulpe de ses fruits, qui est amère et toxique: c’est un laxatif violent. Elle est utilisée aussi comme antirhumatismal, anthelminthique et comme remède contre les infections de la peau. Les graines, comestibles, contiennent 30 à 40% d’une huile jaunâtre, qui renferme un alcaloïde, un glucoside et une saponine. Ces graines torréfiées, riches en lipides et en protéines, ont un goût de noix et sont consommées entières dans certains pays d’Afrique. Les racines ont des propriétés purgatives et sont utilisées contre la jaunisse, les rhumatismes et les maladies urinaires. (Source: Wikipédia)

Coloquinte (Citrullus colocynthis). Photo © André M. Winter

Coloquinte (Citrullus colocynthis). Photo © André M. Winter

Le nouveau village se trouve plus d’un kilomètre plus loin au sud-est. Au centre de celui-ci, se trouve l’obligatoire contrôle de police. Les agents sont certes polis mais un peu nerveux. Ils sont cependant de meilleure humeur quand on leur demande le chemin vers les cascades. À la première occasion, il faut tourner à gauche puis de suite à droite. En fait, il faut contourner les maison sur la gauche et s’approcher ainsi du lit de la rivière.

Tissinnt se trouve à une cluse dans une chaine de montagnes. Celle-ci retient un peu d’eau des gorges et à la sortie sud-est se trouve la Cascades d’Atiq. Plus loin en aval se trouve un grand lac verdâtre. Cette masse d’eau est surprenante, surtout lorsqu’on vient de Foum-Zguid. Elle est présente en permanence, aussi à la fin de l’été comme sur cette photo. L’eau n’est pas de très bonne qualité mais elle est assez salée et ainsi on n’y trouve pas de larves provoquant des maladies (comme la bilharziose) et autres. Une baignade n’est donc pas dangereuse.

Cascades d'Atiq dans l'Oued Tissint. Photo © Alex Medwedeff

Cascades d’Atiq dans l’Oued Tissint. Photo © Alex Medwedeff

Cascade d'Atiq dans l'Oued Tissint. Photo © Alex Medwedeff

Cascade d’Atiq dans l’Oued Tissint. Photo © Alex Medwedeff

Le désert marocain autour de Douar Mirimina

La région la plus désertique se trouve sur la section entre Tissinnt et Foum-Zguid après le seul virage marquant cette section de 65 kilomètres. Nous ne croisons que deux voitures et ce sont des touristes. Nous nous sentons transposés dans les déserts de l’ouest américain.

La plupart des déserts du monde sont rocailleux ou plats et parsemés de petits cailloux. Le sol est dur composé d’argile et de limons, les petites pierres sont dégagés par le vent. De se fait il est possible de rouler en voiture sur ces sols, même si cela secoue beaucoup et entaille les pneus. Encore faut il trouver une place pour descendre du goudron avec la voiture. Les bas-côtés de la route forment souvent un talus et sur ses côtés s’amasse du sable. Nous garons donc notre Fiat de location à l’ombre très maigre d’un arganier en bord de route.

Cette de route de Tata à Foum-Zguid est en très bon état. Au fond, le goudron miroite à la chaleur du soleil.

La route près de Douar Mirimina. Photo © André M. Winter

La route près de Douar Mirimina. Photo © André M. Winter

Désert au sud du Mont Tarournit. Photo © André M. Winter

Désert au sud du Mont Tarournit. Photo © André M. Winter

Sable et arêtes rocheuses au nord du Sahara. Photo © André M. Winter

Sable et arêtes rocheuses au nord du Sahara. Photo © André M. Winter

Le paysage classique entre l’Anti-Atlas et le Sahara: de longues crêtes rocheuses, parfois à ras du sol et parfois hautes de quelques centaines de mètres au dessus de la plaine. Entre celles-ci, il y a du sable, des sols alluvionnaires et quelques maigres arganiers.

Arête rocheuses et amas de sable au nord du Sahara. Photo © André M. Winter

Arête rocheuses et amas de sable au nord du Sahara. Photo © André M. Winter

Presque tout désert était avant un paysage formée par l’eau. Ici des pierres arrondies par l’érosion fluviale sont récolées ensemble par une masse calcaire.

Conglomérat dans la plaine alluvionnaire au sud du Mont Tarournit. Photo © André M. Winter

Conglomérat dans la plaine alluvionnaire au sud du Mont Tarournit. Photo © André M. Winter

Cet arbre est présent au nord du Sahara et reste vert toute l’année. Ses épines sont longues et très pointues. Elles peuvent avoir des conséquences fâcheuses pour les pneus d’automobiles et surtout les roues de mobylettes. Mais cela n’empêche pas les chèvres qui paissent parfois dans ces zones de grimper sur les arbres et de tenter de manger les maigres feuilles ou les fruits entre les épines.

Feuilles d'arganier en automne. Photo © Alex Medwedeff

Feuilles d’arganier en automne. Photo © Alex Medwedeff

Il n’y a pas grand chose dans ces plaine alluvionnaire. Les arbres sont des arganiers, les seuls à pouvoir survivre ici.

Désert au sud du Mont Tarournit. Photo © André M. Winter

Désert au sud du Mont Tarournit. Photo © André M. Winter

Ville désertique de Foum-Zguid

Foum-Zguid est une des rare villes au sud de l’Anti-Atlas. Il y a une petite palmeraie et une grande présence militaire. La ville, dotée d’arcades, est agréable mais sans intérêt spécial, si ce n’est le départ de pistes réservés aux 4×4.

Ville de Foum-Zguid vue du sud. Photo © André M. Winter

Ville de Foum-Zguid vue du sud. Photo © André M. Winter

De Foum-Zguid partent deux pistes en direction sud-est. Sur les deux photos en bas, on voit celle du sud, sans panneaux indicatifs, elle plus ancienne et aux tracé mieux démarqué. Elle mène au Lac d’Iriki. Mais cela ne veut pas dire qu’on y roule mieux. Une autre piste part directement près du portail d’entrée dans la ville, sur un panneau est indiqué Mhamid.

Mais les deux ne sont pas faites pour notre petite Fiat de location. Elles sont d’abord très caillouteuses et plus tard suit sans doute du sable. Nous rebroussons chemin quand nous voyons un premier poste de contrôle militaire. On en trouve sur toutes les routes longeant la frontière algérienne.

La montagne au fond pourrait être le  Jbel Hamsailikh.

Montagne tabulaire au sud de Foum-Zguid. Photo © André M. Winter

Montagne tabulaire au sud de Foum-Zguid. Photo © André M. Winter

Poste de contrôle militaire au sud de Foum-Zguid. Photo © André M. Winter

Poste de contrôle militaire au sud de Foum-Zguid. Photo © André M. Winter

Le sud de l’Anti-Atlas

La N12, qui relie directement Zagora, est quand même très monotone et ne plait plus à Alexandra. Nous passons donc de nouveau au nord par la région minière de Bou Azzer (Col Ttizi n’Hamd-er-Rhomane) sur les routes R111, R108 et N9. Nous franchissons une autre grande cluse, cette fois-ci du sud au nord cependant.

Un paysage typique au sud de l’Anti-Atlas, aridité et quelques points verts là où des hommes irriguent les terres près des oueds.

Piste de Douar Alougoum à Lakhriwia et Nkeïla. Photo © André M. Winter

Piste de Douar Alougoum à Lakhriwia et Nkeïla. Photo © André M. Winter

Douar Alougoum est un grand plantage de palmiers-dattiers avec des cultures bien soignés. Tout près des oueds secs, on voit souvent ce type de petit champ. Ils profitent des limons et autres terres que le fleuve à déposé au fond de son lit. Ils sont en général irrigués. En cas de crue ils seront détruits, seuls les palmiers résisteront aux eaux grâce à leurs longues racines.

Oasis du Douar Alougoum. Photo © André M. Winter

Oasis du Douar Alougoum. Photo © André M. Winter

Champs maraîcher au bord d'un oued. Photo © André M. Winter

Champs maraîcher au bord d’un oued. Photo © André M. Winter

On ne voit qu’une partie de la mine de Bou Azzer sur cette photo. Elle se trouve sur sur le premier col entre Tazenakht et Agdz. On y extrait du cuivre, du nickel, du cobalt et de l’argent. Les sables et pierres rejetés ici sont de couleur bleue-verte. On en trouve aussi des tas tous le long de la route autour du col.

Mine de Bou Azzer. Photo © André M. Winter

Mine de Bou Azzer. Photo © André M. Winter

Dépots de gangue de la mine de Bou Azzer. Photo © André M. Winter

Dépots de gangue de la mine de Bou Azzer. Photo © André M. Winter

Pause déjeuner imprévue à Tasla

Peu après le col, nous prenons un vieux monsieur en auto-stop. Nous avons lu que des « vendeurs de tapis » font du stop et invitent leur « proies » pour les remercier tout en tentant de vendre des tapis. Conscient de cela, nous entrons quand-même dans la maison du monsieur à Tasla, car il nous n’avait pas proposé un thé mais un repas et en effet nous aurons un tajine avec un pain plat en forme de galette gigantesque et l’expérience de manger des gros morceaux de mouton (très chaud) avec les mains nues. Nous parlerons de toutes sortes de choses mais pas de politique, cela semble tabou au Maroc. Nous en apprendrons sur leurs besoins et aussi sur leurs idées fausses. Ainsi nous lui faisons comprendre grâce au prix du pain que nos salaires ne sont pas énormes. Nous lui traduisons le prix de ma montre altimétrique en dirham. Nous lui expliquons que nous ne jetons pas nos téléphone portables tous les 3 mois et que par conséquent nous ne pouvons pas lui donner ou vendre le notre.

Il est berger de moutons et de chameaux. Vus la grande maison et le beau jardin, il est plutôt propriétaire de grands troupeaux. Sa femme s’occupe de la transformation des laines en tapis, y compris la vente aux marchands de Marrakech ou autres. Il nous montre quelques tapis étendus pour sécher mais ne dit pas de prix. Nous sommes aussi invité à rester pour fêter la fin du ramadan à Tasla, mais voulant continuer nous refuserons ceci. Pour finir nous ne savons pas si l’invitation était vraiment un geste amical ou une tentation de vente avortée. Mais nous avons pu voir une maison marocaine de l’intérieur: le mari, les enfants, mais la femme est restée cachée dans la cuisine.

Ville de Tasla. Photo © André M. Winter

Ville de Tasla. Photo © André M. Winter

La ville de Tasla (aussi appelé Tazla) est un grand village qui vit essentiellement de l’élevage de moutons et de chameaux pour la fabrication de tapis berbères. Les hommes s’occupent des animaux et les femmes des tapis y inclus la vente aux marchands. Des marchands viennent régulièrement ici pour remplir les magasins des plus plus grandes villes.

Dans la région il y a les mines de Bou Azzer, qui donne aussi du travail aux gens. Plus loin, dans la Vallée du Drâa (avec Zagora), c’est le tourisme qui fait vivre.

Maisons de Tasla. Photo © Alex Medwedeff

Maisons de Tasla. Photo © Alex Medwedeff

Le trajet du jour totalise 370 kilomètres.

Carte OpenTopoMap de notre route entre Tata et Zagora

Carte OpenTopoMap de notre route entre Tata et Zagora

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