Nous photographions Βάθεια (Váthia) du point de vue classique le matin du 23 mai 2022, mais nous ne visitons pas encore le village. Nous voulons profiter du reste de la fraîcheur matinale pour une randonnée d’une heure et demie vers le Φάρος Ακρωτηρίου Ταίναρο (Phare du Cap Tenaro, Cap Matapan). En dépit de sa consonnance italienne, il s’agit d’un cap grec qui est le plus méridional d’Europe continentale du sud-est.
Contrairement à son délaissement actuel (il n’y a qu’un restaurant), ce cap était un important relais marchand et guerrier de la flotte romaine. On embarquait ici des matelots (rameurs) pour les expéditions en orient, en occident et en Afrique. On retrouve donc encore beaucoup de traces d’occupation de ce temps comme des terrassements ciselées dans la roche, des murets et même la base d’une maison avec des mosaïques qui sont maintenant à ciel ouvert.
Là, sur ce cap, les anciens ont placé les Portes d’Hadès, d’où Héraclès a fait descendre Cerbère aux Enfers. Des matériaux de construction ainsi que les sculptures trouvées dans une grotte proche étayent la conclusion qu’il y avait ici un culte chthonien de Poséidon qui n’était pas vénéré comme dieu de la mer, mais comme un dieu des Enfers. Le sanctuaire de Poséidon était un refuge pour les hilotes de Laconie (population autochtone asservie aux Spartiates), qui cherchaient la protection du dieu impitoyable.
En descendant, on passe l’unique restaurant et on arrive sur un parking venté. Nous descendons d’abord vers la petite calanque avec plage de galets sur la gauche. Elle sert de port à des petites embarcation de pêche.
Sur les photos en haut et on bas, on entrevoit des vestiges du village antique de Tainaria. Ces bâtiments étaient construits sur des niveaux horizontaux, avec leurs plus grandes parties creusées dans la roche. La plupart d’entre eux ont deux étages, un escalier intérieur tandis qu’à l’extérieur ils communiquent avec des marches plates et larges qui ont des rainures de drainage sur le côté. Les innombrables citernes trouvées dans l’ancienne colonie semblent avoir résolu le problème d’approvisionnement en eau, car la région est aride depuis l’Antiquité.
Au fond de la plage et de la crique de départ se trouve la grotte bouché qui s’appelle l’Entrée du Hadès. Nous repérons une dépressions à l’arrière de la petite plage où sont aménagés des murs d’enclos en pierre sèche, nous pensons que cette fameuse entrée soit là quelque part.
Sur la colline à droite de la plage se trouve la ruine de la μεταβυζαντινό εκκλησάκι του Ασωμάτου (chapelle post-byzantine d’Asomatos) construite principalement en pierre sèche et sur un édifice plus ancien que l’on a supposé être le sanctuaire dédié à Tainario Poséidon. On reconnaît surtout sur la face nord des blocs biens mieux taillés qu’ailleurs autour du bâtiment. Le toit est effondré, mais les murs et l’abside avec les Saintes Portes et le sanctuaire à l’arrière sont encore bien debout.
Après une dizaine de minutes, on passe la maison qui préserve une grande mosaïque circulaire. Elle date de la période hellénistique avec des cercles décoratifs. Le premier est entouré d’une spirale, tandis que le second, concentrique, forme le noyau de la mosaïque. On avait supposé que c’étaient des thermes, mais le manque d’eau général exclut cette option. Rien n’est protégé ou mis en valeur.
Le chemin vers le phare est en partie visible sur la dernière élévation du cap. Il franchit sa crête à une altitude d’environ 60 mètres.
Le cap n’est couvert que d’une végétation extrêmement basse, mais les touffus sont toutes couvertes de petites fleurs de couleur différentes.
On entrevoit une première fois le phare sur le côté est du cap.
Le crête se passe à plat et peu de temps après, on voit le phare enfin de plus près. La descente est un peu plus rocheuse et pentue que la montée, mais c’est sans difficulté aucune.
Le beau phare date de 1882 et il est toujours en activité, même s’il est maintenant automatisé. Il n’a plus de belle lentille de Fresnel.
La partie du coté est de la terrasse autour du phare est écroulée et barrée, pourtant c’est la seule face abritant du vent d’ouest lors de notre passage. Cette barrière est vite surmonté. Sur les trois côtés exposés à la mer sont posées des grosses pierres taillées pour former bancs et tables. Ces pierres semblent provenir d’un ancien phare ou d’une ancienne maison de gardien.
Le chemin retour emprunte celui de l’aller.
Nous nous permettons un petit goûter au restaurant du cap. Le café grec est accompagné d’une tarte au fromage blanc doux. C’est servi tiède et mi-sucré mi-salé.
Porto Kagio
Nous avons du temps et inspectons la plupart des routes accessibles du cap.
Ainsi nous allons voir Porto Kagio au nord-est du cap. Cette crique est orienté vers le nord et offre visiblement un peu de protection pour quelques voiliers. Le village, lui, semble complètement endormi.
La route retour à Vathia, nous fait passer par un col avec des vues sur d’autres criques désertes et des ruines de villages maniotes.
Le cap, le phare et la remontée le long de la côte sont aussi décrits en vidéo:
Sur le blog suit ici une visite rapide de Váthia.
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