En Suède et Norvège en camion aménagé en hiver

Valable toute l’année

Dans ces deux pays, il est autorisé de camper avec une tente sur tout terrain à l’écart des habitations et hors de terrains agricoles. Ce droit n’inclut pas le fait de de poser en camion, ni de rouler dans la nature, même si c’est juste pour se mettre à côté de la route. Cette restriction est renforcé par le fait que presque toutes les petites routes s’écartant des routes principales sont privées. Parfois c’est indiqué, parfois il faut même payer un péage, mais en aucun cas cela n’autorise de se poser en camion sans demander l’autorisation au propriétaire. Ceci pour le côté légal, dans la pratique c’est bien sûr différent, les espaces sont tellement vastes qu’il est impossible de trouver un seul interlocuteur et surement pas le propriétaires.

Cependant, il ne faut pas s’attendre à pouvoir se poser partout. Les routes sont faites pour rouler et hors de celles-ci, il y a des rochers, des lacs ou de la forêt dense. Il y a une multitude de petits parkings, ils sont cependant souvent près des routes et pas forcément calmes. Cela force souvent à chercher des emplacements près des habitations.

Dans les campings au Danemark et en Suède du sud, on exige l’achat de la Carte Scandinave de Camping (environ EUR20,- en plus du prix de la place). Il s’agit d’une sorte d’assurance et bien qu’elles soit valable ou obligatoire partout, personne n’en parle en Norvège ni en Suède du nord. C’est assez désagréable quand on a juste une nuit en camping à passer dans la partie sud de la Scandinavie. Nous avons déjà discuté avec les gérants de ces campings (notamment Camping Hafsten à Sundsandvik et Hanstholm Camping), mais aucune indulgence ne nous a été accordée.

En hiver

La neige tombe en grande quantité et en hiver il n’est pas possible de rouler hors de routes et de parkings déblayés. Bien sûr, on ne déblaye que pour les habitants et pas pour les campeurs à la recherche de places idylliques. Il est donc parfaitement inutile de s’engager dans une petite route dégagé sur la largeur d’une voiture, cela mène forcément à un garage et une maison habitée, souvent sans possibilité de faire demi-tour. Cela nous force à rester sur des places au centre des villes, sur des parkings dégagés, près de stations-service, dans les ports ou au bord d’une petite route comme ici près de Jukkasjärvi:

Notre emplacement pour la nuit à l'est de Jukkasjärvi. Photo © André M. Winter

Notre emplacement pour la nuit à l’est de Jukkasjärvi. Photo © André M. Winter

Sur la côte norvégienne, les chutes de neige peuvent être imprévisibles et intensives. Ce n’est pas une bonne idée de rester sur un parking d’un fjell (col d’un plateau) élevé, on pourrait se retrouver au petit matin entouré de plus d’un mètre de neige. Dans ces zones et dans ces conditions, il est sage de rester à quelques mètres des routes. Du côté de la Suède, la neige est mieux prévisible, il y fait cependant plus froid et la neige s’entasse sans fondre, il y est parfois plus difficile de trouver un endroit déblayé.

Route E6 bien dégagée mais glacée sur le Saltfjellet. Photo © André M. Winter

Route E6 bien dégagée mais glacée sur le Saltfjellet. Photo © André M. Winter

Ceci dit, ces deux pays ont aussi des longues portions de côtes qui restent plus ou moins libres de neige et du moins accessibles en hiver. Ainsi il est possible d’avancer jusqu’à Luleå en Suède et jusqu’à Trondheim sans trop de problèmes au mois de mars. Du côté norvégien, les cols des grands plateaux peuvent être barrés temporairement pour 12 à 24h. Quand on a assez de temps pour attendre le déblayent, il est tout à fait possible de pousser jusqu’à Tromsø. Le passage d’est en ouest est bien plus difficile. Les routes des cols restent ouvertes, mais peuvent être bloqués plusieurs jours d’affilé.

Le dégel du sol concerne les routes non recouvertes au printemps. Elles restent le plus souvent praticables, parfois elles sont marquées d’une limitation en poids temporaire (4 tonnes en Suède). L’effet est assez désagréable en roulant et en repartant le matin, car on s’enfonce avec chaque roue de 1 à 2 centimètres. On roule comme avec le frein à main serré, par exemple sur ce site: Lundbjörken à Dalarna. Comme ces routes supportent mal les nombreux passages, elles peuvent être en piteux état. En tout cas, on en sort plein de boue jusqu’au toit, comme on le voit à notre arrivé au camping de Boden.

Notre trafic au camping de Boden en hiver. Photo © André M. Winter

Notre trafic au camping de Boden en hiver. Photo © André M. Winter

Rouler sur routes enneigés en Scandinavie du nord

Cet exposé vaut pour un camion aménagé ou un petit camping-car, avec deux roues motrices et doté de pneus hivers de bonne qualité. Si on voit les locaux rouler à toute vitesse sur la neige et la glace, c’est parce qu’ils sont presque tous dotés de 4×4 et de pneus cloutés. Cependant, on passe aussi avec un simple Trafic, Transporter ou Transit, si on dispose de bonnes chaînes neige de type camion (section plus grande) pour les parties difficiles.

Comparaison de chaînes standard et camion. Photo © André M. Winter

Comparaison de chaînes standard et camion. Photo © André M. Winter

La grosse section pour les chaînons est cruciale à cause du poids des camions et parce qu’il se peut que l’on roule sur plus de 100 kilomètres d’affilé avec les chaînes. Traverser un fjell (haut-plateau) en hiver peut signifier rouler trois heures dans des grosses chute de neige avec 5 centimètres de neige sur la route et de la glace au-dessous comme à Majavatn.

Tempête de neige et conditions de route épouventables à Majavatn. Photo © André M. Winter

Tempête de neige et conditions de route épouvantables à Majavatn. Photo © André M. Winter

Il est très compliqué de pouvoir rouler avec sa propre voiture et des pneus cloutés en Scandinavie parce qu’en Allemagne, les clous sont interdits toute l’année. Et il faut traverser ce pays dans tous les cas. Il y a des services de location de pneus cloutés, mais sur les forums, on n’en lit pas du bien: les pneus sont vieux et les clous usés ou arrachés. De plus, c’est cher et il faut repasser par le même endroit au retour pour reprendre ses pneus normaux. Nous avons cependant vu un 4×4 suisse avec des pneus cloutés sur ses pneus cross. Il nous explique qu’il utilise des clous à visser, cela ne marche qu’avec des pneus à grands et larges crampons préparés à cet effet. La mise en place des clous est pénible: il faut sortir la saleté des trous et visser les clous un à un dans le caoutchouc dur. C’est une opération de quelques heures à répéter au retour pour les enlever. Donc avant de désespérer avec l’impossibilité de clous, il vaut mieux investir dans des vrais pneus neige et des chaînes de qualité.

Notre trafic à Karesuando à la frontière finlandaise. Photo © Alex Medwedeff

Notre trafic à Karesuando à la frontière finlandaise. Photo © Alex Medwedeff

Les pays sont trop vastes, il fait trop froid et il y a trop de chutes de neige pour déblayer les routes complètement. On ne peut pas non plus saler ces milliers de kilomètres (ce qui est très nuisible pour la nature d’ailleurs). La neige est donc chassé avec des fraises à neige et des chasse-neiges classiques. Par la suite, on laisse rouler les voitures et lorsque cette neige se transforme en glace, on la racle pour la rendre plus rugueuse. Le raclage recommence lorsque des plaques trop lisses se forment. Les pneus adhèrent remarquablement bien sur cette glace rugueuse, pourtant il ne faut pas croire que l’on peut y marcher à pied, on se casse la figure sur les premiers pas. L’adhérence est aussi fort mauvaise sous 20km/h, donc aux vitesses pour partir et pour s’arrêter.

Route couverte de glace lisse à Jukkasjärvi. Photo © Alex Medwedeff

Route couverte de glace lisse à Jukkasjärvi. Photo © Alex Medwedeff

Pour ces deux opérations, il faut s’armer de précautions et de beaucoup de place, car il se peut que l’on quitte involontairement sa trajectoire prévue. Entre 20 et 70km/h, cette glace raclée tient merveilleusement bien avec des pneus hiver. C’est à louer les producteurs de pneumatiques et pas vraiment à comprendre. À ces vitesses plus élevés, les accélérations, les freinages et les virages marchent merveilleusement bien. Au-dessus de 70km/h la tenue de route redevient plus aléatoire, mais de toute manière la vitesse maximum autorisée est de 80km/h.

Qui dit départs difficiles sur glace, dit aussi départ impossible en pente, même minime. Dans un cas semblable, nous devons reculer de plus de 500 mètres pour prendre de l’élan. Les petites routes sortant vers les caps comportent des virages serrés parfois suivis de montées ou descentes bien plus raides que sur la magistrale E6. Comme il s’agit de terrain montagneux, il y a des zones d’ombre où le soleil ne passe jamais. Parfois il ne s’agit que d’une vingtaine de mètres et il est nécessaire de monter les chaînes. La situation peut se répéter plusieurs fois en une courte distance, on laisse donc les chaînes sur les pneus et l’usure est bien plus forte.

Ci-bas une vidéo d’une petite route dans les fjords devant Tromsø, elle mène à l’aire au bord du Grøtfjord. Nous avons des chaînes sur les roues motrices.

Sur les voies libres de neige, les norvégiens (en particulier les camions) roulent normalement à 100km/h au nord de Trondheim en dépit de la limite générale à 80km/h. Plus loin au sud, les limitations sont contrôlés sur les longues sections et donc bien mieux observées. Les camions en Scandinavie sont mieux motorisés que dans les autres pays, dans les montées, leur vitesse ne fléchit pas.

Panneau de danger chiens de traîneau. Photo © André M. Winter

Panneau de danger chiens de traîneau. Photo © André M. Winter

Trouver de l’eau potable

Dans les zones aux températures très basses, les sources d’eau sont condamnés et les robinets vidés. On trouve toujours de l’eau dans les stations service et aux campings. Dans les deux cas, il s’agit toujours d’eau potable, en Norvège et en Suède l’eau est partout bonne et on n’en manque pas. Parfois il faudra faire des aller-retours avec un bidon car les connections tuyau ne correspondent pas ou bien parce qu’il faut vraiment prendre l’eau quelque part à l’intérieur d’un bâtiment.

Barrages et interdictions saisonnières

Hormis les barrages temporaires évoqués plus haut, il y a des routes barrés tout l’hiver à l’intérieur des terres. Cela concerné certaines routes touristiques comme le Trollstigen. De manière générale, le barrage est naturel en hiver: il s’agit d’un mur de neige non déblayé.

Campings en hiver

Il y a quelques campings ouverts en hiver. On en trouve à peu près tous les 300 kilomètres et uniquement le long des côtes. Quelques fois, on en trouve près des stations de ski (comme Abisko). Ils ne sont pas spécialement annoncés, mais on peut les chercher dans les guides mis à disposition des organisations de campings des deux pays. Ils sont tous équipés en conséquence avec salles d’eau bien fermés et cuisines avec tables pour y manger bien au chaud. Parfois il y a aussi le sauna, comme à Boden. L’électricité est automatiquement incluse dans le prix.

Alex dans la cuisine du camping de Mosjøen. Photo © André M. Winter

Alex dans la cuisine du camping de Mosjøen. Photo © André M. Winter

Il faut penser à prendre un câble électrique pour le branchement très long (30m). Les campings ne sont déblayés qu’aux places absolument nécessaires et parfois la borne électrique est un peu plus loin. En Norvège et en Suède du nord, les prises étaient partout simples de type F (comme en Allemagne), en Suède du sud et au Danemark on trouve des prises camping européennes (CEE). Les installation électriques sont parfois assez délabrées tout en délivrant 10A en général. Il faut s’assurer avec un disjoncteur bien installé dans son camion.

Très souvent, les campings sont directement au bord des routes passantes, même en camion aménagé cela peut être bruyant.

Quand les scandinaves vont au camping, ils y prennent souvent les cabanes. En hiver, certains campings n’offrent que des huttes et n’ont pas de salle d’eau ouverte pour les gens en camion aménagé ou en camping-car, c’est par exemple le cas du Skittenelv Camping qui se trouve à 25 kilomètres au nord-est de Tromsø.