Voyage de Brême en Amérique du Nord et au Texas

Friedrich Höhne

États-Unis

Date du voyage 1839-1841. Paru en 1844. La date de cet article est approximativement celle du retour de l’auteur en Europe.

Récit de voyage en paquebot, environ 430 pages, quelques gravures de dessins, de plans et de cartes. Titre complet en allemand: Wahn und Ueberzeugung. Reise des Kupferschmiede-Meisters Friedrich Höhne in Weimar über Bremen nach Nordamerika und Texas in den Jahren 1839, 1840 und 1841. Il ne semble pas exister de versions en d’autres langues que allemand.

Ce récit de voyage est un mode d’emploi de l’émigrant allemand vers la côte est des États-Unis lors du zénith de la première vague migratoire d’allemands en direction de l’Amérique. Mais c’est aussi un grand avertissement aux partants qui sont induits en erreur par les récits fantaisistes de riches voyageurs et de prédécesseurs qui mentent sur leur pauvreté pour ne pas effrayer leur famille restée en Europe. Pour cette raison, le titre principale est Illusion et conviction. Contrairement à d’autres qui l’accompagne, Friedrich Höhne n’est pas complètement dépourvu d’argent et il a pour projet de renter après quelques années. C’est pourquoi il est seul, sans femme et enfants. Il n’est pas tout à fait clair s’il avait le projet de documenter son voyage au départ ou s’il pensait lui-même que trois années suffisent pour « faire fortune ».

Il décrit son départ du centre de l’Allemagne vers Brême (Bremerhaven) en calèche, les logements de fortune sur la route et le temps d’attente de plusieurs semaines dans le port avant de pouvoir embarquer. Sur cette partie du chemin, certains perdent déjà tout leur argent, soit parce qu’ils n’en avaient pas assez, soit par escroquerie des transporteurs, des hôteliers et surtout des agents des société privés d’armement. Mais les déboires ne s’arrêtent pas là. Les bateaux sont des simples navires de marchandises où les nivaux de chargement sont divisés par deux ce qui forme des étages où on ne tient pas debout. Il n’y a pas de lumière, pas d’air frais, le navire tangue et on est en route pour près de trois mois car il faut croiser contre les vents dominants. Une  visite poignante de la Maison allemande de l’émigration à Bremerhaven fait revivre presque mot par mot ce que l’auteur décrit.

Un chapitre à part est l’alimentation sur le bateau. Elle doit théoriquement être fournie par l’armateur, mais il n’y a pas de contrôles. L’eau douce à boire pourrit dans le fûts parce que ceux-ci ne sont pas nettoyés, après une semaine la plupart des denrées sont pourries et si on n’a pas emporté soi-même assez en supplément, on souffre la faim. Les voyageurs endurent le mal de mer, les vomissements et de doutes bien sûr. Les nivaux en cale sont subdivisés et cabines avec des lits superposés où ceux du haut vomissent sur ceux du bas pour ne citer qu’un exemple désastreux entre autres.

Coupe du navire avec passagers dans les cales

Coupe du navire avec passagers dans les cales

Tous endurent ces tortures grâce à la croyance qu’ils ont en l’eldorado qui doit les attendre à l’arrivée. La plupart de´barque sans aucune réserve. Or, en 1939, il y a déjà beaucoup d’immigrés qui sont arrivés et il n’y a pas de travail pour les nouveaux arrivants. Cela touche surtout les allemands qui arrivent alors en grand nombre et ils sont mal vus dès qu’ils ouvrent leur bouche. Presque personne ne parle l’anglais en arrivant et beaucoup peinent avec la langue parce qu’ils n’on pas de travail.

On pourrait croire que des allemands auraient eu des chances car ils étaient connus bon travailleurs et artisans. Les méthode de fabrication sont cependant complètement différentes et beaucoup plus rationnelles en Amérique dès le début du 19e siècle. Ainsi notre auteur est chaudronnier spécialisé dans la fabrication d’appareils de distillation en cuivre. Ce n’est qu’après plus d’un an qu’il trouve un travail chez un patron parce qu’il est trop spécialisé. On fabrique à cette époque en Amérique uniquement des eaux de vie simples avec des appareils moins sophistiqués. L’auteur cite plusieurs autres exemples d’artisans sans débouchés.

Baie de New York en 1839

Baie de New York en 1839

Comme l’auteur ne trouve pas un travail fixe,  comme il semble avoir un peu d’argent et comme il est économe, il se met en route vers la Louisiane et le Texas (à l’époque mexicain) et décrit ses déboires sur ces routes marécageuses ou sur les rivières aux eaux trop basses. Il évoque aussi l’illusoire avancée vers l’ouest car le temps où les gouvernements des états offraient des terres arables sont passées en 1840. Le centre actuel des États-Unis n’est pas encore atteint par les colons et du côté de la Californie commence juste la ruée vers l’or qui a aussi détruit des quantités d’existences (cf. Dans l’extrême Far West).

L’idée fausse que nous pouvons avoir nous mêmes ne rentre pas dans les perspectives des colons européens. Ce sont rarement des aventuriers, souvent ils ont plus de 40 ans et ne sont pas en état de défricher une forêt pour commercer de l’agriculture dont ils n’ont pas de connaissances.

Il rentre finalement après trois ans et quelques banqueroutes pour, comme il dit, avertir ses compatriotes de ces illusions et des pertes garanties.

Le nord de la carte ci-bas est à gauche.

Carte de la rivière Ohio à Louisville

Carte de la rivière Ohio à Louisville

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