Voyage dans l’Océan Pacifique

Max Buchner

Nouvelle Zélande, Îles Fidji, Honolulu, États-Unis

Date du voyage 1875, date de parution 1878. Original allemand.

Environ 465 pages, sans illustrations, les gravures de dessins dont l’auteur parle dans son texte, étaient vendus séparément. Titre complet: “Reise durch den Stillen Ozean”. Il ne semble pas exister de texte en français.

Version numérique sous divers formats en allemand: Reise durch den Stillen Ozean.

Cet auteur est un des premiers voyageurs individuels des temps modernes. À une époque où d’autres entreprennent et documentent encore des découvertes, Max Buchner voyage sur des routes établis en transports en commun en logeant dans des hôtels existants avec des buts tout à fait touristiques. Il évoque ainsi des écrits de voyageurs précédents et même des guides de voyage dont il se sert. Les sites visités sont encore des lieux très instragammables aujourd’hui. La contradiction est ici multiple: en 1875, l’Océan Pacifique est une zone inconnue ou fantastique aux yeux de ses compatriotes bavarois, pourtant il en encontre sur place. Le titre du livre utilise aussi l’ancien nom allemand de l’Océan Pacifique qui est « Océan silencieux » et qui traduit mieux le nom donnée par le navigateur Portugais Magellan en novembre 1520 à cause du temps calme qu’il rencontra pendant sa traversée de la Terre de Feu jusqu’aux îles Mariannes.

Max Buchner en Afrique

Max Buchner en Afrique

Le discours de Max Buchner est tout à fait ancré dans le 19e siècle, avec un vocabulaire assez raciste. Mais c’est en même temps un homme instruit et ouvert au monde. Il parle donc d’un côté du niveau et des paliers de civilisation où il range les autochthones des îles pacifiques plus bas que soi même. Mais dans la même phrase, il contredit cette différenciation raciste en accordant à ces populations une ingéniosité et surtout une vie épanouie dans un cadre qu’il faut leur préserver. Il parle déjà des méfaits colonisateurs alors que les colons ne viennent que d’arriver ici.

Chose assez remarquable aussi, il est ouvertement anti-clérical et s’attaque surtout aux églises évangéliques qui prédominent dans cette partie du Pacifique. Les les nomme « Mucker », c’est un terme très péjoratif faisant référence à une secte allemande de la sphère du piétisme. Il accorde même aux missionnaires catholiques français d’être les seuls à ne pas vivre au dépens des populations locales missionnées. Ceci rappelle qu’une grande partie de la colonisation est l’oeuvre des églises comme c’est bien documenté dans ce texte d’un prêtre de la fin du 17e siècle: Voyage aux Îles Françaises de l’Amérique.

Venant d’une région loin de toute mer, il se fait engager comme médecin de bord d’un navire affrété par le gouvernement de la colonie anglaise de Nouvelle Zélande pour y amener 350 colons allemands, polonais et danois. Ce pas montre sa volonté de partir à tout prix. À l’époque, le besoin de colons est si pressant que la colonie paye le navire et ses membres d’équipage pour amener des gens aux antipodes. Le mode de transport est anachronique pour l’époque, car c’est un simple voilier qui met plus de trois mois à arriver sur place en contournant l’Amérique du Sud. Avec le temps de quarantaine, où Max Buchner est responsable du groupe entier car le navire repart chargé de marchandises ver Hambourg, le voyage d’approche dure près de six mois.

Avec l’argent gagné, il entreprend le reste du voyage décrit. C’est d’abord une traversée en long et en large de la Nouvelle Zélande en calèche de poste. Ce voyage en plein hiver n’est pas de tout repos. Il passe ensuite sur un vapeur vers les Îles Fidji où il passe un mois exclusivement sur l’île de Kadavu en aidant un compatriote allemand dans ces recherches naturalistes. Sa dernière station insulaire est le Royaume de Hawaii qui ne fait pas encore partie des États-Unis. Ce volet du récit contient aussi une rentrée rocambolesque en baleinier ancien vers la capitale et compensant ainsi le manque de nouveautés au récit.

Il est donc loin de couvrir tout l’Océan Pacifique dont il parle, mais son approche ouverte laisse entrevoir le début de la colonisation de quelques unes des multiples îles.

La dernière partie concerne son temps passé à San Francisco et la traversée en train du continent pour rembarquer vers l’Europe. Il décrit en détail la China Town de San Francisco et la ville qui n’est pas encore marqué par ses monuments notables. Le Golden Gate est simplement l’estaire sans le pont rouge et le grand park du Golden Gate n’est qu’un amas de dunes. Le voyage en train sur la ligne transcontinentale qui n’est à l’époque operationelle que depuis six ans. Beaucoup de personnes empruntent ce train, ce sont surtout des émigrants vers l’ouest mais aussi des rémigrants déçus retour vers l’est. Il voit aussi des émigrants qui sont encore en route avec le classique chariot bâché. Il est désagréablement surpris par le désert entre entre la côte californienne et Chicago.

Plus tard, il voyage en Afrique où il s’engage dans les armés assez irrégulières œuvrant pour colonisation allemande. Il a certes pris des notes  lors de ces voyages, mais il n’a plus publié de récit complet comme celui-ci. D’autres auteurs ont repris ces notes pour en faire des études scientifiques sur la colonisation allemande (pas consultables en ligne).

Carte du Pacifique de 1836 par Huntington

Carte du Pacifique de 1836 par Huntington

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