Sur l’Alaska Highway au Muncho Lake et à Dawson Creek

Après deux nuits à Watson Lake au point le plus septentrional du tour, nous repartons le matin du 25 juin 1996 en direction sud-est.

En route vers le Muncho Lake

Sur l’Alaska Highway, nous revenons très vite en Colombie Britannique. Bien que nous trouvons la route est très bonne, on y travaille pour améliorer le tracé. Il n’y a que de la forêt et peu de relief, on n’a donc pas de problème de place ici.

Plus loin, nous voyons des traces de feux de forêts. Près du Coal River, 8000km² ont brûlés il y a quelques années. Il est impossible de combattre ces feux et on attend qu’ils s’éteignent d’eux-mêmes. Le climat est très sec avec seulement 400mm de précipitations par an. Le sol sablonneux en retient pas d’eau. La sécheresse locale est aussi historique: le nord du Yukon n’était pas couvert par les dernières grandes glaciations. C’est ainsi que l’Amérique a pu être peuplée du côté de l’Asie

Forêts brûlés au bord du Liard River. Photo © André M. Winter

Forêts brûlés au bord du Liard River. Photo © André M. Winter

Repas de melons en roulant. Photo © André M. Winter

Repas de melons en roulant. Photo © André M. Winter

Après une centaine de kilomètres, nous rejoignons le Rocky Mountain Trench qui sépare les Rocheuses canadiennes des Cassiar, Omineca et Columbia Mountains. Bien que cette section soit géologiquement intéressante, on ne voit pas grand chose en roulant. En route vers le sud, le Liard River grossit progressivement. Il passe dans les rapides du Whirpool Canyon que nous admirons de loin.

L’été est la saison des travaux routiers. Ici on déplace des montagnes entières avec des grosses machines qui rabotent le terrain sans cesse. La route passe dans ce dédale de travaux et des femmes nous expliquent comment passer.

Liard River Hot Springs

Nous déjeunons près de ces sources d’eau chaude. Pas mal de moustiques profitent de nous. Plus tard, nous montons vers les terrasses couvertes  d’orchidées, de mousses et d’algues formant des jardins suspendus. Certains bassins atteignent 41°C, mais l’eau n’est pas claire. Peu d’entre nous osent s’y baigner. Mais il y a aussi un bassin d’eau claire, ici l’eau atteint cependant 49,7°C et c’est trop pour y mettre un pied.

Terrasses des Liard River Hot Springs. Photo © André M. Winter

Terrasses des Liard River Hot Springs. Photo © André M. Winter

Après un arrêt pour prendre de l’essence, nous croisons le Liard River sur un splendide pont. La rivière par en direction nord-est, mais nous continuons vers le sud. Des orages apportent un peu de fraîcheur, il ne nous touchent pas de plein fouet, mais le vent est violent.

Muncho Lake

Nous atteignons notre étape au lac Muncho Lake à 817 mètres d’altitude. Le lac de couleur turquoise est coincé entre des montagnes atteignant 2000 mètres. La région est aussi très sèche, peu de précipitations et le sol calcaire n’arrangent rien.

Vue par dessus le Muncho Lake du nord au sud. Photo © André M. Winter

Vue par dessus le Muncho Lake du nord au sud. Photo © André M. Winter

Il n’y a que très peu de circulation sur cette route, on peut donc ce permettre ce genre de pose.

André renversé par l'arrivée de l'orage. Photo © André M. Winter

André renversé par l’arrivée de l’orage. Photo © André M. Winter

Soirée au Muncho Lake

Nous logeons dans une grande bâtisse en bois récente (appelé Highland Glen Lodge, maintenant Northern Rockies Lodge). Le propriétaire est un suisse qui profite de la position unique dans le Provincial Park. La cuisine suisse ne nous impressionne pas, les prix nous choquent. Nous ne trouvons pas de charme à cet hôtel. Le soir, on nous invite à regarder une vidéo et c’est un seul film publicitaire pour l’hôtel et l’aviation (on y offre des vols en avion de sport et en hélicoptère). Mais les panoramas des paysages sont impressionnants.

Le soir au bord du lac. Photo © André M. Winter

Le soir au bord du lac. Photo © André M. Winter

Nous tentons de digérer le repas lourd avec une balade au bord du lac. Des rayons de soleil passent sous l’épaisse couverture nuageuse et ainsi de reflètent les cimes de la Sentinal Range sur la surface de l’eau. L’ambiance de la soirée n’est pas des meilleures. Vers onze heures, le bar ferme et peu après la lumière principale des chambres est coupée! Nous n’avons pas accès à nos réserves restés dans les vans, on s’amuse donc comme on peut avec des gâteaux secs et de l’eau du robinet.

Traversée du Muncho Lake en canoë

Certains ont été impressionnée par la vidéo et se payent un vol autour des Rocheuses Canadiennes le lendemain. André et d’autres rechignent à dépenser autant et ne louent qu’un canoë pour traverser le lac. Bien que l’hôtel soit très cher, même pas les canoës sont inclus dans le prix. Mais c’est l’activité la moins chère exceptée celle de rester dans le lit.

Finalement ce sont trois canoës qui se lancent sur le lac à la surface lisse. La rive en face est complètement sauvage. Nous sommes impressionnés par la forêt que nous approchons de près lors d’une excursion directement du canoë. On ne peut pas dire que nous sommes allés sur la terre ferme car on ne touche pas la terre en déambulant entre les arbres. Le sol est jonché de trocs d’arbres tombés, de mousses, de branches etc. Marchant sur cette masse hétérogène, on se trouve à plus de deux mètres au-dessus du sol naturel. Les débris se purifient trop lentement pour se réduire en humus. Payant les canoës à l’heure, nous tentons d’en profiter au maximum et le retour est achevé en un temps record de huit minutes.

Débarquement en canoë. Photo © André M. Winter

Débarquement en canoë. Photo © André M. Winter

Traversée des Rocheuses

Nous reprenons la route vers midi du 26 juin 1996 en direction sud et vers Fort Nelson. Cette route coupe les Rocheuses Canadiennes perpendiculairement. La partie ouest est façonnée par les glaciers. L’érosion forme partout des grandes surfaces alluvionnaire récentes et donc vierges de toute couverture végétale. Sur le côté est, ces traces sont beaucoup plus altérés par l’érosion et donc plus vieilles. Nous traversons d’abord le Col Muncho (1160 mètres) pour arriver sans la vallée du Toad River. La forêt est ici préservée et s’avance sur les berges de la rivière. L’encadrement montagneux est spectaculaire: les plissements forment des pics difformes.

Plissements importants. Photo © André M. Winter

Plissements importants. Photo © André M. Winter

Avec le Col Summit (1295 mètres), on traverse la crête principale des Rocheuses pour la troisième fois durant ce voyage. Mais comme d’habitude, cette chaîne montagneuse est aussi une barrière météorologique arrêtant les nuages venant de l’ouest. Il commence donc à pleuvoir lors d’un arrêt au Summit Lake (1283 mètres) où nous inspectons un hoodoo (pyramide glaciaire). Des animaux sauvages comme des wapitis, des élans et des mouflons du Canada se trouvent au bord de la route pour lécher du sel.

Nous perdons de l’altitude plus loin à l’est. Après 70 kilomètres et vers 700 mètres d’altitude, nous atteignons le village de Steamboat au bord des Rocheuses. Les vallées des rivières Tetsa et Muskwa passent dans un paysage tabulaire sans plissements. Le Indian Head Mountain marque une telle couche horizontale.

Indian Head Mountain. Photo © André M. Winter

Indian Head Mountain. Photo © André M. Winter

Lemmi amuse avec ses contrepèteries. Photo © André M. Winter

Lemmi amuse avec ses contrepèteries. Photo © André M. Winter

Lors de la traversée de ces plaines intérieures, nous sommes accompagnés par des orages assez violents. Les arbres sont de nouveaux très chétifs puis commencent les prés de bovins.

Fort Nelson Hotel

Nous arrivons finalement à notre étape à Fort Nelson. Le village de 500 habitants était initialement un fort pour le commerce de peaux autour duquel des clans d’amérindiens se sont installés. Aujourd’hui, l’Alaska Highway forme la 50th Avenue, la route plus loin au sud est la 51e et ainsi de suite. Vers les nord on décompte.

Le Fort Nelson Hotel est banal à l’extérieur, mais assez luxurieux à l’intérieur. Toutes nos chambres disposent de balcons donnant sur une grande halle avec une grande piscine et sur le buffet de type “all you can eat”. Après des courses au supermarché pour agrémenter cette soirée et celles qui suivent, nous profitons de la piscine, du sauna et du buffet.

Avec le cidre à 0,5%, l’ambiance dure à devenir bonne, on s’amuse comme on peut dans les chambres. Mais vers minuit, nous sommes stoppés par le portier qui nous rappelle que nous avons des voisins. Le départ est donnée le lendemain à neuf heures.

La route de Fort Nelson à Dawson Creek

Nous restons le 27 juin 1996 sur l’Alaska Highway. Cette route reste très solitaire jusqu’à Fort St. John. Il n’y a aucune bifurcation notoire sur sur 300 kilomètres. Les longues lignes parfaitement droites de plus de 10 kilomètres se succèdent. Il est difficile de ne pas dépasser les 90km/h autorisés. D’autres orages limitent aussi notre vitesse de croisière. Les pauses-pipi et les arrêts-café se passent dans des lieux comme Buckinghorse.  Nous prenons un déjeuner vers 13h30 à Wonowon. Ce n’est pas un nom amérindien, mais juste la borne de 101 (one-o-one) miles de Dowson Creek.

Après Wonowon, il y a un peu plus d’habitations et de fermes. Une pause à Fort St. John se passe lors d’une éclaircie qui nous incite à manger des glaces. Dès qu’il y a du soleil, il fait très chaud. Nous trouvons ici enfin des cartes postales et des timbres. Nous traversons le Peace River, qui coupe la plaine en formant un canyon. L’autre rive est très fertile, on trouve ici les champs de blé les plus septentrionaux du Canada.

Dawson Creek

Nous atteignons la fin (ou le début) de l’Alaska Highway à Dawson Creek. Nous allons voir le « Mile 0 » de cette route. Nous y avons roulé sur 1012 de 2232 kilomètres. Dawson Creek est une véritable ville avec 10000 habitants. Notre hôtel est une catastrophe, la climatisation en fonctionne pas et les fenêtres sont condamnées. Nous nous rendons compte du caractère assez louche du site quand nous voyons le programme de la soirée: on propose un peep-show. Plusieurs groupes font des tours en ville ou sur des collines proches pour admirer le coucher du soleil. Nous sommes de nouveau à une latitude avec des nuits noires (56°N). André reste fiévreux dans la chambre.

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