La fermière de Chetwynd
Nous sommes sur le Highway 97 (John Hart Highway) et toujours en direction du sud dès le matin du 28 juin 1996. Nous traversons des champs et des troupeaux énormes. Les routes restent rectilignes et des portions parfaitement droites atteignent plus de 20 kilomètres. Dans un restaurant à Chetwynd, nous rencontrons une fermière autrichienne expatriée en 1951. Elle nous raconte sa vie. C’est une histoire classique de travail dans les champs pétrolifères, de construction du chemin de fer, d’achat de terre, de défrichement et de la négation des droits des amérindiens sur ces mêmes terres.
De retour à Prince George
Nous continuons vers le sud et nous approchons de nouveau les Rocheuses. La route passe dans la vallée du Pine River, par le Pine Pass (869 mètres) et dans la vallée du Misinchinka River. Le Rocky Mountain Trench est atteint une nouvelle fois au McLeod Lake. Plus nous avançons vers le sud, plus il y a d’habitations et maintenant on ressent aussi la circulation plus dense. Nous revenons à Prince George, la ville a l’air plus sympathique que la première fois, est-ce dû au soleil seulement? Mais nous revenons dans l’hôtel Simon Fraser Inn qui est toujours en piteux état. La soirée est passée en groupes dans divers restaurants et bars à karaoké de la ville. On trouve beaucoup d’amérindiens en ville qui se soûlent visiblement tous les soirs. Ce spectacle est désolant.
Ville fanôme de Barkerville
Le Cariboo Highway (Hwy 97) nous mène le 29 juin 1996 le long du Fraser River encore plus loin vers le sud. Près de Quesnel, nous bifurquons vers Barkerville, la ville fantôme des chercheurs d’or. Les premières baraques sont établies en 1862 après que Billy Barker découvre de l’or dans la rivière Williams Creek. En 1864, la ville compte 10000 habitants, presque tous étant des chercheurs d’or. Il s’agissait de la plus grande ville à l’est de Chicago et au nord de San Francisco. Mais le déclin commence dès 1868. A`partir 1958, on entame la restauration d’une centaine de maisons avec leur mobilier d’origine. En saison, des comédiens en habits d’antan jouent des habitants d’époque.
70% de l’or trouvé ici se trouvait dans des dépôts fluviaux (« placer deposits ») à une vingtaine de mètres de profondeur. Cela exigeait des systèmes de pompes pour vider des puits de la nappe phréatique. Uniquement 30% ont été puisés directement dans la roche (« motherload »). Un récit de cette vie de chercheurs d’or se trouve dans le roman Dans l’extrême Far West.
Rodéo à Williams Lake
Le Highway 97 nous mène à la ville et au lac de Williams Lake. La paysage change entre zones naturelles et la l’élevage extensif de bovins et de chevaux. Williams Lake est une ville de l’ouest et le soir a lieu un rodéo (stampede). C’est la fête dans toute la ville. Les attractions ne sont pas tous de notre goût: courses de char, démonstrations de chiens de troupeaux, domptage de chevaux sauvages, jeux d’argent et beaucoup d’alcool. Des touristes canadiens et américains venant souvent de fort loin sont là et des amérindiens s’amusent aussi ici.
Le départ le 30 juin 1996 est repoussé de 10 à 13 heure à cause du jeu de foot Allemagne contre la République Tchèque. La finale de la coupe européenne est retransmise ici aux heures de midi. Après la victoire allemande, nous nous remettons en route vers le sud.
Sur le Cariboo Highway et Cache Creek
Sur le Highway 97, nous quittons le Fraser River Valley pour arriver dans une région vallonnée couverte de petits lacs attrayants. Dans la vallée du Bonaparte River, nous atteignons une zone sèche et presque désertique. Même la plaine en bordure de la rivière doit être irriguée pour faire pousser quelque chose.
La ville de Cache Creek se trouve dans une étroite vallée aux versants très secs. Nous passons la nuit ici. Pour nous dégourdir les jambes, nous investissons le terrain de foot de l’école élémentaire qui vient de terminer ses cours. Nous vidons par la suite le buffet (« all you can eat ») d’un restaurant chinois.
Sur le Fraser Canyon Highway
Le 1er juillet 1996, nous changeons de route et de direction en prenant le Highway 1. La météo est très bonne, il fait chaud et le paysage sec est très coloré. Nous rejoignons le Thompson River qui forme des profondes gorges. L’eau est très claire en dépit des crues actuelles. Sur les deux rives se trouvent des chemins de fer. À droite se trouve la ligne de Canadian National et à gauche celle de Canadian Pacific, il s’agit de deux compagnies en concurrence depuis plus d’un siècle.
Le village de Lytton marque l’embouchure du Fraser River chargé de limons dans le Thompson River aux eaux sombres et claires. Pendant longtemps, ces eaux coulent côte à côte.
Hell’s Gate
Le Fraser River forme diverses sections de gorges et celles de Hell’s Gate (Porte des Enfers) est particulièrement étroite. La grande rivière doit passer dans un canyon de 34 mètres de large. Avec les eaux de la fonte des neiges, la rivière est profonde de 51 mètres et le spectacle est impressionnant. On peut descendre avec un téléphérique et admirer le site à partir d’un pont. Lors de la construction de la ligne du Canadian Pacific, des blocs massifs rétrécissent encore plus les gorges et accélèrent ainsi la vitesse de la rivière. Les saumons sockeye ne pouvaient plus remonter en amont vers leurs lieux de ponte. On construit ici en 1945 la première échelle à poissons du monde.
De retour à Vancouver
La circulation est très dense, cela change beaucoup des dernières semaines dans le nord de la Colombie Britannique. Nous revenons au Ramada Hotel, cette fois-ci nous sommes au troisième étage avec une bonne vue sur les montagnes autour de la ville. Nous n’avons pas beaucoup de temps car nous devons nettoyer (sommairement) les vans et ceux qui restent en Amérique doivent laver leur linge dans une laverie automatique qui se trouve malheureusement fort loin.
Pour finir l’excursion en beauté, nous allons dîner sur Granville Island. Il y a du saumon, un buffet de desserts et du vin australien. La vue de la table sur la ville est fantastique car nous avons la chance d’assister à un grand feu d’artifice pour la fête nationale du Canada le 1er juillet. La note nous impressionne: 1100 dollars canadiens pour 23 personnes. Certains terminent la soirée dans un bar, mais même ceux qui rentrent tard doivent faire leurs valises (ou leurs sacs à dos) avant d’aller se coucher car le lendemain commencera tôt. L’excursion universitaire se termine officiellement ce soir.
Un petit groupe de lève le 2 juillet 1996 à 06h45 pour poursuivre le tour aux USA. Il s’agit de Christian et d’André. Au début, nous sommes accompagnés par Eva. Comme trois semaines plus tôt, nous prenons notre petit déjeuner au Bino’s Restaurant. Nous prenons un taxi pour rejoindre la Main Station (gare et gare routière). L’achat de tickets de bus pour Seattle est assez long, mais nous obtenons des places et nous pouvons partir à temps.
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