Washington – Idaho – Montana – Wyoming

Go east

Nous n’avons plus de temps à perdre. Le Parc Yellowstone est à 950 kilomètres et nous voulons y arriver le matin pour avoir plus de chance de trouver une place dans un camping. La seule solution est donc de rouler de nuit. Nous retournons par la voie la plus rapide au Highway 2 et en direction de Spokane. De nouveau, nous traversons des champs irrigués, ce paysage monotone n’est pas très divertissant en roulant, mais nous en sommes conscients avant de nous y lancer.

La route est construite en ignorant le relief, ici elle monte et descend. Dans ces conditions, il est très difficile de respecter les limitations de vitesse.

Route rectiligne près de Wilbur. Photo © André M. Winter

Route rectiligne près de Wilbur. Photo © André M. Winter

En fin d’après-midi, nous arrivons à Spokane. En arrivant dans la ville, des avions passent peu au-dessus des voitures de l’autoroute. C’est un accueil effrayant. Puis l’autoroute passe en plein milieu de la ville, mais nous passons ici sans bouchons.

Traverser l’Idaho

Cet état fédéral n’est ici large que de 75 miles. C’est le deuxième état que nous atteignons. Nous le traversons seulement. Mais le paysage change. On trouve de nouveau des virages, des montagnes et de la forêt, cela nous manquait vraiment. La Bitterroot Range, à l’avant des Rocheuses, génère un climat plus humide et plus agréable. Mais soit c’est la nature vierge, soit ce sont des installations délaissées près desquelles on passe, ce n’est pas plus charmant que les Interior Plains d’avant.

Pour nous changer les idées, nous descendons de l’Interstate 90 à Wallace. Le lieu se dit touristique, mais nous n’y trouvons rien d’intéressant. La moitié du village est barrée à cause du tournage d’un film. Comprenant mal une femme qui dirige les voitures (stopgirl), nous déambulons presque au milieu d’une scène en train d’être filmée. À ce moment, nous ne savons pas que c’est le film Dante’s Peak (Le Pic de Dantek) que l’on tourne ici.

Nous retournons donc vers l’autoroute qui monte vers le Lookout Pass (col point de vue, 1763 mètres). Le nom assez tentant ne mène qu’à un col de route avec une station de ski fermée. On n’y trouve même pas un stand vendant des burgers. C’est ainsi que nous passons au Montana sans avoir vu grand chose d’Idaho, même pas les fameuses pommes de terre dont en vante les qualités de sur les plaques d’immatriculation comme s’il n’y avait rien d’autre à mettre en avant.

Passer le Montana

Le col marque la frontière. Trois choses changent ici: premièrement nous redescendons ici dans une plaine, deuxièmement nous arrivons dans le fuseau horaire de la Mountain Standard Time où nous perdons une heure et troisièmement nous sommes dans un état sans limitation de vitesse. Cela n’apporte pas beaucoup avec notre voiture de location, mais en descende nous atteignons 95mph (150km/h). Cela n’arrange pas la consommation de carburant, mais on fait de la distance. Cette avancée nous permettra de dîner tranquillement et même de dormir un peu tout en arrivant à temps à Yellowstone.

Le fuseau horaire n’importe que pour l’ouverture et la fermeture de certains sites. Nous sommes tellement décalés avec nous permanents sauts ouest/est que nous nous trompons en général pour prédire l’heure du coucher du soleil. Ainsi, nous mangeons le soir souvent dans le noir n’ayant pas de source de lumière adéquate pour cette activité. Nous ne sauront que très tard la couleur effective du contenu des conserves de chili que nous mangeons souvent.

Nous n’avons rien prévu dans le Montana. Nous faisons donc quelques excursions à l’écart de l’autoroute. Toutes les 10 à 20 miles il y a des sortes d’autoroute avec des noms mystérieux comme « Two-Miles-Road ». Dès la sortie, nous nous retrouvons sur une piste en terre. Après deux miles il n’y a rien et même après sept kilomètres, nous ne voyons rien mis à part des boîtes à lettres éparses dans la forêt. Au moins cela permet de faire des pauses-pipi tranquilles.

André reprend le volant et la première chose qu’il remarque est une jauge d’essence très basse. Apparemment, notre voiture de location est très gourmande au-delà de 50mph (80km/h) mais il y a pire: aucune agglomération n’est devant nous, aucune station de carburant n’est indiquée. Lorsque nous roulons depuis longtemps dans le « champ rouge », nous voyons le panneau d’Alberton et la sortie mène vraiment à un village avec une station d’essence, bien qu’elle soit très délabrée. Nous ne sommes pas les seuls ici. Notre voisin nous voyant faire le plein n’en revient pas quand il voit le grand nombre de gallons que nous versons dans notre voiture. Puisque cela dure, nous débarrassons notre pare-brise de tous les insectes écrasées, il était grand temps.

Un dîner à Missoula

Finalement, le soleil se couche. À 21h30 nous atteignons la ville de Missoula au crépuscule. La ville entre les montagnes a l’air sympathique de loin, mais une fois au centre, c’est spacieux et sans charme comme Yakima. Comme nous avions déjà trop dépensé au motel de la veille et comme nous ne pouvons pas espérer de camping ici, nous décidons de continuer à rouler la nuit en nous relayant souvent. Pour supporter cette torture, nous nous offrons un repas décent, du moins ce que l’on peut appeler ainsi aux USA. On prend sans connaissance le premier restaurant (un family restaurant, comme d’habitude), il porte le nom de 4B’s. le « b » semble valoir pour « bon  marché », mais on y mange bien. La serveuse est une étudiante qui vient de rentrer d’Europe et plus concrètement d’un semestre passé à notre Université de Vienne. Ainsi nous avons des nouvelles de notre patrie.

Nous visons le Yellowstone Park et par conséquent, nous ne lésinons pas lors des courses. Le grand supermarché est certes vide à 22h30, mais il a ouvert. Les caddies sont dotés de calculatrices, c’est une chose qui n’arrivera que plus tard en Europe. Mais nous ne sommes pas en humeur de calculer et nous savons que ce sera onéreux parce que les choses à peu près mangeables sont chères: le vrai beurre, le fromage digne de ce nom, la pâte à tartiner, les biscuits, les céréales, les bons saucissons etc font monter la note. Nous sommes quand même en vacances et le banc arrière est très plein en repartant.

Peu à peu, nous gérons mieux notre eau potable. Jusqu’à présent, nous étions occupés à collectionner des bouteilles et des petits bidons pour avoir 20 litres en somme. On ne sait vraiment pas quand on retombe sur de l’eau potable et il en faut pour boire, pour cuisiner et la petite toilette quand il n’y a aucune autre eau autour. Le problème n’est pas de trouver de l’eau, mais il est difficile d’en trouver qui ne soit pas (trop) chlorée. Les puits à l’eau verdâtre que nous trouvons souvent dans les parcs nationaux ne sont pas indiqués non plus. Rarement, nous arrivons à court d’eau, quand c’est le cas, elle est chère avec plus d’un dollar par litre (l’essence coûte 3 cents pour la même quantité). Avec ces prix, nous achetons alors des marques françaises.

Nous partons à 23h de Missoula. Christian est au volant et plonge dans la nuit. André tente de dormir sur la banquette arrière, mais cela ne marche pas trop bien. La route fait quelques virages et elle disposes de bandes rugueuses pour prévenir quand on dévie de sa voie. Nous changeons régulièrement de poste radio quand nous sortons du rayon de l’émetteur précédent.

Pause avant Bozeman

Après 200 kilomètres, nous avons déjà passé Butte, nous nous rendons compte que nous arrivons beaucoup trop tôt à l’entrée ouest du park national du Yellowstone. Nous avons bien sûr besoin de sommeil. Nous essayons d’abord de dormir dans la voiture sur une aire d’autoroute, mais des camions partent et viennent sans cesse. Tous les deux énervés, nous nous remettons en route. Après un col, sans doute celui de la ligne continentale de partage des eaux d’Amérique du Nord, nous prenons sans plan précis une sortie d’autoroute menant à une mine. Christian avance aussi loin que nécessaire du Highway et trouve une place sur un pré à proximité d’un pont. Nous sommes à l’arrêt à 2h30 et nous tentons de dormir. André reste sur la banquette arrière croyant avoir trouvé une position adéquate, mais son dos n’en sera pas plus content qu’avant. Christian tente de trouver une position sur le siège passager et arrive à trouver un peu de repos même si le dossier est loin d’être rabattable sérieusement.

À 5h du matin du 6 juillet 1996, André explore les environs avec l’idée initiale de soulager sa vessie. Il se réveille définitivement quand il voit la position de la voiture au crépuscule. La rivière Jefferson River (qui formera plus en aval le Missouri) passe à quelques centimètres des roues avant car elle est en crue. Nous ne savons pas si elle était à se niveau en arrivant, ou si l’eau est montée durant le reste de la nuit. Dans les deux cas cela aurait pu terminer méchamment. Il faut partir de là. André réveille Christian avec ces mauvaises nouvelles, il dégage le siège conducteur et nous nous remettons en route à jeun. Nous avons le soleil levant comme but. Nous photographions notre seul lever de soleil vécu durant ces congés simplement de la bande d’arrêt d’urgence de l’Interstate 90.

Lever du soleil sur l'I90. Photo © André M. Winter

Lever du soleil sur l’I90. Photo © André M. Winter

Par le Gallatin Valley à l’entrée ouest du parc du Yellowstone

15 kilomètres avant Bozeman, nous quittons enfin l’interminable Interstate 90. Notre humeur est au plus bas et il n’y a pas d’amélioration en vue. Même la voiture bénéficie d’un plein et de vitres lavées, mais nous restons littéralement sur notre faim. André fonce sans s’arrêter. Au pied des Rocheuses, vers 1000 mètres d’altitude, s’arrête la zone sèche et on entre dans un vallon. La vallée du Gallatin River est remplie d’une brume matinale. Lorsque le brouillard se lève, nous avons devant nous un paysage alpin comme chez nous. Dès que nous le pouvons, nous sortons vers un pré pour enfin consommer un copieux petit déjeuner. Cette longue attente était finalement utile. Nous sommes à 1800 mètres et il fait 6°C, mais nous sommes heureux d’être là.

Plaque du Wyoming avec un dompteur de cheval. Photo © André M. Winter

Plaque du Wyoming avec un dompteur de cheval. Photo © André M. Winter

Christian continue a rouler de bien meilleure humeur. Après un col à 2200 mètres dans un paysage verdoyant, nous atteignons le zone du feu de forêt de 1988. Les troncs noircis sont encore debout, mais d’autres sont en train de reprendre la relève.

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