Deux jours à la recherche d’une vue sur le Mt. Rainier

Arrivée tardive au Cougar Rock Campground

La route de Seattle vers le Mt. Rainier est étroite et pas rapide. Les tentes sont montés dans les dernières lieurs du jour. Le dîner est préparé dans le noir éclairé par quelques bougies. Le campground ne dispose que d’eau et de tables de pique-nique, il n’y a aucun éclairage.

Dîner dans le noir. Photo © Peter Sykora

Dîner dans le noir. Photo © Peter Sykora

Il faut de nouveau cuisiner avec les restes car comme quelques jours plus tôt, Charly, notre chef d’excursion est convaincu que l’on peut acheter des vivres au Mount Rainier après 20h00. Ce n’est bien sûr pas le cas et la distribution des vivres est encore plus serrée qu’au Mount Baker. Ceux qui ont assez ne sont plus consentants à tout partager équitablement. Ils font leur repas et laissent les restes aux autres. Ainsi nous donnons généreusement le reste de notre vinaigrette aux autres et avec cela la mission de faire la vaisselle. On voit sur la photo la différence entre la table lourdement chargée au fond et celle plutôt vide au premier plan.

Après le repas un peu disharmonieux, nous nous retrouvons cependant tous près du feu car il fait frais à 1000 mètres d’altitude. Des voisins nous prêtent une guitare et les chants de ceux qui savent chanter resonnent dans la forêt noire.

Plummer Peak Hike

Tous ceux qui ont besoin de vivres vont faire les courses le matin et ainsi nous n’arrivons que très tard au Visitor Center du Paradise Point. Mais la météo est ici épouvantable. Il pleut, le brouillard est dense, on a tous froid et on ne voit bien sûr rien du volcan. André a bon expliquer au groupe que la brume ne se lèvera plus ici car il a eu la même situation en juillet 1996 et qu’il faut aller au nord-est pour avoir une vue dégagé. Mais on l’ignore et on ne l’écoutera que le soir.

Un écureuil grignote un câble du GPS. Photo © Peter Sykora

Un écureuil grignote un câble du GPS. Photo © Peter Sykora

Nous investissons donc le Visitor Center qui est chauffée. On nous désigne une salle de conférence dans la cave où les profs nous expliquent le dessin cartographique des rochers sur une carte topographique. Après l’historique et les techniques actuelles, on nous distribue des crayons  et des cartes du sommet du Mount Rainier sans rochers pour les dessiner plus tard dans la journée sur le bon point de vue du Plummer Peak. Ce point est au sud du grand volcan tout comme le Paradise Point, il est inutile de préciser que les chances de sortir de la brume sont ici minimes.

Toute la randonnée se passe dans une épaisse brume, on ne voit pas plus de dix mètres. Le seul effet que nous ressentons est qu’il fait plus chaud en altitude. La brume devient moins épaisse, théoriquement. Étant alpinistes confirmés, nous savons qu’il faut gagner beaucoup plus en hauteur pour vraiment voir du ciel bleu.

Le GPS nous aide la première fois vraiment pour trouver le Plummer Peak car le chemin se voit assez mal dans les rochers. Lors des pauses que nous faisons plus pour délibérer de continuer ou non, un écureuil sans gêne commence à grignoter les câbles du GPS. Nous le chassons maintes fois, mais ce n’est qu’avec un trognon de pomme que nous pouvons le distraire pour ménager notre équipement technique.

Un écureuils finit le reste le pomme. Photo © André M. Winter

Un écureuils finit le reste le pomme. Photo © André M. Winter

Le chef de l’excursion (en bas à gauche) n’est pas très heureux avec la météo.

Charly et Mike dans la brume. Photo © André M. Winter

Charly et Mike dans la brume. Photo © André M. Winter

Mais la brume englobe même sur le sommet du Plummer Peak. Nous ne pouvons localiser le sommet du Mount Rainier qu’à l’aide de nos cartes et d’une boussole. Après quelques temps d’attente, le sommet se montre quelques instants pour disparaître de nouveau. Il est inutile de tenter de cartographier quoi que ce soit dans ces conditions.

En attente du dégagement de la vue sur le Mount Rainier. Photo © Peter Sykora

En attente du dégagement de la vue sur le Mount Rainier. Photo © Peter Sykora

Martin et Peter cartographient le sommet dans la brume. Photo © André M. Winter

Martin et Peter cartographient le sommet dans la brume. Photo © André M. Winter

Nous tentons quand-même de dessiner quelques rochers très fragmentaires. En plus de l’inutilité de cet exercice dans la brume on peut ajouter un autre point: dessiner les rochers d’une carte topographique est un travail avant tout artistique, même s’il s’agit de reproduire correctement la géométrie des arêtes rocheuses. Cet art n’est définitivement pas donné à tout le monde et André le reconnaît honnêtement pour sa part.

Notre groupe au Plummer Peak. Photo © COKA

Notre groupe au Plummer Peak. Photo © COKA

Le Mount Rainier voilé de brume. Photo © Peter Sykora

Le Mount Rainier voilé de brume. Photo © Peter Sykora

La carte monte notre randonnée nébuleuse.

Tracé GPS du tour sur le Plummer Peak dans la Tatoosh Range. Carte par Martin Galanda, Peter Sykora et Julia Beckel

Tracé GPS du tour sur le Plummer Peak dans la Tatoosh Range. Carte par Martin Galanda, Peter Sykora et Julia Beckel

Nous retournons bredouille au point de départ au Reflection Lake et en voiture au campground de la veille. Ayant chanté le peu de chansons que nous connaissons tous assez vite, la soirée autour du feu de camp n’est pas longue.

Le 9 septembre 1998 au petit matin nous nous réveillons même au camping dans le brouillard. Nous démontons nos tentes et retournons au Paradise Visitor Center. Une partie du groupe fait un tour avec une ranger botaniste, l’autre visite le petit musée avec vidéo du Mont Rainier dans le centre. Mais le service le plus attendu sont les douches qui se trouvent ici sur demande.

South Sunrise Campground

Nous attendons au Paradise Point en vain que la brume se dissipe. Ce n’est que si tard qu’André est confirmé par les rangers que le nord du volcan est dégagé. Il faut bien sûr faire tout le tour de la montagne conique et on n’arrive que le soir au Sunrise Point.

Lourdement chargé vers le South Sunrise Camp. Photo © Peter Sykora

Lourdement chargé vers le South Sunrise Camp. Photo © Peter Sykora

Mais nous voyons enfin le volcan dans toute sa splendeur, même si le soleil est en train de se coucher. Il n’y a pas de campground directement au Sunrise Point, nous devons donc modifier nos bagages et marcher une bonne demie heure pour rejoindre le South Sunrise Campground qui n’est accessible qu’à pied. On grimpe encore vers un point de vue, mais ce n’est qu’aux dernières lieurs que nous montons nos tentes.

Il fait très froid puisque nous sommes à 1900 mètres d’altitude et nous n’avons pas le droit d’allumer un feu ici. Nous sommes dans un « bear country », les sacs à dos sont tous à monter par des cordes à quelques mètres au-dessus de la terre. Il faut espérer que les ours ne comprennent pas le système simple de nœuds et de poulies.

Coucher de soleil au South Sunrise Camp. Photo © Peter Sykora

Coucher de soleil au South Sunrise Camp. Photo © Peter Sykora

Tout a de nouveau foiré et ce qui concerne les vivres et les repas. Nous sommes partis beaucoup trop tard en direction du Sunrise Point et on ne passe bien sûr près d’aucune possibilité de faire des courses. Nous avons un sachet de soupe déshydratée pour huit personnes, nous le rallongeons tant bien que mal avec du sel, du poivre et quelques herbes que nous trouvons. Deux réchauds à essence sont en panne, uniquement le dernier démarre avec peine. Nous mangeons tous directement du pot pour ne pas salir trop de vaisselle et pour ne perdre qu’un minimum de chaleur car les températures sont passés sous 0°C avec le coucher du soleil. Nous faisons ainsi des taches de soupe sur le rocher et ne pensons pas aux ours qui pourrait être attirés la nuit.

La soupe partagée au South Sunrise Camp. Photo © André M. Winter

La soupe partagée au South Sunrise Camp. Photo © André M. Winter

D’autres sont retournés au parking pour aller manger nous ne savons pas où, ils ne rentrent que très tard. La nuit est très froide, nous mettons tous les vêtements dans les sacs de couchage et quelques uns se regroupent à trois par tente.

Burroughs Mountain Trail Viewpoint

Le réveil sonne pour tout le monde à six heures du matin. Le soleil ne s’est pas encore levé et c’est sans doute le moment le plus froid de la nuit. Nous voulons rejoindre un point de vue aménagé dans le premier virage notoire Burroughs Mountain Trail. C’est à 500 mètres et à 50 mètres de dénivelé du South Sunrise Campground, mais gelés comme nous sommes, cette marche nous semble interminable. Nous déambulons dans le noir, les pilles des frontales étant assez vides et le froid n’aidant pas à les faire marcher.

Nous arrivons trop tôt au point de vue. Le Mount Rainier se dessine déjà contre l’horizon. Il faut encore grelotter un peu avant que la première lueur rose-dorée n’apparaisse. Mais très vite la blancheur de la neige sur le glacier reflète la soleil et cette lumière nous éblouit.

Le glacier du Mount Rainier est doré par le lever du soleil. Photo © André M. Winter

Le glacier du Mount Rainier est doré par le lever du soleil. Photo © André M. Winter

Lever du soleil sur les glaciers du Mount Rainier. Photo © André M. Winter

Lever du soleil sur les glaciers du Mount Rainier. Photo © André M. Winter

Glaciers autour du Little Tahoma Peak lors du lever du soleil. Photo © André M. Winter

Glaciers autour du Little Tahoma Peak lors du lever du soleil. Photo © André M. Winter

Notre groupe au Sunrise Point. Photo © Peter Sykora

Notre groupe au Sunrise Point. Photo © Peter Sykora

Little Tahoma Peak et Mount Rainier. Photo © Peter Sykora

Little Tahoma Peak et Mount Rainier. Photo © Peter Sykora

Le Mount Rainier vu du Sunrise Point. Photo © Peter Sykora

Le Mount Rainier vu du Sunrise Point. Photo © Peter Sykora

Malheureusement, les premières lieurs ne chauffent pas encore. Il faut encore attendre un quart d’heure avant que cet effet bien venu s’installe. La montagne apparaît alors toute blanche pour les reste da journée.

Nous retournons donc aux tentes pour lever notre camp et portons toutes ces affaires au parking du Sunrise Point. On y regarde encore une fois le volcan.

Nous nous mettons en route plus loin au sud, pour aller voir le volcan le plus emblématique: Mount Saint Helens. De la route, on voit longtemps retour sur le Mount Rainier. Les points noirs au centre de la photo en bas sont des oiseaux.

Le Mount Rainier vu du sud-est . Photo © Peter Sykora

Le Mount Rainier vu du sud-est . Photo © Peter Sykora

André après quelques semaines dans la nature sauvage. Photo © Alex Medwedeff

André après quelques semaines dans la nature sauvage. Photo © Alex Medwedeff

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