Notre but est de longer la côte sur le sentier du littoral qui est balisé sous le nom E4, c’est un sentier de grande randonnée européen. Il n’est pas très fréquenté, surtout hors saison. Nous prévoyons une étape pour passer la nuit à la sortie des Gorges de Tripiti car peu importe le but visé, il faut plus d’une journée de marche si on part d’Agía Rouméli (Αγία Ρούμελη) vers l’ouest comme nous le faisons.
Cette direction a un défaut: tous les descriptions que nous trouvons décrivent ce passage de l’ouest (Σούγια, Sougia) vers l’est. Les rares balises sous forme de poteaux jaunes et noirs sont positionnées pour être vues dans le sens ouest-est, par moments elles sont manquantes. On trouve aussi des anciennes balises peintes en rouge et en bleu par endroits. Nous marchons cependant dans l’autre sens et cela nous force plusieurs fois à chercher le chemin. Comme nous sommes aussi un des premiers à passer ici après l’hiver, aucun éboulement n’est nettoyé et il y a des passages rendus difficiles par des glissements de terrains. Même les locaux ne connaissent pas la situation actuelle, personne ne peut nous renseigner sur les conditions sur ce chemin. Lorsque nous arrivons à la plage prévue pour l’étape, nous croisons un groupe qui se fait chercher en bateau justement ici. Leur guide nous questionne sur les conditions du chemin vers Agía Rouméli, même ceux-là ne sont pas au courant.
Un avantage du chemin est qu’il est par longs moments sans vraie alternative car la montagne monte raide du bord de l’eau. Des problèmes d’orientation occasionnent des glissements de terrain, des arbres tombés et la reprise du chemin après le franchissement de vallées et de plages. Ce chemin n’est pas crée pour les randonneurs, il s’agit d’un chemin pastoral et par endroits il est vraiment en bon état. Les murets qui le soutiennent peuvent aussi être un repère pour le retrouver quand on s’est perdu. À cause de son histoire, ce chemin a des montées et descentes longues mais constantes, il évite les parties exposés.
C’est un chemin littoral montagnard, par moments on est à plus de 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Vue que toute cette côte est exposée plein sud, il est inutile que l’on transpire fort. S’il y a du vent, il est souvent en provenance d’Afrique et donc chaud. Dans ce contexte, il est important de notre qu’il n’y a aucune source d’eau potable sur ce chemin côtier! La seule source que nous avons trouvé est directement à la plage à l’est des Gorges de Tripiti, la description de cette source de secours se trouve en bas de page.
Une chose positive: on capte le réseau mobile sur toute la côte car il y a des antennes sur l’Île de Gavdos un peu plus loin au sud. C’est rassurant tant que l’on connaît un numéro à appeler, il est donc utile der se renseigner à Sougia ou à Agía Rouméli pour avoir des numéros de bateaux taxis pouvant venir chercher des gens rapidement. Pour info, des prix sont d’environ EUR40 pour deux personnes sur le trajet de Tripiti à Sougia.
Agía Rouméli – Plage de Domata
Le chemin monte sous les rochers avant la fin de la plage. Il ne faut pas faire l’erreur d’avancer le long de la plage, cette zone est un véritable cul de sac, le chemin monte loin au-dessus du bord haut de la photo ci-bas!
La photo montre aussi un effet géologique, on voit une ligne du déferlement plus haute que le rivage actuel. La Plaque de la mer Égée est soulevée par la Plaque Africaine qui passe au-dessous. C’est le même effet qui continue d’élever les Alpes.
Il faut chercher l’accès au chemin à l’arrière de l’avant-dernière rue perpendiculaire à la mer dans la partie ouest d’Agía Rouméli. On passe d’abord un grillage derrière lequel se trouvent des chèvres. Elle restent à distance, mais il faut faire attention aux pierres qu’elles peuvent faire tomber de plus haut.
On voit sur la photo en bas un des poteaux de balisage jaunes et noirs.
On passe ensuite sur une pente couverte de pins. La photo a été prise après que nous sommes allés trop loin le long de la plage.
Sur la vue retour, on reconnaît bien la montée en face de l’avant-dernière rue. On voit aussi une partie du grillage. On monte donc rapidement dès le départ. À droite devant notre hôtel de la nuit, nous partons donc sans détour pour cette randonnée.
À côtés des balises sous formes de tiges peintes en noir et jaune, on trouve aussi des flèches bleues et des cairns. La photo montre aussi le terrain classique sur lequel on évolue. C’est surtout un éboulis de pierres de différentes tailles qui deviennent assez instable quand la pente augmente. Cela arrache aussi certaines de ces tiges de balisage.
Les falaises plus haut sont truffées de petites grottes où se réfugient les chèvres semi-sauvages. Il faut y faire attention quand on veut inspecter ces grottes.
Nous gagnons de plus en plus de hauteur. Comme nous ne voyons rien devant parce que le chemin monte toujours, nous regardons en arrière. Cette photo d’Agía Rouméli montre tout le réseau routier du village et qu’il n’est pas relié au reste du réseau de la ville.
Les photos montrent bien la hauteur gagnée. Ici nous sommes à environ 300 mètres d’altitude. Plus loin, il passe près des 500 mètres.
Dans la montée, il faut traverser un éboulis en descente, c’est un passage un peu délicat car les pierres sont meubles, aussi les grandes. On voit une tige de balisage au fond sur la photo en bas à droite. La photo de gauche montre vraiment le tracé du chemin.
Notre dernière vue sur Agía Rouméli bien que nous voyons encore plus longtemps le cap à droite
L’île de Gavdos se trouve à 35 kilomètres au sud de la côte méridionale de Crête dans le Mer de Libye. Des antennes télécom et GSM s’y trouvent et rayonnent sur toute cette partie de la côte sinon peu habitée.
Voici une première possibilité de perdre le chemin. Plusieurs arbres sont tombés et ceci incite à passer trop bas à gauche. Il y a des flèches bleues qui semblent pointer dans la mauvaise direction, mais ici elles sont à observer pour retrouver le chemin après ces obstacles. Il faut en gros rester en haut au pied de la falaise et surtout pas descendre.
Après le franchissement de plusieurs vallons de petite taille, on a gagné beaucoup d’hauteur pour arriver sur des versants dénudés d’arbres. L’exposition plein sud fait bien transpirer. C’est aussi un terrain type pour perdre le fil du chemin, dans le cas présent nous sommes comme précédemment trop bas et remontons péniblement à travers champ.
Les Lefká Óri ou montagnes Blanches (Λευκά Όρη), pardois aussi Madares (Μαδάρες), sont une chaîne montagneuse située dans l’ouest de Crète pour former le massif montagneux le plus étendu de l’île. Le point culminant est le Pachnes (Παχνές) avec 2454 mètres d’altitude, il est visible sur la photo ci-bas. Leur exposition en fait un des rares vrais déserts en Europe.
Cet arbre mort est symbolique pour le sentier européen E4 en Crète, c’est vraiment un chemin pour les durs, ici personne ne se balade pour juste aller voir la plage d’à côté, les distances, la chaleur et le dénivelé sont grands.
Le sol est principalement couvert de scille maritime qui ne pousse qu’en hiver. Maintenant au début de l’été, les feuilles se fanent et disparaîtront complètement avec les grandes chaleurs. La plante fleurit fin août avec les réserves accumulés dans le bulbe, les feuilles ne suivent que plus tard en automne. Les bulbes sont étonnement grands pour le terrain, on de demande comment ils trouvent place dans cet éboulis à peine couvert de terre.
Sur la photo du bas, on voit le large cap entre Agía Rouméli et Loutro.
Nous voyons enfin en direction du but de la journée. Le rocher Pikilassos se trouve à la sortie des Gorges de Tripiti. Cela apparaît assez près, mais il nous reste plus de quatre heures de marche fatigante pour y parvenir
Un peu plus loin, on voit aussi vers notre plage-étape de Domata avec ses bancs de conglomérat très impressionnants. Toutes ces masses ont dû sortir des Gorges de Kládou. Le sentier européen E4 passe sur la plage, mais il faut rester à distance du mur qui peut s’écrouler à tout moment et particulièrement après des fortes pluies. Cette plage est très solitaire, il faut plus de trois heures à pied pour la rejoindre d’Agía Rouméli et plus de sept heures en partant de Sougia. Il n’y a pas de source à proximité.
On descend par les conglomérats à peine solidifiés sur le côté est de la plage de Domata.
La plage de Domata est mentionné sur certaines cartes avec une localité nommée Marvi plus loin à l’intérieur des terres. à l’ouest de la plage débouchent les gorges Farángi Kládou (Φαράγγι Κλάδος). Le chemin descend des rochers à l’est de la plage par un dédale de rochers. La plage est marqué par un haut mur de conglomérat peu solidifié. C’est un des endroits assez facilement repérables sur cette côte sinon sans trop de repères.
Dans certains guides de randonnée, cette plage est indiqué comme idéale pour camper la nuit, mais nous trouvons la Plage de Sentoni plus loin beaucoup plus agréable. On trouve de l’eau et on n’entend pas toujours les chutes de pierres de la falaise.
Bien que la plage ne soit pas très hospitalière, nous y marquons une pause à l’ombre d’un maigre arbuste. On voit notre fatigue qui est principalement due à la chaleur. Nous sommes partis vers huit heures, mais c’est apparemment pas assez tôt. On est ici à peu près à mi-chemin entre Agía Rouméli et les Gorges de Tripiti.
Plage de Domata – Plage de Sentoni
Nous avons repris des forces lors de la pause et on dirait que nous sommes en pleine forme. Mais c’est plutôt l’ambition d’arriver à la Plage de Sentoni que nous nous sommes fixés comme but pour la soirée.
Le balisage de tiges jaunes et noires et irritant après la plage de Domata, il vaut mieux suivre les points rouges et sachant qu’il faut un peu rentrer à l’intérieur des terres et retrouver un ancien sentier de bergers soutenu par des murs en pierre sèche. Le chemin remonte certes, mais pas comme avant. Il reste sous les 150 mètres d’altitude.
En bas deux vues dans les Gorges de Kládou, celle de gauche est prise de l’est de la Plage de Domata (au fond la montagne Faragi), celle de droite du côté ouest. Ces gorges permettent aussi de revenir vers l’intérieur des terres, mais c’est un terrain d’escalade et elles ne mènent qu’au pied sud de la montagne Volakias (Bολακιάς).
La côte redevient rocheuse à l’avant. Le chemin tente de contourner les passages les plus escarpés, mais il reste assez bas, on le voit sur la photo ci-bas à droite. Ici c’est de nouveau plutôt un sentier du littoral.
Un kilomètre à vol d’oiseau de la Plage de Domata, le chemin nous amène sur un cap rocheux et sur un petit col. Il devrait passer ensuite vers le pas en longeant la falaise sur la droite. Or toute cette partie a glissée durant le printemps 2005. Nous voyons la reprise du chemin une cinquantaine de mètres plus loin en bas. Bien que nous soyons près du rivage, cela ne passe pas en bas sans nager, des photos plus bas le démontrent. Nous explorons aussi le terrain plus haut, mais c’est un terrain pentu entremêlé de marches rocheuses dont une semble avancer longtemps vers l’ouest sans pouvoir redescendre aisément.
Au-dessus du passage arraché reste un mélange de pierres et de terre à peine solidifié qui forme un mur en surplomb et qui ne nous rassure nullement (photo en bas à gauche). Nous reconnaissons une sorte de sente qui passe quand même à travers ce dédale en ruine et nous voyons même une porte sur ce chemin sensé séparer des troupeaux de chèvres. C’est pour nous le signe que c’est le seul passage sans détour énorme. Nous nous lançons alors quand même, la photo du bas montre la vue retour vers le petit col, déjà cette descente n’est pas anodine. Il n’y a aucun câble ou autre sécurité. Le rebord qui sert de chemin est rempli de gravats récents qu’il faut d’abord jeter en bas pour pouvoir y poser un pied.
La photo ci-bas montre la partie écroulée. On reconnaît en haut à droite une de ces tiges servant de balises, elle marque l’accès au passage délicat par l’est, Tout a l’air vertical et il y a effectivement peu de prises. En venant de la balise, on traverse vers la zone de terre rouge, puis on descend en passant sous la roche dure. Directement au centre de la photo, on reconnaît le petit portail.
Cette deuxième photo montre Alex un peu plus loin à l’ouest. Par rapport à la photo en haut, elle se trouve à gauche des débris blancs et ocre: Elle doit passer ensuite sous le partie jaune-ocre.
Les deux photo ci-bas montrent les terrain sous la partie du chemin arraché. On n’y passe pas non plus.
Le reste du chemin est aisé passe très près de la mer.
Nuit en tente sur la Plage de Sentoni
La Plage de Sentoni (Σεντóνι) n’est pas indiqué sur la plupart des cartes, il s’agit de la large baie à l’est de la sortie basse des Gorges de Tripiti. Elle se trouve à peu près à mi-chemin entre Agía Rouméli et Sougia. Il est indiqué de camper ici et non pas à la sortie des gorges car on est embêté là-bas par des centaines de chèvres semi-sauvages. Les galets de la plage forment un sol assez dur et le bruit des vagues reste fort toute la nuit, mais sinon l’endroit est très tranquille. On trouve aussi des parties plates un peu plus haut près de la hutte de l’apiculteur, mais nous voulons camper sur la plage.
Le chemin de la journée nous a fait sérieusement transpirer et comme les maigres sources d’eau douce sur la plage (voir plus bas) ne suffisent pas, nous nous lançons dans la mer tant qu’il y a du soleil. À condition de ne pas mouiller ses cheveux, de ne pas utiliser de savon et de se frotter bien la peau en sortant pour enlever un maximum de sel, on peut risquer cette méthode pour se rafraîchir au moins un peu.
Ce tzatzíki n’est pas aussi bon que celui préparé frais, mais ici, au bout du monde, cela remonte le moral.
Pendant que nous mangeons, arrive un groupe de randonneurs guidé venant de Sougia et qui se fait chercher ici en bateau. Comme indiqué plus haut, le guide nous questionne sur la suite du chemin. Nous lui demandons des informations sur les Gorges de Tripiti, il nous confirme juste ce que nous savons déjà: c’est dur à trouver et fatigant. Cette rencontre nous donne une autre information précieuse: nous avons ainsi des numéros de téléphone de taxi-bateaux pouvant nous chercher sur cette côte. Nous en aurons besoin. Voyant notre maigre repas pourtant copieux à notre goût, le groupe de randonneurs se défait du reste de ses vivres et on nous offre surtout des tomates et du fromage. Cela aussi nous servira.
L’eau douce de la Page de Sentoni
On peut trouver de l’eau douce directement sur la Plage de Sentoni! Cette eau sort entre les galets quelques mètres au-dessus du rivage, on voit des galets humides. Cette eau douce est soulevé par la nappe phréatique marine et ainsi cette eau est plus salé plus on est près de la mer. Deux types d’animaux peuvent aider à repérer cette source. C’est premièrement l’âne de l’apiculteur qui vit ici et deuxièmes ce sont les abeilles qui recherchent les galets humides. Les photos ci-bas sont pris le matin suivant avant de repartir.
Si ces deux n’aident pas, cette description peut servir: la source se trouve à l’est du milieu de la plage. En bordure de l’eau se trouvent plusieurs grands rochers, mais il y a un seul que l’on peut rejoindre directement de la plage sans se mouiller. De ce repère, on avance vers la gauche et en direction terre. À peu près au milieu entre le rivage et le talus terreux devrait se trouver la zone de galets mouillés que l’on peut aussi repérer aux insectes. Il faut alors creuser un trou, attendre que les sables retombent au fond et après on peut y puiser avec un gobelet. Nous avons retiré quelques litres ici. L’eau a un goût fade, mais elle dépanne. Comme l’âne creuse aussi ici, nous avons préféré ajouter le désinfectant Micropur. Il y a des réservoirs d’eau à la sortie des Gorges de Tripiti et près de la chapelle St. Élie à 400 mètres au-dessus des gorges (mais nous n’avons pas testé ces sites).
Nous partons de bonne humeur pour remonter des Gorges de Tripiti.
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