En avançant vers le nord, la neige au bord de la route devient permanente. Le ciel est gris et bas et ceci forme un décor triste à la longue. Quelques rayons de soleil passent sous les nuages en fin de journée. Nous nous arrêtons au bord de la route pour tenter de prendre le spectacle en photo, mais ce n’est pas concluant. Quelques minutes après apparaît une route déblayée sur la gauche, sans trop de montées et large, nous tentons notre coup. Première chose à vérifier: y a-t-il des points pour faire demi-tour? Il peut être très dangereux de faire demi-tour sur une route dont on ne connaît pas la largeur, sur le bord la neige peut être dure ou très molle. Nous sommes sur la route d’accès à quelques maisons dans la région d’Avvakko, une grande plaine avec des lacs et des tourbières, le tout sous une épaisse couche de neige.
Avvakko
Gällivare, Norrbotten, Sverige
Nous cherchons un endroit avec vue et peu avant de nous résoudre de grimper sur le toit de notre camion, nous repérons un affût perché au bord de la route.
L’affût est à peu de mètres au bord de la route, le tas de neige chassé par le chasse-neige est bien dur. Mais derrière, la neige est comme fraîchement tombée et nous nous enfonçons jusqu’à la poitrine. Pour même pas 15 mètres, nous montons les raquettes, mais même ainsi, on s’enfonce profondément.
En Europe centrale et de l’ouest, la neige tombée est en général vite soumise à des températures positives. Elle se tasse et ainsi on peut marcher dessus. Ici, il fait constamment froid et la neige ne se tasse que par le vent. Et à l’endroit précis, il y a des arbres donc peu de vent.
Des nuages reviennent de l’est et nous craignons que le gris généralisé soit de nouveau de rigueur. Mais le soleil à l’ouest s’abaisse encore plus et passe sous cette couche de nuages. Les ombres s’allongent, mais la lumière est merveilleuse.
Dans l’affût, nous trouvons des magazines de chasse, le premier avec un élan en couverture. On verra souvent des signes en bord de route avertissant de ces grands animaux, mais on n’en verra pas en vrai. On a bien regardé, aussi cherché des traces dans la neige, rien durant les deux semaines en Suède et en Norvège.
Étant habillés et équipés de raquettes, nous avançons un peu dans l’énorme étendue de la tourbière. La neige est ici mieux tassée et on ne s’enfonce pas trop. Mais le léger vent en plaine est glacial. Le soleil brille à l’ouest, mais il ne chauffe plus.
Les longues ombres rendent le paysage idéallemen scandinave.
Nous retournons au camion. En avançant un peu pour faire demi-tour, nous passons ce panneau. Un peu plus loin, une piste de traîneau traverse effectivrment la route.
Le soleil se couche définitivement en roulant vers Jukkasjärvi.
La carte montre l’extrait d’Avvakko. Au sud est Gällivare, au nord on avance vers Kiruna. GPS 67.333920, 21.044575
Aux derniers rayons de soleil, nous reprenons la route. Il fait vite noir et arrivés dans la région de Jukkasjärvi, nous tournons en rond pour trouver un emplacement pour la nuit. Il y a un bon mètre de la neige partout, uniquement la rue principale du village est déblayée.
Nuit à Paksuniemi près de Jukkasjärvi
Paksuniemi, Jukkasjärvi, Kiruna, Norrbotten, Sverige
Pour finir, nous trouvons une place en sortant de la village par l’ouest. Il agit d’une emplacement en bordure de la route qui est déblayé, une place que nous reconnaissons aussi dans le noir. Peu de voitures passent, la route est couverte de glace et les rares voitures ne roulent pas trop vite. Il fait un froid très vif avec -15°C. Fatigués de la route, nous préparons un repas chaud et nous nous apprêtons à nous coucher. André est cependant pris de maux de ventre qui le forcent à sortir dans les bois. Depuis cette expérience, il sait que l’on peut rester un quart d’heure les fesses au froid sans que rien ne gèle.
Cette excursion involontaire m’a cependant fait voir que le ciel est complètement clair et que l’on voit bien avec la lumière des étoiles (la lune est sous l’horizon). André se réchauffe et nous nous habillons convenablement pour entreprendre une petite randonnée raquettes en pleine nuit. Nous avançons vers le sud où se trouve un espace ouvert. Nous ne savons pas ce que c’est, plus tard nous apprendrons que c’était un lac gelé. Comme durant l’après-midi à Avvakko, la neige n’est pas tassée et même avec les raquettes nous nous enfonçons jusqu’aux cuisses. Mais il valait la peine d’aller voir ce pays sauvage la nuit, n’éclairé que par les étoiles.
La photo de l’emplacement le matin suivant.
La carte montre notre emplacement sur le bord à droite.
Rouler en Laponie en hiver
Paksuniemi, Jukkasjärvi, Kiruna, Norrbotten, Sverige
Le jour, nous voyons aussi la route par laquelle nous sommes venus de Jukkasjärvi. Ça n’a pas l’air méchant comme ça, mais c’est très glissant. C’est un exploit de l’industrie des pneumatiques que l’on puisse rouler là-dessus, car marcher n’est presque pas possible. Sans 4×4 et sans pneus cloutés, avec un camion, partir de l’arrêt revient à patiner pendant une quinzaine de secondes, mieux vaut que la route soit large et qu’il n’y ait personne en face car on fait des écarts conséquents. Puis, vers les 20km/h, le camion est secoué et tout de suite stabilisé, comme s’il se trouvait sur des rails. Nous avons observé cet effet bizarre plusieurs fois. Ensuite, on roule presque normalement jusqu’à 70km/h, on tient les virages pas trop serrés et les freinages doux marchent aussi. Il faut cependant éviter le frein moteur qui n’agit que sur les roues tractrices et ce pas de manière équilibrée. L’embrassement revient quand il s’agit de s’arrêter complètement. Deux solutions, laisser rouler jusqu’à l’arrêt ou bien laisser faire l’ABS, les deux ont besoin de pas mal de place.
Tout ceci marche dans le plat (fréquent en Suède) et quand il n’y a pas de circulation ou d’obstacles tout près. Les tas de neige au bord de la route sont d’ailleurs durs comme du béton, ce n’est pas une bonne idée de les toucher en roulant ou en glissant. Sans pneus cloutés, partir avec un camion de plus de 3 tonnes en monté glacée, même légère, est impossible. Il faut impérativement reculer jusqu’à une portion de route plane et prendre de l’élan si la montée est courte et qu’elle ne devient pas plus forte plus tard, présente des virages serrés, etc. Dans ces cas, et dans tous les cas de descente glacée, il n’y a qu’une seule solution: mettre des chaînes.
Cependant, les routes sont quand-même construites pour y rouler normalement, surtout les routes importantes (enfin, hormis neige fraîche, tempête de neige, etc.). Elles sont larges, sans montés marquantes et irrégulières et en général quand-même légèrement sablés (ce n’est pas du gravier) dans les montés importantes. Mais ceci que dans le sens montée, il nous est arrivé de rouler à gauche dans les descentes.
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