Ayant grandi dans la région, André a déjà été maintes fois à Port-Cros. Depuis qu’il voyage avec Alex, il y retourne aussi souvent. Mais l’Île de Porquerolles est toujours restée l’écart. Pas assez sauvage, trop de monde sur place et trop de navettes journalières, île trop grande à explorer en un jour, parking trop cher à la Tour Fondu: voilà pour les arguments contre Porquerolles et pro Port-Cros. Il nous faut attendre ce 24 octobre 2021 pour enfin nous embarquer pour Porquerolles.
C’est la basse saison et pour ne pas toujours faire de la route et pour ne pas payer cher le parking à la Tour Fondue, nous restons deux nuits au Camping de la Tour Fondue. C’est un des derniers ouverts de la région et nous sommes surpris de le trouver presque plein. Pourtant des prix basse saison sont appliqués. Il n’y a plus de service de pain et il faut descendre vers la village de la Tour Fondue pour en acheter. C’est ainsi que sont fait les clichés du lever du soleil au-dessus de Port-Cros.
Embarquement à la Tour Fondue
En Basse Saison, il n’y a que quelques navettes par jour. On achète nos tickets la veille, mais ce n’est pas une réservation, il y a de toute manière assez de place. Le soleil est encore bas, il est pourtant déjà 9 heures du matin. C’est le premier bateau de la journée.
La Petite Passe entre Giens et Porquerolles est assez bien protégée des vagues de la haute mer. Le vent vient cependant du nord-est et fouette les vagues contre la navette. Les passages du continent vers les îles sont toujours une aventure, mais en automne et en hiver c’est encore plus vrai. On arrive quand même bien à bon port.
Location de VTT à Porquerolles
Directement après le débarquement, nous montons vers le village pour louer des VTT. On ne prend pas ceux tout près port, ni les plus crieurs. Ce sont des vélos standard avec freins à disques. Les pneus sont gonflés à bloc pour éviter les crevaisons. Cela a des répercussions assez rapides sur nos fessiers non habitués à ce traitement (on ne fait pas beaucoup de vélo). La fourche avant dispose d’une suspension mais elle est dans notre cas bloquée (on la débloque après quelques mètres). Seules chose en plus du vélo: un plan des pistes autorisés et deux cadenas. Il n’y a pas de casque, pas de pompe, pas kit anti-crevaison, aucun porte-bagage, rien pour mettre une gourde, pas de réflecteurs, pas de feux. Nous ne nommons pas la société, tous sont pareil et les prix sont aussi très semblables.
Les vélos sont adaptés à la taille. André a une selle dure de course qui exigerait un pantalon de vététiste avec mousse sous les fesses. La selle d’Alex est plus souple. Nous changeons quand même en cours de journée de selle car les deux occasionnent des maux pas trop amusants. Les secousses viennent surtout des petits cailloux sur les pistes. Le guidon tremble tout le temps et la roue arrière n’arrête pas de sauter. Pourtant les pistes sont plates et en principe faciles à conduire.
L’erreur de l’image VTT de Porquerolles
On a des VTT, on veut donc faire du VTT. Erreur! À Porquerolles, il est strictement interdit de sortir des pistes. Tous les petits chemins, qu’ils soient plats ou qu’il se prêteraient au down-hill, sont barrés et interdits. La carte que l’on nous donne est une copie de celle affichée à plusieurs endroits dans le village de Porquerolles. On y indique en principe trois boucles à faire à vélo (l’est en violet, le sud en jaune et l’ouest en orange), ce sont les traits pleins sur la carte. Autour de ces trois tours se trouvent des sections additionnelles en tirets, mais ils sont rarement autorisés au VTT, c’est en tout cas ainsi dans les deux tiers ouest de l’île. Il y a quelques pistes entre les champs de culture qui ne sont ni indiqués ni interdits, mais ils n’ont aucun intérêt. Une piste peut-être intéressante est celle de l’axe ouest aux Pamplemousses par le cimetière vers le phare. Attention, il y a aussi des pistes privées interdites comme celle du point 44 par le Mas du Langoustier vers Port Fay, cela occasionne des sacrés détours.
Apprenant toutes ces restrictions sur le tas, nous décidons d’explorer un maximum de l’île durant la journée. Elle est large d’environ 6 kilomètres, il y a du dénivelé et les pistes ne sont pas forcément construites pour aller vite d’un endroit à un autre. Avec toutes les sections à faire obligatoirement à pied et les pauses bien nécessaires pour profiter, nous n’arrivons qu’à faire la partie ouest, le phare et l’échappée en fin de journée vers la Plage Notre-Dame au nord-est.
De Porquerolles à La Pointe du Grand Langoustier
Nous voyons le peu de monde présent sur l’île se dirige plutôt vers l’est. Pour nous il est donc logique de partir dans l’autre sens. Le goudron ne mène que jusqu’au Palmiers, par la suite c’est une large piste forestière qui monte dès les Pamplemousses. Encore en forme, nous optons par la voie intérieure qui passe par la Ferme du Brégançonnet vers l’hôtel du Mas du Langoustier. Voyant la route barrée, nous montons à pied vers le Mont Serrat, mais la vue en est assez embroussaillée.
Le chemin direct vers la la Plage du Grand Langoustier nous est interdit à vélo. Nous devons donc prendre la piste vers le nord-ouest. Elle est majoritairement en descente, mais il y a quand même des remontés. Nous comprenons pourquoi personne ne passe ici.
Des que nous sommes retour sur la piste principale, nous filons en direction de Port Fay. Il ya ici une descente assez prononcée. On a aussi parfois la vue sur la Baie du Grand Langoustier au nord et sur l’Île du Petit Langoustier.
La bande de terre ou de sable entre la Plage du Grand Langoustier au nord et la Plage de Port Fay est aussi le cul-de-sac pour les vélos. L’avancée vers le Fort du Langoustier et la Pointe Sainte-Anne ne peut se faire qu’à pied.
Nous inspectons d’abord la Plage du Grand Langoustier. Elle est complètement vierge de personnes. Nous sommes en short et en t-shirt, mais un vent frais n’invite pas à se baigner ici fin octobre.
Notre premier but après la plage est d’avancer vers la pointe occidentale de Ste.-Anne. Cette presqu’île est assez dénudée de végétation, elle semble être fortement soumise aux vents. L’avant de la pointe est formé par un rocher inaccessible sans mettre les pieds dans l’eau.
On voit au loin des tourelles, des feux et un phare.
Fort du Grand Langoustier
Au retour, nous montons vers le point culminant de la presqu’île qui porte le Fort du Grand Langoustier. La construction du fort a lieu entre 1633 et 1640. Remanié plusieurs fois au cour de son histoire, il ne subit pas de combats, même lors de l’occupation de l’île par les Anglais en 1793. Restauré entre 2006 et 2010, il n’est malheureusement ouvert à la visite que pour les journées européennes du patrimoine, donc un jour par an en septembre.
La tourelle avec coupole rouge rappelle certaines constructions arabes comme la Chiesa di San Cataldo à Palerme en Sicile.
Au loin, nous voyons notre prochain but: le phare de l’Île de Porquerolles.
Mais avant, nous marquons une pause à la petite plage de Port Fay.
Phare du cap d’Arme
Le phare se trouve au centre sud de l’île. Les pistes forestières rapides ne passent cependant qu’au nord. Nous devons donc retourner d’où nous venons. Nous ne suivons pas les tours préconisés et prenons un raccourci utile à partir des Pamplemousses. Il passe près du Conservatoire botanique national et à côté du petit cimetière sous la Montagne de Robert. Pour finir, la piste mène aux étangs et monte ensuite sur la route commune de manière plus soutenue jusqu’au phare.
Le Phare du cap d’Arme est construit en 1830 et sauvé de justesse de la destruction par les troupes allemandes nazies en 1944 par son courageux garde Joseph Pellegrino. Le phare ne se trouve pas sur le point culminant de l’île (le sémaphore plus loin à l’est se trouve bien plus haut), mais on voit d’ici quand même sur un grande partie de Porquerolles et inversement, il est bien vu de presque partout autour.
Autour du phare ne se trouve pas d’endroit agréable pour une pause. Nous cadenassons nos vélos et nous partons vers la Calanque de l’Indienne. Quelque part au-dessus du Pain de Sucre, nous nous posons à un endroit à l’abri du fort vent. On en voit sur une grande partie de la côte sud très escarpée de l’île.
Le dôme vert est un radar militaire sur la partie ouest de Giens. On ne le voit presque pas quand on randonne à Giens.
Au large passent des cargos vers le Port de Marseille. Ici c’est un navire turc.
Comme à l’ouest, le sud de l’île est aussi par endroits dénudé. Cela est un effet de la géologie sous-jacente et des forts vents sur ce front de mer.
Le Moulin du Bonheur
Contrairement à Port-Cros et au Levant, l’Île de Porquerolles a aussi des zones agricoles. On cultive surtout des olives et du vin même si ces deux plantes préfèrent en principe les terrains calcaires.
Historiquement, on subvenait ici presque entièrement à ces besoins, il y avait donc aussi légumes, arbres fruitiers et blé.
En allant vers l’est, on monte un monticule avec un moulin à vent. Le Moulin du Bonheur a été restauré par le Parc National de Port-Cros. Avant, il ne restait que la partie maçonnée éventrée à la porte et abimé sur la partie haute.
Construit dans les traditions des moulins de Provence, il mesure 6 mètres de haut sur 6 mètres de large. La charpente, en bois, est simplement posée sur cylindre conique principal et mobile à 360° pour permettre d’orienter les ailes face au vent. Les murs sont enduits de chaux afin de repousser les rongeurs. Pour protéger sa base de l’humidité et de l’érosion, des galets de silice ornent le pied du moulin.
Plage de Notre-Dame
En passant par le Moulin du Bonheur, nous contournons le fort principale de l’île par le sud et évitons donc aussi le village. On redescend à l’est vers la côte nord et on suit la large piste vers l’est. Nous allons droit à la Plage de Notre-Dame. C’est une plage presque antillaise, il ne manquent que les palmiers. La plupart des visiteurs de l’île sont venus dès le matin ici et on en retrouve encore certains en arrivant vers 14h30.
La partie ouest est très étroite et à l’ombre l’après-midi en automne, la partie nord-ouest est plus large et encore au soleil. Nous avançons à peu près vers le milieu de la plage.
Alex se lance dans la mer. Il y a peu de vent, le soleil chauffe, mais l’eau est quand même très fraîche. Nous avions vu quelques méduses sur la côte continentale, mais pas ici sur l’île.
La fin de la saison se voit un peu partout. Cette rose blanche a échoué sur la plage. De quelle fête mondaine est elle tombée à l’eau? Quelle amoureuse l’a jetée ici?
Les goélands attendent que des miettes tombent de notre casse-croûte. Ils semblent aussi ressentir la fin de la saison. Ils sont certes amusants, mais leur regard est quand même meurtrier. Nous en avons un exemple en retournant de la plage vers nos vélos.
On marche sur la bande fine de sable couverte d’herbes de posidonie et nous voyons deux goélands qui picotent une boulle indéfinissable de loin. En nous approchant, nous voyons que c’est un tas de galets qui semble coller ensemble, c’est un peu plus grand qu’une balle de tennis. André a beaucoup de peine à chasser les goélands de leur proie bizarre pour observer la boule. Elle bouge et après un certain moment on voit des bras d’un petit poulpe sortir entre les galets.
Cette pieuvre s’est aventurée sur la plage et a été attaqué par les goélands. Pour se protéger contre les attaques du bec, elle colle des galets à ses multiples ventouses et s’en entoure complètement pour faire une carapace. Les galets sont cependant très petits et les goélands savent très bien qu’ils finirait par tuer la pieuvre. André ramasse la petite boule d’où sortent des petits bras agités. On ne sait si elle est sérieusement blessée, mais André la lance finalement le plus loin possible dans la mer. Les goélands s’éloignent déçus. Un poulpe de sauvé.
Fort de la Pointe de l’Alycastre
C’est un des nombreux forts se l’île. Sa construction est contemporaine de celle du Fort du Grand Langoustier. Il s’agit d’un ouvrage à tour carrée entouré d’une enceinte en étoile à huit branches. Il est passé du Ministère de la Défense au Conservatoire du littoral en 2011 et semble servir d’entrepot pour le conservatoire. Il ne se visite pas.
Rembarquement
Nous reprenons nos vélos pour la dernière ligne droite jusqu’au village de Porquerolles. Venant de l’est, nous devons gravir une dernière montée derrière le fort. Les vélos sont rendus rapidement, nous sommes les derniers à revenir, on a donc pleinement profité de la journée et des vélos.
Dans le port se trouvent quelques pointus en assez bon état et des navires de plongé. Tous semblent hiverner.
En fin d’après-midi toit le monde rentre et nous devons faire la queue. Nous partons finalement avec la deuxième navette. Cette fois-ci nous naviguons avec le vent et le passage est bien moins agité. Il ne fait cependant pas plus chaud et on met nos pulls.
Notre emplacement au camping de la Tour Fondue est surtout fonctionnel: près des toilettes et de la sortie piétonne vers le village. On n’y trouve que des allemands et des suisses.
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