Le Monumento Natural de los Barruecos est un site assez extraordinaire avec des grands blocs granitiques autour d’un lac. Presque tous les rochers sont couverts de nids de cigognes. Au printemps, celles-ci sont en train de remettre en état leurs nids, de rechercher un partenaire ou de s’accoupler. Le site est peut-être mieux connu sous le nom de Museo Vostell Malpartida, on y montre les œuvres d’un Dalí raté, mais nous ignorons ces réalisations comme des voitures américaines coulées dans des blocs en béton.
Nous sommes à l’ouest de Cáceres et dans l’Estrémadure espagnole, une région loin des radars touristiques. La raison est à chercher dans les cours de la prof d’espagnol d’André au collège de Cogolin dans les années 1980. Il a un vague souvenir de textes sur des contrés sauvages d’où sont partis les conquistadors. C’est en effet une bonne région pour tout ça: il y a de la nature partout, des animaux sauvages à porté de main, des sites à se poser un peu partout et des petites villes chouettes si elles n’avaient pas cette sale histoire: presque tous les mercenaires espagnols en Amérique du Sud (faussement glorieusement appelés conquérants) viennent de cette région pauvre. Elle l’était jadis et elle est encore aujourd’hui une terre d’exil. En passant, il faut différencier l’Extremadura espagnole qui est en gros entre Madrid, le Portugal et l’Andalousie et une Extremadura portugaise qui dénomme une zone côtière
Malheureusement la météo nous limitera dans nos explorations. Le froid et le vent nous accompagnent depuis que nous sommes en Espagne et André a un sérieux rhume et une légère fièvre. Il nous faut donc du repos et de toute manière, il ne servirait à rien de rouler, il fait mauvais de partout en Hispanie durant les 48 heures qui suivent. Nous restons donc deux nuits sur le parking au sud-est de la zone des rochers.
Nous ne sortons que les rares moments de pause de pluie, les photos montrent en gros le premier soir, la journée entière sur place et la matinée après la deuxième nuit où le soleil revient pour une journée entière.
Le soir même, nous ne pouvons rien faire sur place, André est trop malade et les pauses de pluie suffisent à peine pour de dégourdir les jambes. La météo changeante produit aussi des beaux arcs-en-ciel sur un fond très sombre. Ces moments sont de courte durée et il faut sortir sous la pluie pour en avoir des beaux clichés.
Le paysage classique de l’Extremadura: une lande plate couverte de buis, de rochers et de chênes. Mais dans les Barruecos, les rochers sont prédominants. Le 13 avril 2018, la journée où nous restons sans bouger le camion commence très grise, mais il ne pleut pas majoritairement. Nous faisons alors une petite boucle parmi les rochers sur des chemins bien aménagés.
Les indications sur place sont assez spartiates et parfois difficiles à interpréter. Nous marchons donc à notre guise. Les rochers granitiques sont cependant inaccessibles pour la plupart. Les cigognes semblent le savoir puisqu’elles y installent leurs nids. On trouve aussi des traces mégalithiques sous forme de tombes creusés sans les blocs erratiques.
Les rochers ne sont couverts que d’une fine couche de végétaux, ce sont principalement des mousses.
Le temps est gris et les cigognes semblent avoir froid. Nous nous en rapprochons tant que nous pouvons et les derniers mètres sont franchis à l’aide du téléobjectif. Les oiseaux nous ignorent complètement. Nous ne savons pas si c’est dû au mauvais temps des jours précédents, mais ces cigognes ont le plumage blanc assez sale et ne semblent pas s’en occuper particulièrement. On les voit cependant souvent secouer leurs ailes pour faire sécher les plumes.
Les grandes surfaces d’eau attirent et abritent aussi d’autres animaux aquaphiles. Le grand lac est artificiel, mais après les longues pluies, on trouve des flaques de taille considérable un peu partout.
La météo reste très aléatoire et durant la journée, Alex se sent aussi de plus en plus enrhumée. Mais l’endroit quand-même sympa, nous restons une deuxième nuit sans bouger le camion. Peu de gens passent: un autre camion vendéen dont l’occupant est armée d’un gros téléobjectif et quelques gens venant promener leurs chiens. Les plus originaux sont un couple qui se gare à peine cinq mètres à côté de nous alors que le parking est presque vide. Il sortent des cannettes de bière, puis avancent le siège passager afin que le femme puisse bien s’agenouiller et satisfaire l’homme d’affaire. Ah, ces braves espagnols catholiques…
On voit bien qu’il fait plus beau le lendemain, nous sommes le 14 avril 2018. En partant, nous nous arrêtons d’abord près du Centro de interpretación del Monumento Natural Los Barruecos à l’ouest de la route d’accès. Il est certes fermé en cette saison, mais on y trouve un bon point d’eau potable. On peut très bien aussi passer la nuit ici, hors saison c’est peut-être plus calme que sur les parkings près des rochers.
Quelques mètres plus loin au nord, toujours à l’ouest de la route, se trouve la zone spécialement protégée de la Humedal de la Cigüeña, c’est un petit lac où se regroupent plusieurs animaux aquatiques comme des tortues et d’autres. Le matin, cette partie est merveilleusement éclairée par le soleil. Les cigognes sont installés sur des poteaux artificiels.
L’Estrémadure est aussi la région du jamón iberico (serano). On en trouve dans tous les villes et villages moyens et la qualité est bien meilleure des jambons sous plastique exportés hors de la région et que l’on trouve partout ailleurs dans le monde. Nous en mangeons quand nous pouvons, c’est à dire tous les jours!
On voit sur le photos que le beau temps est revenu après la première nuit. Le soleil brille, l’air est frais et nous sommes à peu près remis de notre rhume. Mais les prévisions météo nous annoncent que ce n’est que temporaire. Nous profitions donc de cette journée pour visiter Trujillo.
No Comments