La citerne romaine réhabilite Volterra à nos yeux

INFO:

  • Visite de la ville en 90 minutes

La Toscane est assez proche de chez nous et c’est une destination que nous visons souvent lors de weekends prolongés ou bien nous marquons ici une pause lors de voyages plus loin dans la botte italienne. Nous visitons ainsi presque tous les ans quelques sites et quelques villages ou villes. Il en résulte une impression incomplète de la Toscane et le voyage actuel est une tentative de combler les taches blanches sur notre carte mentale de la Toscane. Cela ne marchera pas parce que la météo nous poussera plus loin et de toute manière, la Toscane est un territoire inépuisable.

Nous étions déjà passé à Volterra au mois de mai 2009, mais nous n’avons qui pris quelques photos au pied de la ville, dont celle-ci-bas. Nous étions de retour de l’Île d’Elbe et notre but de la journée était San Giminiano. Cette année 2020, nous complétons donc le tableau en visitant le centre-ville.

Volterra en arrivant du sud-ouest. Photo © André M. Winter

Volterra en arrivant du sud-ouest. Photo © André M. Winter

La route qui monte en lacets du sud-ouest vers le site est très pittoresque. Elle passe sur des collines typiquement toscanes, labourés suivant les formes du terrain. La route semble être fraîchement refaite, c’est une rareté dans cette partie de l’Italie. En montant sous les murs de la ville, nous voyons que nous ne sommes pas les seuls touristes ici. Apparemment, les gens se concentrent en dépit du corona virus. Les parkings touristiques sont tous au nord, nous continuons cependant vers l’ancienne gare. Il s’agit d’une zone bleue, mais le parcmètre n’émet que des tickets pour bus à EUR12 pour quelques heures. Nous laissons donc un papier en italien boiteux indiquant que le parcmètre est défectueux. On ne payera finalement rien.

On monte donc à pied vers le ville fortifiée et on passe vite la Porta a Selci. La forteresse sur la gauche est impressionnante, mais elle ne se visite pas, c’est une prison d’état.

La Porta a Selci de Volterra. Photo © André M. Winter

La Porta a Selci de Volterra. Photo © André M. Winter

Ce qui ressemble à un petit village en montant du sud-ouest est en fait une grande ville médiévale typiquement toscane. La ville, célèbre pour l’extraction et le traitement de l’albâtre, était l’une des principales cités-états de l’ancienne Toscane (Étrurie). Au Moyen Âge, elle était le siège d’un important évêché ayant juridiction sur une grande partie des collines toscanes. Un peu comme à Pise et à Florence, on trouve un palais municipal avec une grande tour, une cathédrale aux rainures blanches et noires et un baptistère octogonal. On trouve aussi des ruelles sombres bordés de hautes maisons en briques comme à Sienne. Le tout est cependant plus petit que les grandes villes toscanes citées, plus tassé et il manque donc aussi les petites places charmantes. Cela nous désoriente et nous déçoit un peu, mais c’est notre erreur de nous attendre à un village.

Il Palazzo dei Priori de Volterra. Photo © André M. Winter

Il Palazzo dei Priori de Volterra. Photo © André M. Winter

Installation de Bodies sur la Piazza dei Priori à Volterra. Photo © André M. Winter

Installation de Bodies sur la Piazza dei Priori à Volterra. Photo © André M. Winter

Vue de la Piazza XX Settembre vers la partie ouest de Volterra. Photo © Alex Medwedeff

Vue de la Piazza XX Settembre vers la partie ouest de Volterra. Photo © Alex Medwedeff

Le tout n’est quand même pas touristique à être payant partout. Ainsi la cathédrale et le baptistère se visitent librement. Il n’est pas sûr que la Cathédrale Santa Maria Assunta soit la première cathédrale de la ville, car il existait déjà au 9e siècle une église dédiée à Sainte Marie. Reconstruite après le violent tremblement de terre de 1117, et consacrée en 1120, elle est agrandie dans la seconde moitié du 13 siècle, puis remaniée en 1584 par Leornardo Ricciarelli et enfin restaurée après la Seconde Guerre mondiale. (Source Wikipédia)

Du côté de la Piazza dei Priori, l’accès à la cathédrale est coincée entre deux palais.

Cathédrale Santa Maria Assunta de Volterra vue de la Piazza dei Priori. Photo © André M. Winter

Cathédrale Santa Maria Assunta de Volterra vue de la Piazza dei Priori. Photo © André M. Winter

Nef de la Cathédrale Santa Maria Assunta de Volterra. Photo © André M. Winter

Nef de la Cathédrale Santa Maria Assunta de Volterra. Photo © André M. Winter

La chaire à prêcher a été réassemblée en 1584 avec des pièces du 12e siècle, probablement dues au sculpteur pisan Bonamico.

Détail de la chaire de la Cathédrale Santa Maria Assunta de Volterra. Photo © André M. Winter

Détail de la chaire de la Cathédrale Santa Maria Assunta de Volterra. Photo © André M. Winter

La façade principale se trouve en face du baptistère au sud-ouest.

Façade principale sud-ouest du Duomo di Volterra. Photo © André M. Winter

Façade principale sud-ouest du Duomo di Volterra. Photo © André M. Winter

Le Battistero di San Giovanni di Volterra date de la seconde moitié du 13e siècle. Le côté faisant face au Duomo, caractérisé par un revêtement de bandes de marbre blanc et vert, est orné d’un portail roman attribuable aux ouvriers de Nicola Pisano. L’intérieur est marqué par six niches. Les grands fonts baptismaux au centre sont l’œuvre de Giovanni Vaccà (1759) et sont surmontés d’une statue de Saint-Jean-Baptiste réalisée par Giovanni Antonio Cybei en 1771. Au fond à droite se trouvent les anciens fonts baptismaux réalisés par Andrea Sansovino en 1502.

La Piazza San Giovanni à Volterra. Photo © André M. Winter

La Piazza San Giovanni à Volterra. Photo © André M. Winter

La ville étant construite sur une colline et fortifiée de toute part, il y a donc plusieurs points de vue comme au sud-ouest sur le Via Lungo le Mura.

Via Lungo le Mura au sud-ouest du centre de Volterra. Photo © André M. Winter

Via Lungo le Mura au sud-ouest du centre de Volterra. Photo © André M. Winter

Vue vers le sud-ouest de Volterra. Photo © André M. Winter

Vue vers le sud-ouest de Volterra. Photo © André M. Winter

Le paysage au sud-ouest de Volterra. Photo © Alex Medwedeff

Le paysage au sud-ouest de Volterra. Photo © Alex Medwedeff

Le théâtre romain de Volterra est facile à visiter, une rue passe juste au dessus et on a une bonne vue sur les gradins et ce qui reste de la scène. Il date du premier siècle avant notre ère et pouvait accueillir 3000 spectateurs. Le théâtre est donc de dimensions comparables à ceux de Trieste, Djemila ou Dougga. Durant la seconde guerre mondiale, un camp nazi était installé là où débutent les visites du théâtre actuellement.

Le théâtre romain de Volterra. Photo © Alex Medwedeff

Le théâtre romain de Volterra. Photo © Alex Medwedeff

Nous ne visitons pas le Musée étrusque Guarnacci parce qu’il ne pleut pas comme prévu. Le temps reste couvert et lourd, nos montons donc sur le Piano di Castello, c’est la colline sommitale de la ville. On y trouve des vestiges de l’acropole étrusque que les romains ont remaniés maintes fois et qui son difficiles interpréter sans guide.

Le Palazzo dei Priori et d'autres tours vus de l'acropole étrusque. Photo © Alex Medwedeff

Le Palazzo dei Priori et d’autres tours vus de l’acropole étrusque. Photo © Alex Medwedeff

Mais sur cette colline se trouve aussi une ancienne citerne romaine en parfait état de conservation. Elle nous rappelle la Piscina mirabilis à Misène près de Naples. Mais comme avec les autres monuments cités plus haut, elle est à la mesure de la ville bien plus petite. La citerne servait de réserve d’eau potable pour la population, il s’agit donc d’une installations civile. Le sol, les murs et les voûtes sont construites en béton et par moulage, six piliers soutiennent l’ensemble. Le réservoir est long de 21 mètres, large de 14 mètres et haut de 9 mètres. Ce volume pouvait fournir de l’eau potable à environ un millier de personnes, soit une grande partie de la population d’un quartier de Roman Volterra.

Au fond de la citerne romaine de Volterra. Photo © André M. Winter

Au fond de la citerne romaine de Volterra. Photo © André M. Winter

D’un autre côte, cela exigeait aussi un acheminement compliqué. La citerne recueillait l’eau de pluie qui y coulait au moyen d’une série de tuyaux placés au sommet des murs. Une ouverture sur le côté nord transportait l’eau jusqu’à une fontaine construite dans un endroit non spécifié, peut-être près du forum de la ville, qui était situé plus bas. On ne sait pas s’il y avait une ouverture sur le dessus du toit pour y accéder directement. Plusieurs fois à partir de la fin du 16e siècle, on projetait de restaurer la piscine pour la réutiliser, mais ces tentatives ont échoué.

Piliers de la citerne romaine de Volterra. Photo © André M. Winter

Piliers de la citerne romaine de Volterra. Photo © André M. Winter

Ticket pour l'acropole étrusque de Volterra. Photo © André M. Winter

Ticket pour l’acropole étrusque de Volterra. Photo © André M. Winter

Le ticket de l’acropole étrusque vaut aussi pour la citerne romaine.

Carte OpenStreetMap de Volterra

Carte OpenStreetMap de Volterra

Nous restons tanqués dans un champ toscan

Volterra se couvre de nuages et nous quittons la ville vers midi, notre but étant Florence. Il y a des voies rapides, mais nous avons du temps et nous faisons donc un détour par la voie moins fréquenté qui passe par Casole d’Elsa. L’idée est de voir du pays. La pluie cesse certes, mais le ciel ne se dégage pas, nous ne faisons donc que rouler. Vers 13h, nos estomacs réclament leur part et nous cherchons une place pour notre casse-croute. Nous ne trouvons rien de potable, sauf une piste qui part en angle droit de la route vers les hameaux de Bufalaia et de Bisciano. Il n’y a pas de place de se mettre à  l’écart, nous nous arrêtons donc en plein milieu de cette ligne droite de trois kilomètres à un endroit où la route est un peu plus large. Nous croyons que c’est juste un chemin agricole, mais des quelques voitures passent. C’est ce qui nous sauvera par la suite.

Après le déjeuner il s’agit de faire demi-tour. André prend le volant et commence à tourner fort à gauche pour enduite reculer en braquant à droite et ainsi de suite. Mais à la première marche arrière, le malheur arrive. Il regarde certes dans rétroviseur pour voir le bord de la piste de gravier, mais il regarde du mauvais côté. En effet, dans le cas de cette route étroite, c’est la roue arrière droite (côté passager) qui arrive en premier au bord, or André regarde le retro gauche. Le temps de tirer le frein à main, la deuxième roue descend aussi du revêtement dur.

Le camion est donc en travers de la route, une des roues es complètement enfoncée dans la glaise ramollie par les pluies des jours précédents. On s’enfonce de quelques centimètres, rien qu’en marchant sur ce champ. Les roues tractrices dotes de pneus hiver accrochent bien, mais les deux roues arrières sont tellement enfoncées que le cadre touche la route. Avec une pelle pliable, André enlève un peu du bord de la route et en jouant de l’embrayage et en faisant fumer les pneus, il arrive à dégager la roue gauche. Mais celle de droite ne bouge pas.

Entre temps, des gens arrivent et veulent passer. Un homme de la ville, noblement vêtu et arrivant dans une petite Lancia voit qu’il ne passera pas, tente de nous aider, mais pousser un camion de trois tonnes hors de l’argile n’est pas possible. Il téléphone néanmoins à un ami pour nous tirer de là. Celui-ci arrive assez vite, mais en seulement en moto. On nous assure cependant que quelqu’un d’autre arrivera en tracteur. Les gens parlent tous anglais, cela aide beaucoup.

Ne voulant pas rester inactif, André tente de dégager l’autre roue avec le cric. Il y a de la place pour le placer, mais le manque de planches est crucial. Il en faudrait une sous le circ pour qu’il soulève le camion sans s’enfoncer dans la terre vaseuse et une autre à placer sous la roue une fois celle-ci levé. Nous n’avons cependant qu’une cale. Le temps de placer  le cric et de voir qu’il faudrait plus de matériel, d’autres véhicules arrivent, mais ils sont tous trop petits pour nous tirer de cette mauvaise passe.

Une Fiat Uno veut passer, mais le conducteur voit qu’il n’y a pas assez de place. Il sort une tronçonneuse du coffre et rase les buissons en face. Cela aidera d’autres à passer, parmi eux un suisse avec un faux 4×4 qui ne sous sert pas non plus. Finalement tous les gens partent et nous restons seuls avec la promesse faite qu’un tracteur arrivera.

André est en train de se remettre à travailler dans la boue pour lever cette roue quand arrive un 4×4 de taille moyenne. Il s’arrête bien avant notre camion pour faire demi-tour, nous comprenons alors qu’il recule pour nous tirer. Notre sauveur est donc arrivé. La corde de remorquage est placée depuis longtemps et le camion donc est vite attaché à la boulle d’attelage du 4×4. Les rampes qu’André avait creusé dans le bord de la route aident beaucoup, le camion sort facilement et sans grincement de pneus ou d’embrayage. Un grand merci en tout cas à cette aideur anonyme!

Toute cette manœuvre et surtout la tentative de nous dégager nous mêmes a crée un fouillis dans la voiture, le circ, la pelle,  la calle et André sont pleins de boue et la moitié du coffre est à ranger car certains de ces éléments ne sont pas si facilement accessibles. Nous n’avons que deux photos de très mauvaise qualité de cette mésaventure, le portable était dans la poche d’André et la lentille de l’appareil photo et pleine de buée.

Tout est humide dans le camion, nous rolons donc pour chauffer et pour sécher. Nous avons certes perdu du temps, mais comme le temps n’est pas aux visites, cela ne change rien. À Poggibonsi, nous faisons les courses pour les jours à venir. Alex y va seule et André range entre temps la voiture. La voie rapide puis l’autoroute nous mènent ensuite vite à Florence.

Carte OpenStreetMap de notre route entre Volterra et Florence

Carte OpenStreetMap de notre route entre Volterra et Florence

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