Visite du site antique de Delphes

La veille, nous nous assurons que nous pouvons sortir du camping avant huit heures car c’est l’heure d’ouverture des caisses de Delphes. Comme aux Météores, nous arrivons donc de bonne heure au site le 13 mai 2022. Cela a des avantages évidents: les places de parking légales sont très limités et comme nous entrons vraiment à huit heures pile, nous n’avons personne devant nous. Nous voyons tous les monuments importants sans autres personnes qui gêneraient.

Le site est séparé en plusieurs parties distinctes avec des entrées individuelles. Les parties payantes sont le site principal et le musée, ces deux coûtent ensemble EUR12,- par personne. Il y a une entrée et une sortie unique au site extérieur principal et au musée, on n’entre aux deux qu’une seule fois avec un ticket. Le site de la source Castalie est fermée depuis longtemps à cause du risque de chute de pierres. Le site du gymnase n’est pas gardé et donc fermé, mais on le voit bien de la route qui mène au Tholos. Ce dernier site est ouvert et son accès est gratuit. Tous les sites sont étroitement surveillés, on reconnaît de loin les cabines brunes placés aux points névralgiques. Il n’est pas sage de franchir les barrières clairement placées.

Nous stationnons sous le site principal et c’est le premier que nous visitons. Il y a ici des caisses comme au musée. On reçoit un dépliant en anglais avec un plan de la partie centrale du site et quelques explications. Sur le site sont installés des grands panneaux explicatifs en grec, en anglais et en français. Ils sont parfois un peu cachés et pas toujours près des ruines qu’ils décrivent. Certains points sont cependant passés sous silence comme le fameux rocher naturel duquel les Sybilles énonçaient leurs prédictions. Le chemin monte des caisses jusqu’au stade avec quelques variantes.

Le plan ci-bas montre tout le site, en sombre est la partie centrale avec les caisses dans la partie basse près de la route. Par cette partie centrale est aussi accessible le stade en haut à gauche. Dans l’angle de la route se trouve la source Castalie, au-dessous est le Gymnase et un peu plus loin l’accès au sanctuaire d’Athéna Pronaia.

Nous visitons le Αρχαιολογικό Μουσείο Δελφών (Musée archéologique de Delphes) entre le site principal extérieur et le sanctuaire d’Athéna Pronaia, les photos du musée sont cependant toutes rangés dans le cheminement à travers le site. Il n’y a pas de grands groupes dans le musée quand nous le visitons bien que 10 heures soit déjà passé. Contrairement à d’autres sites, beaucoup de pièces maîtresses sont restés sur place à Delphes. Les salles sont arrangés en ordre chronologique et on peut bien replacer les sculptures dans leur contexte si on a visité les fouilles juste avant. On peut y photographier et filmer, mais uniquement sans flash ou lumières. En sortant peu avant midi, nous voyons clairement que le nombre de visiteurs empire, une centaine d’écoliers attend sur la grande place du musée. Imaginer leur vacarme dans les salles sombres et nobles du musée nous rend contents d’être arrivés si tôt.

Plan du Sanctuaire d'Apollon de Delphes. Photo © André M. Winter

Plan du Sanctuaire d’Apollon de Delphes. Photo © André M. Winter

Delphes a été fouillé à la fin du 19e siècle par l’École française d’Athènes. Le site figure parmi les monuments du Patrimoine Culturel Mondial protégés par l’UNESCO.

La région occupée par le sanctuaire d’Apollon se trouve sur une pente à fort clivage au pied de la chaine calcaire de la Phédriade Occidentale, aujourd’hui appelée Rhodini. Le sanctuaire d’Athéna Pronaia est 1500 mètres plus loin à l’est. On pense qu’au début, Gaia, la première divinité du sanctuaire, était vénérée au même endroit. Des vestiges de la période mycénienne, découverts au nord du Temple d’Apollon, sont probablement liés au culte de Gaia. Néanmoins, le sanctuaire connaît son apogée avec l’arrivée du culte d’Apollon et le rôle joué par l’oracle lors de la deuxième colonisation au 8e siècle avant notre ère. Delphes est d’ailleurs décrit par Homère comme un lieu avec de nombreuses richesses.

La dispute entre Apollon et Hercule convoitant tous deux le trépied de Delphes, thème iconographique répandu dans l’Antiquité, révèle le poids de l’oracle de Delphes et de ses prédictions. Apollon est reconnu comme le principal dieu oraculaire: il répond aux attentes profondes des hommes soucieux de connaître leur avenir et de prendre les décisions appropriées. À Delphes, la consultation de l’oracle se tenait une fois par mois, dans les profondeurs du temple (adyton) où la volonté du Dieu s’exprimait à travers les cris délirants de la Pythie, dont les propos confus étaient repris par les prêtres en vers métriques. Les six cent quinze oracles parvenus jusqu’à nous ont été transmis par des sources administratives publiques et de rares épigraphies. Ils étaient rendus en réponse à des questions en tout genre liées aux affaires militaires, religieuses et propres aux cités-États ou à des affaires personnelles telles que la réhabilitation familiale, la victoire à l’occasion de jeux-concours, etc. Les interprétations des oracles étaient toujours ambiguës et laissaient toute latitude de les déchiffrer au gré de qui les sollicitait, d’où le surnom de « loxias » donné à Apollon, autrement dit l’oblique ou l’équivoque.

L’espace du sanctuaire a été entouré d’un péribole construit accessible par des portes d’entrée à l’ouest et à l’est. En dehors du péribole, qui a été élargi à divers endroits au courant des siècles, s’étendait la ville de Delphes. La formation progressive sur différents niveaux, avec la construction de terrasses, a été dictée par le besoin d’aplanir le terrain et l’aménagement d’espaces plus grands pour la construction des nombreuses offrandes. Le premier temple d’Apollon a été construit en pierre au 6e siècle avant notre ère tout comme la majorité des trésors, c’est-à-dire de petites constructions en forme de temples, qui abritaient les offrandes des cités en commémoration de victoires militaires et de faits de guerre: l’élégant Trésor des Siphniens, le Trésor restauré des Athéniens, les trésors des Corinthiens, des Mégariens et des Béotiens.

Reconstitution du sanctuaire d'Apollon par Albert Toumaire de 1894. Photo © André M. Winter

Reconstitution du sanctuaire d’Apollon par Albert Toumaire de 1894. Photo © André M. Winter

Les noyaux de l’aménagement sont le temple principal d’Apollon et la Voie Sacrée qui part de l’entrée principale à l’angle sud-est du péribole et suit un chemin sinueux pour aboutir au temple, en avant du grand autel, offrande de Chios. Le long de la Voie Sacrée, des centaines d’offrandes ont été érigés au fil du temps, comme des statues de divinités et de de personnes vénérées et d’autres œuvres d’art, des colonnes ou des stèles, offrant dès l’Antiquité l’aspect d’un musée de plein-air unique. Aujourd’hui, très peu de ces constructions sont conservées et l’on dispose d’informations grâce aux inscriptions qui sont conservées et aux écrits des auteurs anciens, comme la description détaillée du sanctuaire par le voyageur Pausanias au 2e siècle de notre ère.

Le péribole s’étend vers le nord pour comprendre, dans son angle nord-ouest, le Théâtre, construit sur un terrain à forte pente. Le dernier monument que rencontre le visiteur à l’intérieur du sanctuaire, pratiquement en contact avec le mur nord du péribole, est la Lesché des Cnidiens qui comportait les représentations peintes par Polygnote au 5e siècle avant notre ère. Leurs thèmes étaient ta Prise de Troie à droite de l’entrée et la descente d’Ulysse aux enfers à gauche. En dehors du péribole du sanctuaire, en suivant un petit chemin qui monte et à une distance d’environ 500 mètres, le visiteur peut admirer le Stade de ta ville.

L’Agora Romaine Delphes

Les romains ont respectaient certes la culture grecque tout en s’en inspirant beaucoup, mais cela ne les empêche pas de coloniser le territoire et de s’installers avec leur propres monuments sur tous les sites rituels et névralgiques. On trouve donc au pied du site central de Delphes une Agora Romaine, c’est-à-dire un centre commercial et administratif bien distincts par le style des monuments qui suivent.

L’Agora Romaine a été construite sur un des accès au site grec et au début de la Voie Sacrée, que suivaient les processions des Pythiques et des autres fêtes. C’est par cette entrée que les théopropes pénétraient dans le sanctuaire après leur purification à la fontaine Castalie.

Colonnes de l'Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

Colonnes de l’Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

On reconnaît la partie romaine à la construction des murs en type opus reticulatum.

Mur de l'Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

Mur de l’Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

De l’agora, l’espace de rassemblement et des échanges commerciaux de l’Antiquité tardive (4e siècle de notre ère), n’est conservé aujourd’hui que le portique ionique nord. Il s’agit de l’un des trois portiques qui entouraient le grand espace orthogonal dallé de l’Agora. À l’arrière de ce portique, se trouvaient cinq boutiques, où les fidèles qui visitaient le sanctuaire pouvaient s’approvisionner en offrandes et en souvenirs.

Chambre de l'Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

Chambre de l’Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

Représentation de l'Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

Représentation de l’Agora Romaine de Delphes. Photo © André M. Winter

La Voie Sacrée

L’axe montant qui suit est bordé des ruines des trésors des différentes villes grecques. L’Oracle de Delphes était payant et on y contribuait à l’avance. Les villes entassaient des trésors dans des petits temples le long de cette route qui passe le Rocher de la Proclamation et qui mène jusqu’au Temple d’Apollon. Les dalles de pierre qui recouvrent la voie sacrée datent de l’Antiquité tardive.

Aujourd’hui, seules leurs bases sont conservées ainsi que de nombreuses inscriptions qui font de Delphes la plus grande bibliothèque à ciel ouvert d’authentiques textes anciens.

Pierre avec inscriptions à Delphes. Photo © Alex Medwedeff

Pierre avec inscriptions à Delphes. Photo © Alex Medwedeff

Vue de la Voie Sacrée vers la Tholos. Photo © André M. Winter

Vue de la Voie Sacrée vers la Tholos. Photo © André M. Winter

Parmi les monuments les plus importants situés au début de la Voie Sacrée, on compte:

  • La base en pierre du taureau en bronze des Corcyréens, une œuvre du sculpteur éginète Théopropos. La sculpture avait d’abord été érigée dans le secteur du Temple d’Apollon au début du 5e siècle avant notre ère par les Corcyréens qui ont dépensé un dixième du profit de leur pêche fructueuse après avoir consulté l’oracle de Delphes. Au 4e siècle avant notre ère, il a été transféré sur un emplacement plus bas pour libérer de l’espace en avant du temple.
  • La base des Arcadiens, sur laquelle s’élevaient neuf statues de bronze, parmi lesquelles une statue d’Apollon. Selon un épigramme, les statues ont été dédiées par les habitants d’Arcadie après avoir pillé la Laconie en -370.
  • La base des navarques (amiraux) de Sparte, offerte par les Lacédémoniens après leur victoire contre les Athéniens à Aigos-Potamoi en -404.
  • La base des Athéniens, daté de -465, attribuée au sculpteur Phidias. Elle a été érigée une génération après la victoire historique contre les Perses à Marathon, pour rendre hommage à la cité d’Athènes. L’offrande comportait treize statues en bronze représentant les dix héros éponymes des tribus d’Attique, le général Miltiade, Apollon et Athéna. À l’époque hellénistique, trois statues y ont été ajoutées elles représentent les diadoques d’Alexandre le Grand, c’est-à-dire Antigone, Démétrios Poliorcète et Ptolémée.
  • La base de la ville d’Argos pour commémorer sa victoire contre les Lacédémoniens en -457. Ell e a été érigée à côté de la base des Athéniens, sur le côté gauche de ta voie sacrée. Aujourd’hui, seule la grande conque serni-circulaire de l’offrande est conservée, sur laquelle étaient représentes la tragédie des Sept Chefs contre Thèbes et les Epigones.

En face de la base des Argiens et à droite de la voie sacrée, une deuxième exèdre semi-circulaire de même taille a été dédiée au sanctuaire par la cité d’Argos.

Les monuments de la Voie Sacrée. Photo © André M. Winter

Les monuments de la Voie Sacrée. Photo © André M. Winter

Exèdre des Epigones. Photo © André M. Winter

Exèdre des Epigones. Photo © André M. Winter

  • L’Offrande de Lysandre ou des Navarques est offerte en -404 après la victoire des Lacédémoniens sur les Athéniens lors de la bataille navale d’Aegos Potamos (-405). Pausanias, le périégète, et Plutarque mentionnent ce monument. Selon l’étude de l’architecte Didier Laroche, l’offrande avait la forme d’un socle carré sur lequel avaient été placées 39 statues en bronze, et non 37 comme écrit Pausanias. L’érection de ce monument est liée à la montée en puissance de Sparte et à l’affaiblissement de la démocratie athénienne. Sur le côté principal du monument tourné vers la Voie sacrée se tenaient les Dioscures, Zeus, Apollon et Artémis, le vainqueur de la bataille, Lysandre que couronnait Poséidon, ainsi que les statues d’ Hermon, le capitaine du navire amiral, d’Agias, le devin etc. Les statues des trois autres côtés représentaient les navarques de la flotte alliée qui remportèrent la victoire sur les Athéniens sous la conduite de Lysandre.
  • L’Offrande de Marathon est au sud du monument de Lysandre. L’offrande est datée peu d’années après la bataille de Marathon, en -490. Selon Pausanias, pour sa construction a été utilisé un dixième du butin de la bataille. Sur le socle d’une longueur de 15 mètres se dressaient 13 statues en bronze, la déesse Athéna, le dieu Apollon, les tratège Miltiade, les 10 héros éponymes qui, conformément à un oracle de la Pythie de Delphes, ont donné leur nom aux tribus de la cité d’Athènes. Des témoignages antiques nous apprennent que les statues étaient l’œuvre du sculpteur classique Phidias. À l’époque hellénistique ont été ajoutés trois autres statues, celles des Diadoques, les successeurs d’Alexandre.
  • Une reproduction du Cheval de Troie est érigé par les Argiens en -414 après leur victoire sur les Spartiates, sans doute pour manifester l’importance de leur victoire. Selon la description de Pausanias, c’était une œuvre d’Antiphane d’Argos. Aujourd’hui seuls sont conservés les blocs du socle à degrés et une dalle avec la trace d’un scellement pour fixer la statue du cheval.
  • L’ Offrande des Tarentins des habitants de Tarente est faite à Delphes après leur victoire sur les Messapiens, au début du 5e avant notre ère. L’offrande était une œuvre d’Agéladas d’Argos, comme nous l’apprenons de Pausanias. Sur le socle de la statue, en partie conservée, se lit l’inscription suivante:  »Les Tarentins à Apollon, sur le dixième du butin pris aux Messapiens ». La base supportait des statues en bronze représentant des chevaux et des femmes captives.
Représentation graphique des monuments de Lysandre, de Marathon, du Cheval de Troie et des Tarentins. Photo © André M. Winter

Représentation graphique des monuments de Lysandre, de Marathon, du Cheval de Troie et des Tarentins. Photo © André M. Winter

Le Trésor des Sicyoniens

Ce monument n’a pas été relevé, mais ses frises sont en partie rassemblés et exposés au musée sur le site de Delphes. Le Trésor des Sicyoniens a été construit aux alentours de -500. Les Trésors étaient de petites constructions en forme de temple qu’offraient les cités-État grecs et leurs colonies aux sanctuaires. Souvent, ils abritaient des offrandes des cités qui les ont consacrés. Ce monument était en tuf, d’ordre dorique avec deux colonnes in antis en façade. Les fondations du Trésor avaient été construites comme une sorte de bastion d’une hauteur de plus de 3 mètres. Les blocs architecturaux en tuf, trouvaille importante, ont été découverts lors de la fouille au niveau des fondations du Trésor, ils témoignent de l’existence de deux constructions plus anciennes. La première construction date de -580 environ et devait avoir un plan circulaire (tholos). La deuxième construction date de -560, elle présentait un plan orthogonal avec des colonnes sur le pourtour (monoptère). Cinq métopes à relief représentant des scènes mythologiques appartiennent à cette construction, elles constituent un exemple de sculpture de très bonne qualité du 4e siècle avant notre ère. Il se peut que cet édifice ait été érigé pour abriter le char du tyran de Sicyone, Clisthène, vainqueur de la première course pythique, en -582.

Le Trésor des Siphniens

Il se trouve à l’ouest et en contact avec le Trésor des Sicyoniens. Il s’agit d’une construction de petites dimensions et d’une offrande des habitants de Sifnos vers -525. Selon l’historien Hérodote (5e siècle avant notre ère) et le voyageur Pausanias (2e siècle), le trésor a été construit avec la dîme, c’est-à-dire un dixième des revenus de l’exploitation des mines d’or et d’argent de Sifnos. Excepté les fondations, il était entièrement construit en marbre brillant et son élégance ressortaient au sein du téménos d’Apollon. Sa façade se distinguait par la richesse exceptionnelle de son décor. Deux Corés ou Carathides, placées sur la façade occidentale entre les parastades, c’est-à-dire les extrémités des murs latéraux, retenaient le poids du couronnement richement décoré. La frise avec les magnifiques représentations couvrait le pourtour de l’édifice sur une longueur de 30 mètres.

Les frises ci-bas sont exposées au musée, le dessin noir et blanc provient d’un tableau sur le site extérieur.

Sur le petit côté est, se tient représentée une assemblée des Dieux. À gauche, sont assis les dieux qui protègent les Troyens: Arès, Aphrodite, Artémis, Apollon et Zeus sur un trône luxueux. Face à lui, est représentée Thétis, la mère d’Achille, qui touche les genoux de Zeus en un geste de supplication en faveur de son fils. À droite, sont assises Athéna, Héra et Déméter, divinités protectrices des Achéens, et immédiatement à côté se déploie une scène de combat. De part et d’autre du cadavre d’un guerrier, les héros des Troyens (à gauche) combattent contre les Achéens (à droite). Le vieux Nestor qui encourage les Achéens ferme la scène.

Frise est du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Frise est du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Les quelques figures qui ont été sauvegardées sur le petit côté ouest permettent d’avancer que le thème représenté était celui du jugement de Pâris pour le choix de la plus belle des déesses entre Athéna, Aphrodite et Héra. Le choix d’Aphrodite lui valut en retour la plus belle des mortelles au monde, Hélène, épouse de Ménélas: son enlèvement conduisit à la guerre de Troie. La première des déesses à se présenter pour le jugement est Athéna, qui semble juchée sur son char ailé. À l’extrémité gauche, se tient Hermès. Aphrodite descend de son char avec grâce, elle tient son collier non sans coquetterie. Sur la partie perdue, on peut supposer qu’Héra montait elle aussi sur son char et s’en va après avoir été rejetée. Enfin, il y aurait le juge des divinités, Pâris.

Des parties importantes de la frise sud étant manquantes, nous ne pouvons qu’imaginer le thème qu’elle représentait. C’est probablement le thème populaire de l’Enlèvement des femmes. Cependant, les fragments survivants sont des chevaux en relief, bien sculptés et pleins d’énergie, qui prouvent la maîtrise de l’artiste.

Frise ouest Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Frise sud Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Le thème du long côté nord est une Gigantomachie: le contact des deux Olympiens contre les Géants, fils de la Terre. Le mythe de l’affrontement qui aboutit à la victoire des Olympiens est l’un des thèmes favoris de l’art grec archaïque et symbolise le triomphe de l’ordre et de la civilisation sur la sauvagerie et l’anarchie. Les deux combattent rudement pour renverser les Géants qui les attaquent depuis la droite avec les lances, des épées et des pierres. À gauche, Héphaïstos, vêtu du chiton court de l’artisan, se tient debout devant son soufflet de forge et prépare les projectiles rougis au feu. Suivent Déméter et une Coré, puis Dionysos vêtu d’une peau de fauve et Cybèle juchée sur un char tiré par des lions. Les deux divinités qui tirent leur flèches contre quatre Géants ont été identifiés comme Apollon et Artémis. Un Géant qui porte un casque avec un décor de canthare en relief tirant de la son nom de Cantharos leur fait face. Une inscription sur le bouclier d’un Géant indique l’auteur des reliefs, malheureusement le nom n’est pas lisible. Plus loin doit avoir été représenté Zeus sur son char, suivi de Héra, Athéna, Arès avec casque et bouclier et Hermès. La figure de Poséidon est fragmentaire, il est probablement accompagné de son épouse Amphitrite.

Frise nord du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Frise nord du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Frise nord du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Frise nord du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Détail de la frise nord du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

Détail de la frise nord du Trésor des Siphniens. Photo © André M. Winter

La colonnette entourée de trois corés en bas à droite supportant initialement une vasque en marbre de Paros et remonte au premier quart du 6e siècle avant notre ère. C’est un périrrhantérion, c’est-à-dire un bassin utilisé dans les rituels.

Après le Trésor des Siphniens, nous arrivons au grand tournant, appelé « croisement des trésors », entouré de trésors de nombreuses cités grecques. Ils datent tous de la fin du 6e et du début du 5e siècle avant notre ère: le Trésor des Béotiens, le Trésor des Mégariens, le Trésor des Thébains et leTrésor des Athéniens en haut.

Le Trésor des Athéniens

Le seul monument remis debout est le Θησαυρός των Αθηναίων (Trésor des Athéniens) qui ressemble à un petit temple classique. C’est donc le monument le mieux conservé du sanctuaire d’Apollon. Entièrement réalisé en marbre blanc de l’Île de Paros, il a été dédié par les Athéniens. Il est le seul édifice à se présenter aujourd’hui dans ses dimensions réelles sur le site de Delphes. Sa consécration commémorerait la naissance de la démocratie athénienne suivant le renversement de la tyrannie des Pisistratides en -510 ou leur victoire sur les Perses à Marathon en -490. On estime qu’il fonctionnait comme une sorte de chambre forte, dans laquelle étaient gardés les trophées provenant des grandes victoires remportées par la cité d’Athènes ainsi que d’autres offrandes en l’honneur d’Apollon.

Restitution de la façade du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Restitution de la façade du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Cet édifice adopte la forme d’un petit temple d’ordre dorique. Sa façade est composée de deux colonnes dressées entre les antes. Le monument a été restauré pour la première fois entre 1903 et 1906 aux frais de la Mairie d’Athènes. La seconde restauration a été achevée en 2004 par le Ministère de la Culture et du Tourisme.

Face latérale sud du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Face latérale sud du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Quelques blocs du mur extérieur sud du trésor des Athéniens portent des inscriptions musicales. Il s’agit d’hymnes dédiés à Apollon, qui représentent la plus ancienne transcription d’une mélodie. En effet, entre les vers, écrits en alphabet ionien, des notes ont été gravées, qui constituaient des indications pour le chœur ainsi que pour l’accompagnement instrumental. La musique instrumentale (cithare, lyre, flûte) était transcrite par des combinaisons de caractères et des signes de ponctuation. Les hymnes ont été composés par Athénée et Limenios, puis gravés sur le mur du trésor lors de la Pythaïde de -128. Dépourvus de division en strophes et de répétition de la mélodie, les deux hymnes accompagnaient des sacrifices et la cérémonie religieuse par lesquels les participants à la procession de la Pythaïde, venus d’Athènes, honoraient Apollon. Un chœur de plusieurs personnes, accompagné de lyres et de flûtes (auloi), psalmodiait les hymnes.

Les deux photos ci-bas sont prises sur les pierres exposées au musée.

Inscriptions musicales du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Inscriptions musicales du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Inscriptions musicales du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Inscriptions musicales du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Textes et couronnes de lauriers sur la face latérale sud du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Textes et couronnes de lauriers sur la face latérale sud du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Le trésor dédié par les Athéniens à Delphes constitue un exemple représentatif de ces édifices votifs qui reproduisent, à une échelle nettement plus petite, la forme d’un temple et qui comportent une décoration sculptée dans les parties hautes (métopes, frontons, acrotères). Les murs du trésor des Athéniens sont couronnés d’une frise dorique de trente métopes, dont d’assez nombreuses sont conservées. Les originaux sont exposés au musée de Delphes. Chaque long côté du trésor comptait neuf métopes alternant avec dix triglyphes, tandis que chaque petit côté était orné de six métopes et sept triglyphes.

Les métopes sculptées du trésor représentaient des scènes de la mythologie grecque d’Amazonomachie et, plus spécifiquement, les exploits du demi-dieu Héraclès et du héros athénien Thésée. Selon l’opinion prépondérante, le cycle de Thésée dominait le côté sud, qu’apercevaient les pèlerins dans leur marche vers le temple, tandis que les travaux d’Héraclès occupaient le côté nord, la bataille de Géryon le côté ouest et l’Amazonomachie la façade principale. Les grandes scènes, comme l’épisode de la Géryonomachie ou celui des Amazones affrontant les Grecs, se développent sur plusieurs métopes au lieu de se limiter à une seule plaque. Les poses de certaines figures sont exagérées et peu réalistes. Le héros semble voler au-dessus du monstre qu’il est en train de dompter. À côté des mouvements audacieux et libres, caractéristiques de l’époque archaïque au même titre que le sourire, les proportions sont équilibrées et les figures bien balancées. L’anatomie est rendue avec un grand sens plastique, tandis que les détails des vêtements sont indiqués par des lignes nettes. Les chercheurs distinguent deux tendances dans le style des métopes: l’une, conservatrice, de l’époque archaïque, et l’autre plus avancée, du style sévère, à la limite entre l’époque archaïque et l’époque classique. On a supposé que deux sculpteurs au moins avaient travaillé à l’élaboration de la frise et qu’ils représentaient deux tendances artistiques ou deux générations. L’uniformité du marbre était rompue par les couleurs dont étaient ornées certaines parties des métopes et par des éléments décoratifs métalliques.

Frise de la face principale est du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Frise de la face principale est du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Frise de la face latérale sud du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Frise de la face latérale sud du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Une partie des métopes du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Une partie des métopes du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Thésée et Antiope parmi les métopes du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Thésée et Antiope parmi les métopes du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

C’est sur la terrasse triangulaire située à côté de la partie sud du Trésor que les Athéniens déposèrent le butin conquis lors de la bataille Marathon. Les sources épigraphiques nous informent que les prêteurs sur gages de Delphes s’installèrent à l’intérieur de l’édifice aux 2e et 3e siècles.

Face principale est du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Face principale est du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Le Trésor des Athéniens vue de la partie supérieure de la Voie Sacrée. Photo © André M. Winter

Le Trésor des Athéniens vue de la partie supérieure de la Voie Sacrée. Photo © André M. Winter

En bas le Trésor des Athéniens vu de la terrasse du Temple d’Apollon.

Face nord et ouest du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Face nord et ouest du Trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

L’Aire (Halos)

La place circulaire appelée Aire, avait une importance religieuse particulière, C’est sur l’Aire que se déroulait tous les huit ans le Septérion, rituel au cours duquel était restitué l’épisode de la destruction du dragon Python par le dieu Apollon. L’Aire était bordé à l’Antiquité par quatre exèdres semi-circulaires dont seules deux sont conservées.

Exèdres semi-circulaires de l'Aire. Photo © André M. Winter

Exèdres semi-circulaires de l’Aire. Photo © André M. Winter

Le Rocher de la Sibylle

Il provient de la chute de rocher des Phédriades. Selon les traditions locales, la première prophétesse de Delphes, Sibylle Erophile, s’était tenue à cet endroit pour prononcer ses oracles. On dit qu’elle avait prédit la chute de Troie. L’endroit où se trouve le rocher de la Sibylle est considéré comme le lieu de culte le plus ancien de Delphes. C’est d’ailleurs dans ce secteur que se trouvait le très ancien sanctuaire de Gaia autour de la source sacrée.

Le Rocher de la Sibylle . Photo © André M. Winter

Le Rocher de la Sibylle . Photo © André M. Winter

Le portique des Athéniens et le mur polygonal

Le portique était construit pour y abriter les trophées des victoires navales des Athéniens. Il a une longueur de 30 mètres et les sept colonnes monolithes de marbre en façade soutenaient un toit en bois, quatre de ces colonnes sont conservées. L’arrière du portique s’appuyait sur le mur de terrasse en appareil polygonal du temple d’Apollon. Il est construit entre -510 et -470, comme en témoigne l’inscription gravée sur le stylobate avec de grandes lettres. On lit: « ΑΘΗΝΑΙΟΙ ΑΝΕΘΕΣΑΝ ΤΕΝ ΣΤΟΑΝ ΚΑΙ ΤΑ ΗΟΠΛΑ ΚΑΙ ΤΑΚΡΟΤΕΡΙΑ ΕΛΟΝΤΕΣ ΤΟΝ ΠΟΛΕΜΙΟΝ », c’est-à-dire: « Les Athéniens ont consacré le portique, les cordages (ou les armes) et les ornements de proue (ou de poupe) du butin pris aux Perses. Il semble que l’édifice ait été construit sur des fonds publics, afin de promouvoir dans le sanctuaire panhellénique de Delphes le rôle précurseur d’Athènes dans la victoire contre les Perses ».

Restitution du Portique des Athéniens et du Temple d'Apollon. Photo © André M. Winter

Restitution du Portique des Athéniens et du Temple d’Apollon. Photo © André M. Winter

Le mur polygonal sous le Temple d'Apollon. Photo © André M. Winter

Le mur polygonal sous le Temple d’Apollon. Photo © André M. Winter

Colonnes du Portique des Athéniens et le mur polygonal. Photo © André M. Winter

Colonnes du Portique des Athéniens et le mur polygonal. Photo © André M. Winter

Le mur de soutènement du temple d’Apollon, en appareil polygonal et en excellent état de conservation, est construit au 6e siècle avant notre ère et a soutenu au cours des siècles la terrasse artificielle sur laquelle est construit le temple. Les blocs utilisés pour sa construction et les joints courbes entre ceux-ci constituent un ensemble admirable d’exactitude statique, de perfection dans la construction et de sensibilité artistique. Sur toute la longueur du mur, environ 800 inscriptions ont été gravées sur le mur: ce sont principalement des actes d’affranchissement d’esclaves.

Le mur polygonal soutenant la terrasse du Temple d'Apollon. Photo © André M. Winter

Le mur polygonal soutenant la terrasse du Temple d’Apollon. Photo © André M. Winter

Inscriptions sur le mur polygonal sous le Temple d'Apollon. Photo © André M. Winter

Inscriptions sur le mur polygonal sous le Temple d’Apollon. Photo © André M. Winter

Emplacement des statues chryséléphantines et du taureau en argent

Dans ce secteur et sous le dallage de la Voie Sacrée a été trouvé en 1939 une fosse à l’intérieur de laquelle avaient été conservés des offrandes en matériaux précieux qui avaient été détruits par le séisme de -548. Il s’agit de fragments de statues chryséléphantines, des miniatures, d’un taureau fragmentaire en argent et d’autres objets aujourd’hui exposés au musée de Delphes.

En 1939, plusieurs années après la les grandes fouilles, une découverte inespérée est venue s’ajouter aux témoignages des auteurs anciens, surtout à ceux d’Hérodote, sur les offrandes de valeur mythique offertes par les chefs des royaumes d’Orient, comme Gygès et Crésus de Lydie ou Midas de Phrygie. Devant le Portique des Athéniens, les archéologues français ont découvert deux fosses remplies d’objets en matériaux précieux (or, ivoire, argent, bronze) qui datent du 8e au 5e siècle avant notre ère: des fragments appartenant à trois statues chryséléphantines au moins, plusieurs feuilles d’argent martelé appartenant à un taureau de grandeur nature, une multitude de plaques d’ivoire en relief, trois œuvres de la petite sculpture en bronze du -5e siècle, mais aussi des modestes offrandes faites d’armes et de vases, ont été retrouvées mêlés à de la terre, du charbon et des cendres.

Les fouilles ont démontré que toutes ces trouvailles étaient des offrandes qui avaient été enterrées après avoir subi de graves dommages vers le milieu du -5e siècle, lorsque l’édifice qui les abritait est détruit par un tremblement de terre. Après de longues restaurations, les milliers de fragments des deux fosses ont été restitués tels qu’on les voit aujourd’hui exposés et donnent une image de la richesse des offrandes du sanctuaire à l’époque archaïque et au début de l’époque classique. La plupart d’entre elles sont issues d’ateliers ioniens et proviennent, semble-t-il, des riches cités d’Ionie (Milet, Ephèse, Samos). Même si elles ne conservent pas leur aspect d’origine, les vestiges des statues chryséléphantines sont presque les seuls témoignages d’une technique rare en sculpture, qui associait l’ivoire sculpté et les feuilles d’or travaillées au repoussé, fixés sur une armature en bois. Selon les sources littéraires antiques, les sculpteurs utilisèrent cette technique aux 6e et 5e siècle avant notre ère pour les statues de culte, tel Phidias pour l’Athéna du Parthénon et le Zeus d’Olympie.

Statue d'un taureau constitué de feuilles d'argent. Photo © André M. Winter

Statue d’un taureau constitué de feuilles d’argent. Photo © André M. Winter

À la fin du 8e siècle avant notre ère, à côté des offrandes venues de la Grèce entière, les premières importations orientales arrivent à Delphes. Les marins grecs les importent de l’intérieur de l’Asie, via les comptoirs marchands de la Syrie du Nord (Al Mina, Tyr) et les îles intermédiaires de Crète, de Chypre et de Rhodes. Durant le siècle suivant, une foule d’objets de luxe en métal, qui témoignent de techniques nouvelles ou qui sont ornés de sujets étranges, envahissent le sanctuaire d’Apollon. Ils proviennent des pays du Proche-Orient, aux civilisations millénaires comme celles des Assyriens, des Hittites, du Royaume d’Ourartou (Arménie), ou constituent des imitations de modèles orientaux.

Parmi les offrandes orientales, la première place revient au nouveau type de chaudron, placé sur un trépied distinct fait de baguettes fondues, et dont le bord est ornée de têtes de taureaux ou de protomés d’animaux fantastiques, griffons et sirènes (ces dernières sont nommées ainsi à cause de leur ressemblance avec les figures ailées connues d’après les péripéties d’Ulysse). Une série d’objets, les boucliers à décor repoussé et les supports de grands vases à décor rapporté, dont on a trouvé des pendants en Crète et à Chypre, ou le pied d’un lion dont l’inscription est en chypriote, indiquent les relations qu’entretenait le sanctuaire avec les deux îles, où les civilisations grecque et orientale se croisaient. L’hymne homérique à Apollon démontre aussi les liens privilégiés du sanctuaire delphique avec la Crète, puisqu’il nous dit que le dieu recruta les premiers prêtres de son sanctuaire parmi des marins crétois. D’autres trouvailles provenant de la Phrygie et des régions où les Phéniciens s’étaient étendus, complètent l’image des relations du sanctuaire avec le monde oriental. Celle-ci est confirmée par les inscriptions et les sources écrites, qui mentionnent les somptueux cadeaux et les honneurs que recevait l’oracle d’Apollon de la part de dirigeants orientaux tels que le pharaon Amasis, Midas de Phrygie, Gygès de Lydie.

Le bouclier en bronze de type Herzsprung est trouvé le 19 juillet 1935 sous le dallage de la Voie Sacrée à l’occasion d’un sondage entrepris le long de la face Est du grand autel. Le bouclier gisait, à une profondeur de 0,50 mètres, sous les dalles dans une couche noire et grasse. Il était à peu près entier. Mais seuls la partie centrale et de grands fragments du pourtour ont pu être extraits sans dommage. Le tout demeure en caisse jusqu’en 1951, où le bouclier est reconstitué dans les ateliers du Musée National d’Athènes. Malgré son épaisseur relative de 2 millimètres, le métal n’est, en fait, que l’enveloppe externe d’un bouclier en bois ou en cuir disparu, auquel il était fixée par des rivets. En raison de ses dimensions, le bouclier n’est pas fait d’une seule pièce de métal, mais de cinq éléments emboîtés et fixés par des rivets, dont nombre de têtes sont encore visibles malgré l’oxydation du bronze.

La tête de taureau en bronze provient d’un grand chaudron ou d’un meuble de la fin du 7e siècle avant notre ère.

À l’est du grand Temple d’Apollon se trouvaient plusieurs offrandes en forme de grand piliers d’une dizaine de mètres chacun. Quelques uns sont encore en partie debout sur le site extérieur, certaines se trouvent en partie dans le musée, des autres ne subsiste que la base.

La Sphinx des Naxiens

Vers -560, avant que les Siphniens ne construisent leur luxueux trésor, une autre île prospère des Cyclades, Naxos envoya une offrande monumentale à Apollon Pythien. Il s’agit de la statue de la mythique Sphynx qui, avec sa taille colossale, sa forme puissante et sa place dans le sanctuaire (près du rocher de la Sibylle, devant le grand mur polygonal soutenant la terrasse du Temple d’Apollon) rappelle la suprématie politique et artistique de Naxos à l’époque hellénistique.

La Sphinx est liée au mythe d’Œdipe, elle était un être mythique d’origine orientale. Dans l’Antiquité, les sphinx étaient liées à des traditions et des cultes ancestraux, et étaient souvent considérées comme des gardiens de tombes et de sanctuaires.

La figure apotropaïque de ce monstre à tête de femme marqué d’un sourire énigmatique, au corps de lion et aux ailes d’oiseaux, était assise sur le chapiteau d’une colonne ionique très haute, considérée comme la plus ancienne attestation de l’ordre ionique à Delphes. Sculptée dans un grand bloc de marbre naxien, la Sphinx allie la raideur de la posture à une certaine affection dans le traitement des cheveux, du poitrail et des ailes qui atténuent la caractère massif de la figure. Nous savons, par l’inscription gravée au 4e siècle avant notre ère sur la base de la colonne, que les prêtres d’Apollon honorent les citoyens de Naxos en leur octroyant la promantie, c’est-à-dire le droit de consulter l’oracle de la Pythie en priorité sur les autres fidèles.

De retour du sanctuaire de Delphes, Œdipe, aspirant à échapper aux desseins formés pour lui par les dieux, se mesura à ce monstre. Après avoir résolu l’énigme proposée à chaque passant par la Sphinx, il devint le nouveau roi de Thèbes et épousa Jocaste, commettant ainsi, à son insu, l’inceste avec sa propre mère. La fin tragique d’Œdipe, après la découverte de la vérité, constitua l’illustration la plus instructive de la pierre angulaire de la théologie delphique, du « Connais-toi toi-même ». En d’autres termes, tout être humain, instruit de ce que son destin est prédéterminé par les dieux, a le devoir de mener une vie vertueuse. C’est ce que Socrate, le plus sage des hommes selon Apollon Pythien, accepta peu avant sa mort, comme le relate Platon dans son Apologie du philosophe.

La base se trouve sur le site extérieur, la sphynx est cependant conservée dans le musée.

La colonne d’acanthe aux danseuses

Une base en tuf est visible au nord-est du Temple d’Apollon. Elle soutenait une colonne de 11 mètres de haut.

La restauration, l’interprétation et la datation de ce groupe, qui se démarquait des nombreux autres offrandes situés devant le temple par son hauteur, était une énigme pour les archéologues, bien des années après que ses parties dispersées avaient été retrouvées. Cette colonne, constituée de tambours, ressemble à une tige végétale dont se détachent, à intervalles réguliers, des feuilles d’acanthe dentelées. À son sommet, trois jeunes filles sculptées autour d’une tige, végétale elle aussi, semblent être suspendues dans les airs. Elles portent un court chiton transparent et, sur la tête, une coiffe en forme de panier. De la main gauche. elles tiennent le bord de leur robe légère, tandis que de la main droite levée, elles supportent la cuve d’un énorme trépied en bronze, dont les pieds encadrent ces «danseuses». Les trois jeunes filles doivent leur nom à l’impression de danse suggérée par leur pose. Elles avaient été interprétées comme des Thyades, appellation locale donnée aux ménades de la suite dionysiaque, qui dansaient sur les sommets du Parnasse. Aujourd’hui cependant, on pense qu’elles représentent les trois filles du roi d’Athènes, Cécrops, qui offrent à Apollon son symbole préféré, le trépied. Selon l’inscription qui figure sur la base, le groupe fut dédié par les Athéniens vers -330, sans doute dans le cadre de la fête qui était célébrée lors de l’arrivée de la procession des pèlerins athéniens (la Pythaïde).

Les danseuses de la colonne d'acanthe. Photo © André M. Winter

Les danseuses de la colonne d’acanthe. Photo © André M. Winter

Base de la colonne d'acanthe. Photo © André M. Winter

Base de la colonne d’acanthe. Photo © André M. Winter

L’omphalos («le nombril») en marbre a été trouvé dans la région nord est du temple d’Apollon. Il reprend probablement la forme de ce qui été placé dans l’adyton du temple. Le lieu où la Pythie rendait ses oracles, dont il était une copie datant de l’époque hellénistique ou romaine. Sa décoration sculptée en marbre suit ou représente un réseau orné d’un filet tressé en laine blanche. dit agrénon. D’après la mythologie, l’omphalos marquait le centre de la terre défini par deux aigles, simultanément lâchés par Zeus aux extrémités du monde, et qui s’étaient rencontrés à Delphes. D’après une théorie récente, l’omphalos en l’occurrence couronnait le sommet de la colonne d’acanthe des Danseuses.

Exemples de «nombrils» à Pompéi et sur un vase grec antique. Photo © André M. Winter

Exemples de «nombrils» à Pompéi et sur un vase grec antique

La colonne serpentine du trépied de Platées

La colonne serpentine est la partie subsistante de l’offrande à Delphes, le trépied de Platées. Il est est offert par les Grecs coalisés au dieu Apollon à Delphes à la suite de leur victoire sur les Perses en -479. Façonné à partir d’une portion de l’immense butin saisi par les vainqueurs dans le camp de Mardonios après la bataille, ce monument se présentait à l’origine comme une colonne de bronze formée des corps entrelacés de trois serpents dont les têtes portaient un trépied en or. L’or du trépied est confisqué et fondu par les Phocidiens au cours de la troisième guerre sacrée au milieu du 4e siècle avant notre ère. La colonne aux serpents resta en place à Delphes jusqu’au règne de l’empereur Constantin (306-337), qui ordonna son transfert à Constantinople pour orner l’hippodrome de sa nouvelle capitale. Au fil des siècles, la colonne de bronze subit divers dommages. L’une des têtes de serpent eut sa mâchoire fracassée au 16e siècle. En l’an 1700, ce sont les trois têtes qui tombent et sont perdues dans la même nuit au cours de circonstances mal connues. La partie supérieure de l’une de ces têtes, retrouvée en 1848, est maintenant exposée au musée archéologique d’Istanbul. La colonne serpentine se dresse encore aujourd’hui sur la place du Sultan-Ahmet à Istanbul, à l’endroit où elle était installée au 4e siècle après son déménagement depuis le sanctuaire delphique. Source: Wikipédia.

La colonne actuelle est une copie de celle d’Istanbul.

Du pilier de Paul-Émile ne subsiste que le socle, commémore la défaite du dernier roi macédonien Persée.

Pilier de Prusias II

Le monument est constitué d’une haute base formée de rangées de blocs rectangulaires, tandis que sur sa partie supérieure il porte un décor en relief représentant des guirlandes et des bucranes, la décoration comportait également une moulure basse avec supports. Sa hauteur totale atteint près de 10 mètres. Au sommet se dressait la statue du roi Prusias II à cheval. Sur la partie supérieure du monument, des rangées de fentes rectangulaires sont peut-être liées à l’ensemble de la composition, car elles auraient pu être utilisées pour fixer des motifs floraux, tels que des récoltes, qui faisaient probablement allusion au bienfait du roi. Ils auraient également pu contenir des lames de bronze visant à protéger le monument contre les oiseaux. Le monument était similaire au piédestal du Monument de Paul-Émile érigé environ 15 ans plus tard au sud de l’entrée du temple d’Apollon.

Le pilier des Rhodiens est un monument offert par Rhodes entre -325 et -300. Ce pilier supporte un groupe sculpté comprenant un quadrige, supportant une statue d’Hélios, le soleil, au milieu d’un décor marin de vagues et de dauphins.

Sur le même niveau suit le Ναός του Απόλλωνα (Temple d’Apollon), dont quelques colonnes ont été relevées.

Le Temple d’Apollon

Il occupe la place la plus importante au sein du sanctuaire de Delphes et en demeure le monument principal. L’édifice conservé aujourd’hui, de même que la colonnade reconstituée, datent du 4e siècle avant notre ère. Quant au fameux oracle, on estime qu’il se trouvait à l’intérieur du temple. Ce dernier a peut-être été édifié à l’emplacement de l’orifice béant de la terre d’où sortaient les exhalaisons prophétiques qui inspiraient la Pythie, juchée sur le trépied mantique à côté de l’omphalos marquant le centre de la terre.

Selon le mythe, le premier temple, date de la deuxième moitié du -7e siècle, aurait été fondé par Apollon prophète en personne, et bâti par les architectes mythiques Trophonios et Agamédès. Le second temple est été achevé entre -514 et -506 aux frais des Alcméonides, une famille aristocratique athénienne. Il comprend un péristyle à 6 fois 15 colonnes doriques. Sa façade est réalisée en marbre de Paros, alors que le reste de l’édifice est en tuf. Le décor sculpté des frontons était l’œuvre du sculpteur athénien Anténor. Le fronton oriental, représentait l’arrivée triomphale d’Apollon à Delphes sur son quadrige. Le fronton occidental représentait une gigantomachie, combat entre les Dieux et les Géants. Le temple a été détruit par une chute de rocher qui suivit le tremblement de terre de -373.

Colonne serpentine, l'autel des Chians et le Temple d'Apollon. Photo © André M. Winter

Colonne serpentine, l’autel des Chians et le Temple d’Apollon. Photo © André M. Winter

Le temple le plus récent a été inauguré en -330. Il est l’œuvre de l’architecte corinthien Spintharos. D’ordre dorique, l’édifice est entouré de colonnes (périptère) et bâti en tuf stuqué. Le toit et les sculptures des frontons sont en marbre de Paros, pièces des artistes athéniens Praxias et Androsthénès. Le décor sculpté du fronton ouest comprenait Apollon entouré de sa mère Léto, de sa sœur Artémis et des Muses. Sur le fronton occidental, la figure dominante est Dionysos entouré des Thyades (Bacchantes), les femmes de sa suite. Les métopes du temple portaient les boucliers perses provenant du butin conquis par les Athéniens après leur victoire à la bataille de Marathon en -490, ainsi que des boucliers pris aux envahisseurs galates en -279. Selon les auteurs anciens, les fameuses maximes des Sept Sages ( ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ, ΜΗΔΕΝ ΑΓΑΝ, Connais-toi toi-même, rien de trop) étaient inscrites sur les murs du pronaos, ainsi que le mystérieux «E» delphique.

Rampe du Temple d'Apollon. Photo © André M. Winter

Rampe du Temple d’Apollon. Photo © André M. Winter

Restitution du Temple d'Apollon de Delphes. Photo © André M. Winter

Restitution du Temple d’Apollon de Delphes. Photo © André M. Winter

Ci-bas le temple vu de plus haut. Les grands blocs formant le plancher du temple sont impressionnants par leur taille et leur régularité.

À gauche le monument du général macédonien Cratère.

Ruine du Temple d'Apollon de Delphes. Photo © André M. Winter

Ruine du Temple d’Apollon de Delphes. Photo © André M. Winter

Dalles du Temple d'Apollon. Photo © Alex Medwedeff

Dalles du Temple d’Apollon. Photo © Alex Medwedeff

En bas la vue plongeante du théâtre de Delphes sur le Temple d’Apollon.

Dalles du Temple d'Apollon. Photo © André M. Winter

Dalles du Temple d’Apollon. Photo © André M. Winter

La Statue d’Antinoüs

La statue de culte d’Antinoüs représente un jeune Bithynien (aujourd’hui au nord-ouest de la partie asiatique de Turquie) célèbre pour sa beauté, favori de l’empereur romain Hadrien. Lorsqu’il se noie dans le Nil, encore adolescent, il est héroïsé et adoré comme demi-dieu sur l’ordre de l’empereur dans de nombreux lieux de l’empire d’Orient. À Delphes, l’une des plus belles statues le représentant est dressée dans le sanctuaire. Elle est exhumée en excellent état de conservation près du Temple d’Apollon, encore brillante grâce au polissage à l’huile qu’elle avait subi, comme les autres statues de culte dans Antiquité. Son abondante chevelure conserve les trous de fixation d’une couronne de laurier en bronze, aujourd’hui perdue. Cette œuvre est typique du style classicisant de l’époque d’Hadrien (-117 à -138), empereur philhellène. La statue, par sa nudité héroïque et divine, s’inscrit dans la lignée des grands maîtres des 5e et 4e siècle avant notre ère, mais n’en conserve pas le souffle intérieur.

Tête de la statue du culte d'Antinoüs. Photo © André M. Winter

Tête de la statue du culte d’Antinoüs. Photo © André M. Winter

L’aurige en bronze de Delphes

La statue de l’aurige doit à une catastrophe naturelle d’avoir été sauvée, puisqu’elle a été recouverte par les remblais issus du séisme de -373 près du Temple d’Apollon. Ainsi ensevelie, elle a échappé au pillage ou à la disparition. Des autres ensembles de bronze de grande taille consacrés dans le sanctuaire pythique et décrits par les sources littéraires et épigraphiques, aucun n’a été conservé. Quelques-uns peut-être ont subi les effets du temps, tandis que d’autres ont dû être pillés lors de la troisième guerre sacrée (-356 à -346), lorsque les Phocidiens se rendent maîtres du sanctuaire et transformèrent des offrandes de prix pour faire face à leurs dépenses militaires. Toutes les œuvres qui échappèrent ensuite au transfert à Rome par les empereurs romains sont fondues aux époques postérieures par les habitants de la région, afin de récupérer le métal pour fabriquer des objets utilitaires ou des armes.

La découverte de l’aurige lors de la fouille de 1896 suscite de l’enthousiasme, puisque jusque-là on n’avait jamais trouvé de statue de bronze d’époque classique et, surtout, de grandeur naturelle. Bien des années après, ont été trouvés au fond de la mer les deux guerriers de Riace et le Poséidon de l’Artémision, statues de bronze contemporaines de l’aurige et similaires par leur valeur artistique. Bien que les grandes sculptures de l’époque classique sont avant tout de bronze, les œuvres que nous connaissons sont principalement des répliques de marbre réalisées à l’époque romaine. L’aurige constituait un élément d’une composition plus importante représentant un quadrige (char tiré par quatre chevaux). Près de la statue, ont été trouvées deux jambes de cheval, une queue, des fragments du timon du char et le bras d’un enfant avec des vestiges des harnais.

La reconstitution de l’ensemble de la composition n’a pas fait à ce jour l’objet d’un accord entre les chercheurs. Quatre chevaux tiraient le char conduit par l’aurige, tandis qu’un enfant ou deux enfants de part et d’autre tenaient par la bride les chevaux extérieurs (avant et après une course, des enfants guidaient les chevaux). La course de chars est achevée et l’aurige porte sur la tète le bandeau du vainqueur: il défile devant le public qui l’acclame. Les auriges qui participaient aux concours panhelléniques étaient des jeunes gens de noble origine, des aristocrates qui possédaient chars et chevaux. Tel était l’aurige de Delphes, qui porte la tunique caractéristique, un chiton long qui descend jusqu’à ses chevilles. Une large ceinture resserre le chiton plus haut que la taille, tandis que deux lacets passent sous les bras, se croisent dans le dos et plaquent le vêtement pour éviter qu’il ne se gonfle pas sous l’effet de l’air lors de la course. Les profonds replis verticaux du chiton rappellent les cannelures d’une colonne, tandis que, sur le tronc, les plis dessinent des obliques ou des courbes qui rompent d’une certaine manière l’impression de rigidité. La tête est légèrement tournée vers la gauche du spectateur. La main avec ses longs doigts fins retient le harnais et peut-être la cravache.

Avec la partie inférieure de la statue, on a retrouvé un fragment de la base de pierre qui a conservé deux vers d’une dédicace sous la forme d’une épigramme. Le premier vers a dû faire l’objet d’une correction et d’une regravure dans l’Antiquité, ce qui rend l’inscription encore plus difficile à déchiffrer et à interpréter. On lit le nom de Polyzalos, dont nous savons qu’il était l’un des quatre fils de Deinomenès, tyran de Syracuse. Dans l’Antiquité, les trépieds d’or que les Deinoménides avaient consacrés à Delphes pour immortaliser leur victoire sur les Carthaginois à Himère (-479) étaient réputés. Les poètes contemporains de ces événements, Bacchylide et Pindare, ont célébré Gélon et Hiéron, frères de Polyzalos, pour s’être distingués lors des concours pythiques et olympiques. Par conséquent, Polyzalos a consacré le quadrige avec l’aurige soit pour célébrer sa propre victoire, soit pour celle de l’un de ses frères. L’artiste qui a réalisé cette œuvre devait être l’un de ces bronziers qui ont travaillé en Grande-Grèce, peut-être Pythagoras, originaire de Samos, qui vécut en exil à Rhêgion (Reggio di Calabria) au temps des Deinoménides. Les sources rapportent que les créations de Pythagoras se distinguaient par leur symétrie et par le soin particulier apporté au détail. L’aurige est sans aucun doute l’une des œuvres majeures du style sévère, ce courant artistique qui assure la transition entre l’époque archaïque et l’époque classique (-480 à -460).

Les chevaux de l'aurige de Delphes. Photo Wikipedia CCSA4 Joy of museums

Les chevaux de l’aurige de Delphes. Photo Wikipedia CCSA4 Joy of museums

Le théâtre de Delphes

Au-dessus des ruines prône l’Αρχαίο Θέατρο Δελφών (ancien théâtre de Delphes) dont tous les rangs en pierre son conservés ou restaurés. On peut accéder la partie basse (la scène) et un petit chemin monte le long des gradins à gauche (ouest). L’accès au gradins est interdit. Durant l’époque romaine, le théâtre est doté d’un mur de scène comme il subsiste par exemple à Orange en Provence.

L'extérieur du koilon du théâtre de Delphes. Photo © André M. Winter

L’extérieur du koilon du théâtre de Delphes. Photo © André M. Winter

Le théâtre, le monument le mieux conservé de Delphes, témoigne du degré de développement intellectuel et culturel du sanctuaire d’Apollon. Il a été édifié sur une pente naturellement disposée en amphithéâtre, offrant une vue panoramique sur la vallée du Pleistos. Des concours musicaux et dramatiques se tenaient dans le théâtre lors des Pythia ou d’autres fêtes religieuses.

La première phase du monument ne nous est pas connue. On suppose que les spectateurs s’asseyaient sur des bancs en bois ou à même le sol. Ce n’est que plus tard, au 4e siècle avant notre ère, qu’est construit le premier théâtre en pierre. Vers -160, le théâtre prend une forme plus monumentale grâce à un don du roi de Pergame, Eumène II. Le monument visible aujourd’hui date du début de l’époque romaine (1er siècle). Les matériaux proviennent des carrières de calcaire du mont Parnasse. Le profond koilon (ou cavea) du théâtre pouvait accueillir 5000 spectateurs. Il comptait 35 rangées de gradins, divisés par un couloir horizontal appelé diazoma. En face du koilon et de l’orchestra s’élevaient la scène, dont il ne reste que les fondations, et les paraskenia. Sur les murs de parodoi (qui supportent le koilon) sont gravés des textes d’affranchissement d’esclaves. Le décor sculpté sur les métopes de la frise du proskenion, aujourd’hui au musée, représente les exploits d’Héraclès. Elles furent peut-être réalisées dans le cadre de la restauration du théâtre en 67 lors de la visite de l’empereur romain Néron à Delphes.

Le koilon du théâtre de Delphes. Photo © Alex Medwedeff

Le koilon du théâtre de Delphes. Photo © Alex Medwedeff

Nous croisons un premier groupe d’écoliers. Ils viennent des Pays-Bas et sont sur leur dernier des six sites antiques grecs d’importance en une semaine. On leur ressent une certaine fatigue.

Jeunes néerlandais assis sur les bases de la scène du théâtre de Delphes. Photo © André M. Winter

Jeunes néerlandais assis sur les bases de la scène du théâtre de Delphes. Photo © André M. Winter

Le koilon du théâtre de Delphes. Photo © Alex Medwedeff

Le koilon du théâtre de Delphes. Photo © Alex Medwedeff

Le koilon du théâtre de Delphes. Photo © André M. Winter

Le koilon du théâtre de Delphes. Photo © André M. Winter

Les plaques de la frise sculptée qui ornait l’avant-scène du théâtre de Delphes portent des représentations des travaux d’Héraclès: dans le Jardin des Hespérides, Cerbère, le Lion de Némée, le Centaure, l’Hydre de Lerne, Antée, la ceinture d’Hippolyte, le monstre à triple corps Géryon, les chevaux de Diomède, les oiseaux du Lac Stymphale. Ce sont des œuvres classicisantes provinciales 1er siècle, aux figures sveltes et allongées. Les représentations des travaux du héros avaient sans doute une signification symbolique et doivent être mises en relation avec les honneurs que les responsables du sanctuaire avaient rendus à Néron, en tant que demi-dieu et héros, lors de son arrivée à Delphes.

Schéma du théâtre de Delphes romanisé. Photo © André M. Winter

Schéma du théâtre de Delphes romanisé. Photo © André M. Winter

C’est au cours des Fêtes Delphiques qui ont lieu dans le théâtre en mai 1927, que qu’est représentée pour la première fois une ancienne tragédie grecque dans un théâtre antique. Les instigateurs de cette renaissance sont le poète Angelos Sikelianos et son épouse américaine Eva Palmer.

Représentation du Drame Prométhée dans le théâtre de Delphes en 1930. Photo © André M. Winter

Représentation du Drame Prométhée dans le théâtre de Delphes en 1930

Le Stade de Delphes

Beaucoup plus haut se trouve l’Αρχαίο Στάδιο Δελφών (Stade Antique de Delphes). Peu de gens y montent, mais c’est quand même une installation impressionnante par sa longueur. Les gradins ont été ajoutés au temps de la domination romaine seulement. Le meilleur point de vue est à l’ouest et directement sous la cabane des surveillants.

Des épreuves athlétiques (appelées «gymniques») se déroulaient dans le Stade lors des Pythia, une fête religieuse qui s’étalait sur six à huit jours. L’espace du stade était aménagé pour la première fois au 5e siècle avant notre ère. Le terrain est initialement aplani pour faire place à la piste. Les spectateurs suivaient les épreuves assis à même le sol. Au cours du 2e siècle, sous le règne de l’empereur romain Hadrien, le stade est embelli aux frais du fortuné Hérode Atticus. Le stade est alors doté de gradins en pierre et d’une porte monumentale composée de quatre piliers encadrant trois arcs (2). L’entrée monumentale voûtée située dans la partie orientale du stade, devant la ligne de départ, est unique en Grèce. C’est l’état que l’on peut contempler aujourd’hui.

Le stade de Delphes. Photo © André M. Winter

Le stade de Delphes. Photo © André M. Winter

Le stade de Delphes. Photo © André M. Winter

Le stade de Delphes. Photo © André M. Winter

Porte monumentale du stade de Delphes. Photo © André M. Winter

Porte monumentale du stade de Delphes. Photo © André M. Winter

Les lignes de départ (3) et d’arrivée (4) de la piste (5) sont délimitées par une rangée de dalles de calcaire creusées de rainures rectangulaires. On estime que 17 ou 18 coureurs pouvaient concourir simultanément la distance séparant les deux lignes correspond à un stade pythique, à savoir 178,35 mètres. Au nord, une série de sièges honorifiques (6) avec dossier étaient réservés aux arbitres des épreuves.

Les sièges honorifiques et le plan du stade de Delphes. Photo © André M. Winter

Les sièges honorifiques et le plan du stade de Delphes

Les jeux gymniques des Pythia se déroulaient dans le stade lors du cinquième jour de la manifestation. Il s’agissait des jeux panhelléniques les plus importants après les Jeux Olympiques. Les vainqueurs remportaient une palme ou une couronne de laurier. On compte plusieurs épreuves sportives: le dolichos (une course d’endurance de 4800 mètres environ), le stade, le diaulos (deux longueurs de stade) et le pentathlon, qui inclut la course, la lutte, le saut en longueur, le lancer du disque et du javelot. Les jeux prenaient fin avec la course en armes, une épreuve de vitesse au cours de laquelle les participants parcouraient 2 à 4 longueurs de stade en portant le casque, le bouclier et les jambières (cnémides).

Porte monumentale, la piste et la statue de l'athlète Agias. Photo © André M. Winter

Porte monumentale, la piste et la statue de l’athlète Agias

Du haut du stade, on ne peut redescendre qu’aux caisses. Un des seuls chemins parallèles que nous empruntons continue sous le théâtre vers l’est et revient au chemin principal vers Τρίποδας Πλαταιών (Colonne serpentine).

Vue plongeante du stade sur le théâtre et le trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Vue plongeante du stade sur le théâtre et le trésor des Athéniens. Photo © André M. Winter

Le Monument du Fer à Cheval

On ne voit sur le site extérieur que la base en fer à cheval. Ce monument comportait les bases d’au moins 18 statues en marbre du 3e siècle avant notre ère. Il s’agit peut-être d’un groupe familial. L’une des offrandes était la statue d’un homme âgé, connu comme le Philosophe de Delphes.

Base du monument en fer à cheval. Photo © André M. Winter

Base du monument en fer à cheval. Photo © André M. Winter

En arrivant en bas aux caisses, nous voyons les personnes descendus de deux grands bus qui passent l’entrée peu avant 10 heures en file indienne. À partir de ce moment, le site est bondé et il n’y a plus moyen de prendre une photo sans un bout de retraité ou d’écolier dessus. Nous sommes donc sortis au bon moment. Le site nous semble plein, pourtant il est encore contingenté à cause du Corona Virus.

La Fontaine de Castalie

La source Κασταλία Πήγη (Fontaine de Castalie) n’est plus accessible, visible est cependant le grand bassin où les demandeurs d’augures devait se laver avant de recevoir l’oracle de la Sybille sur son rocher. La source se trouve plus haut dans les petites gorges, son accès est interdit depuis plusieurs années à cause de chutes massives de pierres. Cette source est à la base de tout le site de Delphes. Pour les uns afin de leur faire prédire le futur, pour les autres afin de tirer un maximum de profit des premiers.

Restitution de la Fontaine Castalie. Photo © André M. Winter

Restitution de la Fontaine Castalie. Photo © André M. Winter

L’eau purifiante de la source de Castalie jaillissait des pentes des Phédriades qui s’appelaient Hyampeia dans l’Antiquité et coulait dans l’étroit ravin où, selon le mythe, vivait le redoutable gardien de l’oracle, Python, le fils de Gaia, La fontaine du même nom a été construite en pierre sur le bord du chemin qui menait au sanctuaire d’Apollon entre -600 et 590, Elle alimentait l’oracle sacré en eau qui était utilisé pour la purification du clergé et des fidèles qui venaient au sanctuaire. D’après les traditions locales, la source prit son nom soit du héros Castalios, soit de la nymphe Castalie, fille du fleuve Acheloos,

Pendant sa longue fréquentation au fil des siècles, la fontaine Castalie de l’époque archaïque que décrivent Hérodote, Pindare et de nombreux autres poètes subit de nombreuses réparations et transformations. Elle est restaurée en 1959 par l’architecte Anastasios Orlando et en 1977 par l’École française d’Athènes. Dans son état actuel de conservation elle est constituée d’un réservoir rectangulaire divisée en un espace central et deux latéraux. L’eau était acheminée dans la partie centrale du réservoir au moyen d’un aqueduc souterrain. La façade de l’espace central était décorée avec des demi-colonnes et quatre ou sept bouches à eau en bronze en forme de tête de lion. Dans l’espace devant la pièce centrale, une cour dallée avait été aménagée à un niveau inférieur, avec des bancs en pierre le long des murs.

Au -1er siècle, la fontaine de l’époque archaïque a été remplacée par une nouvelle construction, au fond du rocher, à une distance d’environ 50 métres. La nouvelle fontaine est entièrement creusée dans le calcaire tendre naturel, c’est pour cette raison qu’elle est souvent nommée fontaine rupestre. L’eau était rassemblée à l’intérieur d’un réservoir creusé de forme allongée, d’une longueur de 10 mètres. Sept bouches à eau et des demi-colonnes en pierre de part et d’autre des bouches ornaient la façade de la fontaine. Des bouches, l’eau coulait à l’intérieur de la cour rectangulaire dallée à laquelle on pouvait descendre au moyen de huit marches. Les niches au-dessus du réservoir, elles aussi creusées dans la roche, accueillaient des petites offrandes des pèlerins, habituellement des figurines dédiées à la Nymphe de l’eau, Castalie. À l’époque ottomane, une des trois grandes niches est transformée en abside pour une petite chapelle dédiée à Saint Jean Prodrome. L’eau de Castalie, fraiche et pure, sort aujourd’hui encore d’une fontaine plus petite et surement moins impressionnante, et rafraîchit le visiteur de Delphes sur son chemin.

La source rupestre de Delphes. Photo © André M. Winter

La source rupestre de Delphes

Le Gymnase de Delphes

En poursuivant le long de la route, on passe au-dessus de l’Αρχαίο Γυμνάσιο Δελφών (Ancien gymnase de Delphes). C’est le lieu d’entraînement des athlètes, contrairement au stade où avaient lieu les épreuves devant public. Le site est fermé, mais toutes les parties sont bien visibles de ma route qui offre plusieurs points de vue.

Gymnase de Delphes. Photo © André M. Winter

Gymnase de Delphes. Photo © André M. Winter

La Terrasse Marmaria avec les Temples d’Athéna Pronaia

On continue encore un peu le long de la route pour rejoindre un des sites les plus impressionnants et où se rendent curieusement peu de personnes. Il est midi quand nous sommes ici et on aurait même trouvé de la place pour se garer à l’entrée. On voit certains monuments d’en haut, mais il faut descendre le long d’un large chemin durant une dizaine de minutes. L’accès à ce site est gratuit, il est cependant aussi bien surveillé que la partie centrale.

Les vestiges de la Terrasse Marmaria. Photo © André M. Winter

Les vestiges de la Terrasse Marmaria. Photo © André M. Winter

Le sanctuaire d’Athéna Pronaia se trouve à un niveau inférieur par rapport au sanctuaire d’Apollon, au milieu d’un paysage constitué des pierres des Phédriades et d’une oliveraie traditionnelle. Contrairement à l’endroit où a été fondé le sanctuaire d’Apollon, caractérisé par sa rigueur, le sanctuaire de Pronaia donne encore aujourd’hui l’impression d’un lieu familier, accueillant et serein. Au courant de l’Antiquité, dans le secteur en dehors du téménos, s’étendait la ville de Delphes et les nécropoles. Les visiteurs de Delphes, comme aujourd’hui, qui arrivaient à l’oracle depuis l’Attique et la Béotie, apercevaient d’abord le sanctuaire d’Athéna. Le qualificatif de « pronaia » aurait été donné parce que la divinité était adorée « avant le temple d’Apollon », puisque la majeure partie des visiteurs arrivait d’Athènes et donc de l’est. Le héros local Phylacos avait un culte dans le même sanctuaire.

L’occupation de cet endroit remonte à l’époque mycénienne, comme en témoignent entre autres les objets de terre cuite représentant des figures féminines. La recherche n’a pas encore révélé si ces figurines constituent les vestiges d’un culte plus ancien, peut-être de Gaia, la première divinité vénérée à Delphes, ou si elles proviennent des nécropoles mycéniennes. L’occupation de l’espace s’est poursuivie sans interruption à l’époque historique. Les vestiges architecturaux des temples, des autels, des trésors et des autres constructions qui sont entourés par le péribole du téménos constituent des exemples exceptionnels d’architecture grecque.

Dans le sanctuaire d’Athéna Pronaia, la déesse était vénérée comme protectrice de la sagesse, de la fertilité et de la santé. Dans la partie orientale du téménos, les fondations en tuf de deux temples archaïques dédiés à la déesse sont conservées. Les deux temples sont construits en ordre dorique, le premier date de la première moitié du -7e siècle et le second de -500 (1). Ce dernier était un temple périptère (c’est-à-dire avec une colonnade sur le pourtour) et avait six colonnes sur les petits côtés et douze sur les longs côtés. L’intérieur était divisé en deux parties, le pronaos et le sékos, où se trouvait la statue de culte de la divinité. Ce temple a été détruit par un séisme en -480. Au milieu du -4e siècle, dans la partie occidentale du téménos, un troisième temple à Athéna est construit en calcaire gris local (4). Sa façade était décorée de six colonnes d’ordre dorique, tandis que l’ouverture entre le pronaos et le sékos était flanquée de deux colonnes d’ordre ionique. Ce temple n’avait pas de colonnade sur le pourtour. À l’est du temple, sont visibles des vestiges épars de deux édifices attribués au téménos du héros local Phylacos d’environ -500. Selon Hérodote, -480, Phylacos et Autonoos, autre héros local, ont poussé les Perses à la fuite en leur lançant des rochers des Phaidriades.

Parmi les édifices non cultuels du téménos d’Athéna Pronaia, on compte deux trésors. Les trésors étaient de petites constructions offertes par les cités-états grecs et leurs colonies dans les sanctuaires. L’un des trésors était construit en ordre dorique et date du -5e siècle (2). Le deuxième trésor mérite une mention: il s’agit du trésor des Massaliotes (3), colons grecs de Μασσαλία (Massalía, Marseille), originaires de Phocée en Ionie. D’ordre ionique, il a été construit vers -530 en marbre de Paros, avec deux colonnes à chapiteaux éoliques en façade. En avant des deux trésors, sont conservées les fondations des stèles où les confiscations et les dettes envers le sanctuaire sont inscrites, ainsi que la base sur laquelle était installé le trophée de Delphes pour l’opposition contre les Perses en -480. Une série d’autels de tailles diverses, datant pour la plupart du -6e siècle est conservée dans la partie orientale du téménos. Leurs inscriptions nous informent sur les divinités auxquels ils sont consacrés : il s’agit de Zeus, Athéna Ergané, Athéna Zostéria, Illithyie et Hygeia. À l’est du Temple classique d’Athéna, s’élève la construction la plus imposante du sanctuaire, la fameuse Tholos (5), construction circulaire à colonnade extérieure.

Plan numéroté des édifices du sanctuaire d'Athéna Pronaia. Photo © André M. Winter

Plan numéroté des édifices du sanctuaire d’Athéna Pronaia. Photo © André M. Winter

Trésor des Massaliotes et Trésor des Romains. Photo © André M. Winter

Trésor des Massaliotes et Trésor des Romains. Photo © André M. Winter

Dans la partie orientale sont conservées les fondations de deux temples doriques dédiés à Athéna, construits en tuf. Ils sont datés du milieu du 7e et du début du 5e siècle avant notre ère. Un peu avant le milieu du -4e siècle, un nouveau temple d’Athéna a été construit en calcaire gris local, dans la partie occidentale du téménos.

Schéma du nouveau temple d'Athéna Pronaia. Photo © André M. Winter

Schéma du nouveau temple d’Athéna Pronaia. Photo © André M. Winter

La Tholos de Delphes figure parmi les chefs d’œuvres de l’architecture grecque antique grâce à la richesse de son décor sculpté, à la polychromie et à la finesse de son exécution. Dans l’Antiquité, cet édifice dominait les monuments du sanctuaire d’Athéna Pronaia. Cet édifice circulaire, presque entièrement construit en marbre pentélique, remonte au début du 6e siècle avant notre ère. On connaît l’architecte de la Tholos grâce à Vitruve, qui le cite dans son ouvrage De Architectura: il s’agit de Théodôros Phocaeus de Phocée en Asie Mineure. L’édifice comportait à l’extérieur vingt colonnes d’ordre dorique, parmi lesquelles trois sont reconstruites dans les années 1930. À l’intérieur, le mur du sékos circulaire était soutenu par dix demi-colonnes d’ordre corinthien. Des scènes de Centauromachie et d’Amazonomachie sont sculptées sur les métopes de la frise extérieure, aujourd’hui exposées dans le Musée de Delphes. Le toit de l’édifice était de forme conique. La fonction de la Tholos demeure inconnue. Elle est peut-être liée au culte de Gaia, la première divinité à être vénérée dans le sanctuaire.

Schéma de la Tholos de Delphes. Photo © André M. Winter

Schéma de la Tholos de Delphes. Photo © André M. Winter

La Tholos de Delphes. Photo © André M. Winter

La Tholos de Delphes. Photo © André M. Winter

Chapiteau dorique en marbre de la Tholos. Photo © André M. Winter

Chapiteau dorique en marbre de la Tholos. Photo © André M. Winter

Avant d’arriver sur le plateau avec les monuments, on peut avancer vers un point de vue avec un local de toilettes. Peu avant celles-ci se trouve une poubelle sur la droite. C’est l’endroit de la meilleure vue sur la Tholos. Bien que ce n’ait pas été le monument le plus important du site, la rareté de sa forme le rend aujourd’hui emblématique pour Delphes.

La Tholos de Delphes. Photo © André M. Winter

La Tholos de Delphes. Photo © André M. Winter

Jumeaux d’Argos

Les deux statues similaires, plus grandes que nature, sont l’offrande monumentale la plus ancienne de Delphes et l’un des premiers exemples de la grande plastique archaïque. Elles constituent une véritable paire, ce qui est un phénomène rare dans l’art grec. Depuis leur mise au jour sur la terrasse de Marmaria entre 1893 et 1894, on les a identifiées à deux frères virils et pieux d’Argos: Cléobis et Biton dont les Argiens, voulant honorer leur mémoire, dressèrent les statues à Delphes. D’autres chercheurs reconnaissent en ces deux statues les Dioscures, dont le culte était répandu dans le Péloponnèse. Divinités ou mortels héroïsés, les deux kouroi, dont la base porte la signature du sculpteur argien [Πολυ]μήδης (Polymédès), nous ont laissé une œuvre caractéristique de la plastique argienne du début du 6e siècle avant notre ère, c’est-à-dire du passage de l’art dédalique à l’art du haut archaïsme.

Découverte des Jumeaux d'Argos

Découverte des Jumeaux d’Argos

«Un jour de fête d’Héra chez des Argiens, il fallait absolument que leur mère fût portée au sanctuaire par un attelage; et leurs bœufs n’étaient pas arrivés des champs en temps voulu; empêchés d’attendre faute de temps, les jeunes gens se mirent eux-mêmes sous le joug et traînèrent le char, le char où leur mère avait pris place; ils la transportèrent pendant quarante-cinq stades et arrivèrent au sanctuaire. Leur mère, charmée de leur action et de l’éloge qu’on en faisait, debout en face de la statue divine, pria la déesse d’accorder à Cléobis et à Biton, ses fils, qui l’avaient grandement honorée, ce que l’homme peut obtenir de meilleur. A la suite de cette prière, après la sacrifice et le banquet, les jeunes gens s’endormirent dans le sanctuaire même; ils ne se relevèrent plus, mais trouvèrent là leur fin. Les Argiens firent faire d’eux des statues qu’ils consacrèrent à Delphes comme celles d’hommes excellents». (Hérodote I. 31 )

Tête de l'un des Jumeaux d'Argos. Photo © André M. Winter

Tête de l’un des Jumeaux d’Argos. Photo © André M. Winter

En dehors du musée et des sites

L’accès au Gymnase de Delphes (fermé) est dallé de marbres avec un symbole du soleil. C’est bien sûr un arrangement récent.

Entre le site principal et le musée se trouvent des mosaïques et des pierres taillées diverses entre le chemin et la route. Il n’y a cependant aucune explication les accompagnant.

Mosaïques entre la route et le site extérieur principal. Photo © André M. Winter

Mosaïques entre la route et le site extérieur principal. Photo © André M. Winter

Les marches du musée nous rappellent que nous sommes toujours et encore sous la pandémie du Covid-19.

«Nous gardons une distance de sécurité, attendez ici». Photo © André M. Winter

«Nous gardons une distance de sécurité, attendez ici». Photo © André M. Winter

En revenant du sanctuaire d’Athéna Pronaia on a cette vue de Delphes antique.

Vue du sanctuaire d'Athéna Pronaia vers le site principal de Delphes. Photo © André M. Winter

Vue du sanctuaire d’Athéna Pronaia vers le site principal de Delphes. Photo © André M. Winter

Nous avons vraiment tout vu après plus de quatre heures sur le site de Delphes. Nous retournons à notre véhicule, il est maintenant bien serré par d’autres cherchant à se garer. Nous passons le village récent de Delphes où s’alignent les tavernes à l’attente de clientèle. Les épiceries sont cependant fermées aux heures de midi, nous retournons donc au camping où nous passons tout le reste de l’après-midi et aussi la deuxième nuit comme nous l’avions prévu en arrivant la veille. Ce repos nous fait du bien, car les longues visites sont fatigantes physiquement mais aussi mentalement. Il fait aussi assimiler tout ce que l’on a vu.

Fin de Delfi. Photo © André M. Winter

Fin de Delfi. Photo © André M. Winter

La suite se passe à Antikyra.

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