Black Canyon of the Gunnison et le sud du Colorado

Le San Luis Valley

Après notre écart très loin vers l’est, nous tournons d’abord vers le sud.  Les montagnes sur notre droite dépassent 4250 mètres, mais ils ne sont pas très impressionnants, on dirait des collines des Préalpes en format plus grand. La taille ne se devine que par les sommets enneigés. À entendre les stations radios que nous captons, nous sommes déjà au Mexique, la musique est espagnole sans exception et les noms des villages sonnent hispaniques. Nous profitons d’une station de carburant à Poncha Springs pour faire le plein, on ne sait jamais. Ce sera notre point le plus oriental du tour.

Lors d’un accident de route, nous voyons que cela se passe comme dans les films: des ambulances et la police arrivent de tous les côtés en même temps, tout clignote et les sirènes hurlent. Toutes les autres voitures se rangent sur le bas-côté et ne repartent que quand le siège est levé.

Par le col Monarch Pass dans la Sawatch Range

Poncha Springs marque aussi la première possibilité repartir enfin en direction ouest à travers les montagnes et la vallée du South Arkansas River. Plus loin au sud commencent les larges plaines.

Sur le Monarch Pass, nous retrouvons de la forêt, des prés alpins et des stations de ski. La route du col est ici cependant à quatre voies et les grands camions foncent bien plus vite que la vitesse autorisée. C’est gênant avec un petite voiture voulant rester dans les règles. La région reste alpine jusqu’à Sargents.

Curecanti National Recreation Area

À partir de la ville de Gunnison, le décor change définitivement. Il fait terriblement chaud, la plaine est une steppe et comme au sud du Wyoming, il ne pousse que de sagebrush. Nous cherchons de l’ombre au dans la verdure autour du Blue Mesa Reservoir, c’est une grande retenue d’eau dans la Curecanti NRA, Nous nous rendons dans la petite vallée latérale Red Creek pour une pause. Les grands peupliers offrent beaucoup d’ombre sur les belles tables de pique-nique, mais le tout est accompagné de milliers de moustiques. Nous nous embaumons de nouveau de chimie et mettons de vêtements longs alors qu’il fait très chaud. Même faire pipi tourne au cauchemar. Nous ne pouvons pas rester longtemps, pourtant on avait prévu une pause étendue.

Sur les rivages du grand lac se trouvent des grandes zones d’érosion avec des cheminées de fée appelés Dillon Pinnacles. Il s’agit de roche volcanique érodée. Nous ne les admirons que de loin, parce que nous pensons en trouver des plus intéressantes au Bryce Canyon qui est à deux jours de route d’ici.

Black Canyon of the Gunnison National Park

Nous avons déjà quitté le Blue Mesa Reservoir et nous sommes principalement concentrés à avancer le plus loin possible en direction ouest avant la tombée de la nuit. Christian freine cependant assez sèchement pour tourner à droite en suivant un panneau peu rassurant en plein milieu de nulle part. La route monte ensuite de manière très raide et nous passons en haut l’entrée du parc national. Des petits animaux dond des grands lézards passent en travers de la route. Christian avait lu quelque chose sur ce parc national, André n’a aucune idée où il est amené. Il s’agit d’un avant-goût du Grand Canyon, mais le Black Canyon of the Gunnison est quand même profond de 820 mètres. Les points de vue sont positionnés sur des pointes en bordure de l’abîme avec partout une très bonne vue au fond et en avant. Des oiseaux de proie profitent des effets thermiques et et montent en vrille avant de se lancer verticalement sur une victime.

Les murs noirs sont traversées par des artères blanches de quarz. C’est particulièrement impressionnant sur la Painted Wall (hauteur 700 mètres).

Painted Wall du Black Canyon of the Gunnison. Photo © André M. Winter

Painted Wall du Black Canyon of the Gunnison. Photo © André M. Winter

Le soir n’est pas le bon moment pour prendre des photos. Nous redescendons dans la vallée pour filer vers l’ouest.

Ridgway State Park

Nous arrivons tard le soir à Montrose. C’est le genre de petite ville qui offre peut-être des motels mais sûrement pas des campings. Avec l’expérience des derniers jours nous pouvons prédire la situation à la vue du panneau annonçant l’agglomération. On continue donc sur notre route, qui mène ici un peu vers le sud dans le Uncompahgre Valley, il y a ici quelques Recreation Areas. À la première, on nous renvoie parce que tous les emplacements sont occupés, mais on nous conseille le camping un peu plus loin au nom très curieux de Pocochatupuk.

Là, il y a de la place pour nous. Cette fois-ci, nous préparons le repas avant toutes les autres besognes et nous pouvons manger à la lumière du jour même si nous sommes curieux de ce site est nouvellement aménagé et pas du tout américain. Il faut laisser sa voiture au parking en bas, traverser la rivière et marcher plus de cinq minutes jusqu’à l’emplacement. On peut prêter des charrettes pour transporter la tente et le reste du matériel. Tout est en pente sur de la roche dure, mais chaque site a son propre bac à sable horizontal pour installer la tente. Ils ne sont grand que de trois fois trois mètres, les grandes tentes sont donc exclues. Même notre petite tente a besoin de plus de place pour certaines sardines, on les plante donc plus loin dehors. Le bac est haut d’un demi mètre, c’est pratique pour planter les sardines et monter dans la tente, mais ce bord du lit est quand même très inhabituel.

Il s’agit d’un site pour pêcheurs sur le Ridgway Reservoir. Nous payons USD10,- mais on a aussi exceptionnellement des douches chaudes pour ce prix. Cette marche vers les douches est d’ailleurs le seul vrai effort physique de la journée. Le soir, nos tombons quand même fatigués dans le lit dans notre bac à sable. Il fait chaud, nous laissons la tente ouverte, c’est un grand changement par rapport à la nuit précédente.

Christian au petit déjeuner devant le bac à sable au Po-Co-Cha-Tu-Puk Camp Ground. Photo © André M. Winter

Christian au petit déjeuner devant le bac à sable au Po-Co-Cha-Tu-Puk Camp Ground. Photo © André M. Winter

Ce 13 juillet 1996, nous nous levons de nouveau assez tôt, vers six heures. Puisque les douches sont inclues dans le prix de la place, nous en profitions aussi le matin, on n’a jamais été si propres. Mais lorsque nous ramenons tout le matériel du petit déjeuner vers la voiture, nous transpirons de nouveau. Christian est de nouveau au volant.

Telluride

Le premier col à passer est le Dallas Pass (2734 mètres), mais on descend de l’autre coté de nouveau dans la plaine chaude à Placerville. Comme nous n’avons pas encore assez vu d’hôtels BCBG à Aspen, nous faisons l’aller-retour vers Telluride. Notre guide dit que c’est un village historique, mais c’est une station de ski moderne et en construction en été. La région montagneuse se prête cependant à des randonnées étendue incluant des montagnes qui dépassent les 4000 mètres.

Nous allons jusqu’au bout du village d’où l’on devrait voir la cascade des Bridal Veil Falls (la plus haute du Colorado). On en voit en effet un bout, mais la route qui monte plus près est réservée aux véhicules à quatre roues motrices. Nous ne sommes pas tentés par ce genre d’aventure avec notre petite voiture de location et nous nous consacrons donc à la route vers l’ouest.

Un peu en dehors du centre se trouve le Telluride Montain Village (High Telluride), un village tout récent, mais délaissé en été. Les bâtiments sont construits autour des stations des remontées mécaniques. Une partie est encore en construction, mais un grand plan montre l’état prévu final.

Franz Klammer Lodge en construction à Telluride. Photo © André M. Winter

Franz Klammer Lodge en construction à Telluride. Photo © André M. Winter

Montezuma County

Nous laissons cette univers artificiel et le montagnes derrière nous et passons par le Lizard Head Pass (3123 mètres) vers le sud-ouest. La descente de l’autre côté mène par la vallée du Dolores River dans un paysage verdoyant et regorgeant d’eau. Cette fois-ci c’est la voiture qui reçoit sa douche lors d’un gros orage qui s’abat sur nous. La propreté ne sera que de courte durée, car nous arrivons dans un grand chantier de rénovation de la route. La situation est tellement compliqué, que nous sommes escortés à travers le chantier.

Nous arrivons de nouveau dans la plaine désertique au Montezuma County qui forme le coin sud-ouest du Colorado. Sa capitale Cortez est une ville de 10000 habitants, étendue, plate et peu animée. Nous avons cependant quelques achats à faire ici. Il nous faut d’abord une carte pour la suite. Après une très bonne carte du Colorado, nous cherchons la même qualité pour la suite et l’Arizona surtout. Nous fouillons l’office de tourisme, une libraire, la librairie chrétienne, mais nous ne trouvons rien. Christian ne peu plus résister à l’envie d’acheter un chapeau de cow-boy et c’est effectivement un endroit idéal pour ce genre de vêtement. Il n’y a pas de touristes et ce qui est vendu ici est vraiment porté par les gens que nous voyons dans la rue. La recherche du bon couvre-chef est cependant une procédure assez longue. Même André est tenté par un tel chapeau, mais le prix l’effraye finalement. Les chapeaux classiques sont assez rigides et sont constitué d’un matériel qui nous rappelle la base des plâtres chirurgicaux en matière plastique. Les chapeaux en cuir sont encore plus chers et hors de portée pour le budget de Christian. Les chapeaux semblent être un objet de culte ici. Finalement, Christian trouve un chapeau de couleur blanche assez grand et répondant à ses attentes.

Après le chapeau, il faut passer aux choses sérieuses. Dans un grand foodstrore, nous trouvons de quoi nous nourrir les jours qui viennent et à la caisse de la station d’essence, nous trouvons une carte de l’Arizona. Pendant notre tour en ville, la chaleur s’est transformée en atmosphère orageuse et un vent violent balaye la poussière et des branches sèches dans les rues. Dans cette air d’apocalypse et sous des grands nuages noirs, nous montons la route vers l’entrée du Mesa Verde National Park. Quand nous nous garons, l’orage éclate.

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