Castelnuovo est le centre administratif et commercial de la Garfagnana, cette région montagneuse au nord de Lucques. En arrivant par la Plaine du Pô et en montant dans l’Apennin une semaine plus tôt, nous avions pris une piste très cabossée et quelques jours plus tard, un ressort se détache de la pédale d’embrayage. Il sert apparemment à atténuer la pression exercée par le pied en arrivant en fin de course. André tente de le remettre en place, mais il retombe très vite. Rien ne semble cassé cependant. Soit le ressort est fatigué et trop court, soit le socle de la pédale d’embrayage s’est déplacé. Nous pouvons cependant rouler normalement, au contraire, la pédale qui restait parfois bloquée en bas, revient bien mieux vers la position haute depuis que le ressort n’y est plus. Mais ayant en souvenir la piste chaotique et ne sachant pas vraiment à quoi le ressort sert, nous cherchons un garage Renault. Il n’y en a pas beaucoup en Italie, dans le nord de la Toscane on trouve surtout les marques Fiat et Jeep.
Notre pédale d’embrayage a un autre problème qui s’éclaircit maintenant. Trois ans plus tôt, nous trouvions une pièce métallique arraché sous les pédales et depuis le retour de la pédale ne s’opère pas correctement. À l’époque, nous avions aussi cherché un garage Renault et on nous dit que cette pièce vient d’une pédale d’accélérateur sans doute remplacée depuis. Plusieurs autres garages n’ont pas pu élucider le problème les années suivantes. Quand André tente de replacer le ressort, il voit aussi une entaille sous la vis basse qui tient le socle. Il manque le même triangle directement sous la vis du socle de la pédale d’embrayage! Il semble arraché par une tension interne au socle ou parce que des perçages ne correspondent pas.
Nous arrivons finalement à un garage avec la bonne enseigne dans la zone industrielle au nord de Castelnuovo di Garfagnana vers le milieu de la semaine précédente. André a préparé tout un vocabulaire pour expliquer le problème. En arrivant, le patron ne comprend rien, mais envoie chercher un mécanicien du fond du garage. À notre surprise, il parle allemand, c’est un expatrié suisse arrivé ici il y a une vingtaine d’années. Ils comprennent ainsi vite notre problème tout en prétendant que le ressort ne sert à rien et que le socle est bien à sa place. On leur montre la pièce arraché et on insiste pour changer le socle sachant que nous allons ensuite en Corse et qu’André reviendra en Toscane et devra encore prendre des petites routes en piteux état.
Ils disent que commander la pièce est difficile dans ces temps Covid, mais ils essayent quand-même. Et miracle, la pièce est livrable le lendemain. Or, bien sûr, au garage, ils n’ont pas le temps. On nous promet de s’en occuper justement ce jeudi, sachant que nous prenons le ferry pour la Corse le lundi suivant.
Ils changent finalement la pièce en fin de journée ce jeudi 27 août 2021 alors que l’on nous avait promis de nous appeler avant midi. On passe donc une bonne partie de l’après-midi assis au sur un mur du parking du garage. Le pièce ne coute pas grand chose, mais le temps de travail est de 2h30 car il faut être à deux, du côté des pédales et par au-dessous dans le compartiment moteur. Il s’agit d’écrous et de boulons simples qui passent au travers du tablier habitacle. Contrairement à ce que l’on voit de l’habitacle, il y a trois et non pas deux vis qui tiennent ce socle. On nous dit que le socle et les vis ont été replacés sans problèmes, il semble donc que c’est bien le socle qui était défaillant.
Revenons au fil de la journée…
Nous avons donc déposé le camion le jeudi matin et nous nous rendons à pied en ville. Nous passons pour cela le long de la rivière Serchio, non sans des détours dans quelques culs-de-sac de la zone industrielle. Et cerise sur le gâteau, c’est une journée qui commence pluvieuse.
En arrivant à la porte de la ville, nous devons tout de suite nous abriter sous la terrasse du café de la Via Olinto. C’est un café tout simple où les locaux passent aussi entre deux courses. Quand l’averse faiblit, nous explorons la ville non pas touristiquement, mais à la recherche de cartouches gaz CP250 pour notre réchaud bistro. Nous trouvons trois magasin vendant du gaz, mais aucun n’a ces cartouches.
Vers midi, le ciel s’éclaircit un peu, mais la ville est petite et on vite tout vu. Nous trainons un peu dans un parc au bord de la rivière et vers midi, nous ressentons la faim dans nos ventres. On certes un casse-croûte avec nous, mais on ne trouve pas d’endroit convenable pour nous asseoir et on veut quand même se faire un peu plaisir durant cette journée maussade. Quand nous allons manger, nous préférons les bonnes enseignes de qualité et nous pensons avoir trouvé une adresse convenable. Or, en passant à l’Aia Di Piero, un groupe de motards bien brouillant vient de s’attabler et personne ne se bouge pour nous dire s’il reste deux places.
André est déjà passablement énervé par l’attente, la météo et la journée perdue et il refuse d’attendre, il refuse aussi de s’attabler à une pizzeria quelconque. Têtu, il continue de descendre la route passante et tourne à droite sous la cathédrale. La terrasse du restaurant il Vecchio Mulino se trouve juste là. Des gens viennent de finir de manger et le casse-croute toscan qui semble très alléchant. Nous sommes conquis quand nous voyons l’enseigne Slow Food à l’entrée.
Il n’y a qu’un plat unique, ce sont plusieurs planches et assiettes pleines de fromages, de saucissons, de jambons, de tourtes et de pains aux pistous locaux. Nous avons vraiment de la peine à tout finir, mais c’est excellent. En allant à l’intérieur pour payer à la caisse, nous avons un effet de déjà-vu. Sur un des murs se trouve une photo d’un gros monsieur qui nous servait ici des mets semblables un soir d’août pluvieux en 2007. C’était notre premier passage dans la région, la semaine était très humide.
Nous avons bien sûr tout les temps attendu l’appel du garage pour nous dire qu’ils ont fini et que nous pouvons aller chercher notre Trafic. Sachant qu’ils ont une pause à midi, nous savons que ce ne sera que l’après-midi. Ne parlant pas italien, nous jugeons inutile d’appeler au téléphone pour faire de la pression ou de savoir s’il nous ont oublié. Après quelques autres tours en ville et d’autres pauses assis sur des murs peu confortables, nous nous mettons en marche pour retourner à pied au garage. Il est 16h30 quand nous arrivons. Notre Trafic est dehors mais il a changé de place depuis le matin. Cela ne veut rien dire, car nous l’avion laissé en plein milieu de la cour le matin. En nous voyant arriver, le patron envoie chercher le mécano suisse qui s’excuse que rien n’est encore fait! Mais il nous promet que cela sera fini avant 18h car il veut bien sûr, lui aussi, finir sa journée à l’heure. N’ayant pas trop le choix, nous acceptons d’attendre sous l’ombre d’un murier entre les voitures en attente de réparation. Le garage n’a pas de salle d’attente pour les clients, au moins ils ne gaspillent pas l’argent à ça.
C’est finalement à 18h45 que le véhicule est prêt. Mais, nous sommes en Italie, le pays de la paperasse par excellence, et il faut encore faire la facture. Pour cela, il faut qu’André soit enregistré comme client, tout ceci sur un ordinateur d’un autre âge et une connexion internet peu performante. C’est à 19h15 que nous pouvons partir.
Près du stade, nous avions repéré un robinet. En partant nous y faisons le plein d’eau, même si elle n’a pas un bon goût. Nous filons ensuite vers le sud sur un emplacement de park4night dans la plaine sur à l’aire d’atterrissage de parapente de Borgo a Mozzano. On entend un peu les routes des deux côtés de la rivière, la rivière est loin de l’autre rive et il y a des tables de pique-nique. Il faut rester hors du grand pré car les parapentes y atterrissent. Nous nous plaçons en bout de route. On voit que les averses ont reprises, nous traversons des journées instables. Au moins on ne voit ainsi pas la douche extérieur prise.
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