Viste de la stavkirke de Lom

Le 22 septembre 2022 et après le tour autour du lac Snåsavatnet, nous revenons sur la route E6 et André visite avec Alex une deuxième fois Trondheim cette fin d’été. Les photos sont réunis dans le blog de l’aller. On reprend la route pour passer le Dovrefjell en direction sud et on repasse la nuit dans la vallée de la Lora comme à l’aller. Le 23 septembre 2022, nous écartons de la route E6 sur le chemin vers le sud dans la vallée de la rivière Otta parce que nous voyons que Lom est le seul endroit où nous pouvons visiter l’intérieur d’une églises en bois debout hors saison. Les autres sur le chemin (Hegge et Ringebu) sont soit pas du tout ouvertes, uniquement ouvertes en été ou trop loin de notre route.

Le parking est assez rempli, il y a même quelques bus touristiques. Nous craignons le pire, mais arrivant aux heures de midi, nous avons quand même de la chance: la plupart de ces touristes voyageant en groupe sont attablé dans quelque restaurant. L’accès à l’intérieur de l’église est payant à raison de NOK100 par personne. Cet argent va entièrement à l’entretien de l’église. Un vieux monsieur nous guide en allemand, cependant la plupart des information est aussi disponible dans le petit cahier distribuée dans le vestibule. Une partie du texte explicatif sur cette page est tirée de ce fascicule.

Stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

Avertissement de goudronnage récent. Photo © André M. Winter

Nous arrivons à un moment particulier à cette église. Elle reçoit une nouvelle couche de goudron qui protège le bois multicentenaire des intempéries. Cette opération est fastidieuse, il faut d’abord enlever la couche de goudron précédente et réappliquer une nouvelle couche à chaud sans mettre le bâtiment en flammes. Ce travail est effectué par des professionnels et coute plusieurs dizaines de milliers d’euros. Il doit normalement être fait tous les trois ans, or la pandémie Covid a retardé la rénovation. Le goudron est de la poix de sapin fabriqué spécialement pour l’église car ce produit n’est plus vraiment utilisé ailleurs.

La stavkirke de Lom avec travaux de goudronnage. Photo © André M. Winter

L’église de Lom est l’une des plus grandes églises en bois de Norvège. L’examen du bois de la partie la plus ancienne montre que l’église a probablement été construite vers 1150. À l’origine, elle était rectangulaire et la nef était plus courte qu’aujourd’hui. La nef et le chœur du même âge sont construits selon la technique de type stavkirke: il y avait un grand pilier à chaque angle. (Trois de ces piles sont encore visibles dans la nef, une derrière la chaire et deux à l’endroit où atteignait la nef d’origine).

Flèche et tête de dragon de la stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

Plan de la stavkirke de Lom. Dessin par Ola Storsletten

Les murs entre ces piliers ont été construits avec des planches murales verticales remplissent un cadre. Les piliers angulaires sont à reliés par des longues poutres de base horizontales reliées les unes aux autres, formant la partie inférieure du cadre. Les piliers angulaires formant les côtés du cadre et les panneaux muraux sont fixés dans un canal coupé dans les poutres de base.

En partie haute, le mur est maintenu par une seconde poutre longitudinale reliant les piliers d’angle. Elle a été adaptée aux madriers verticaux pour bien fermer la partie haute. En même temps, elle sert de support au toit des bas-côtés. Les murs les plus anciens de l’église ne sont pas peints.

Le dessin montre les différentes étapes de la construction de l’église en bois debout de Lom. L’église d’origine est dessinée en vert. La partie bleue montre l’extension en rondins de 1634 en rouge est représentée l’extension de 1663, qui est faite de colombages revêtus de planches

L’église en bois de Lom possède une nef centrale évasée, dont le haut toit est soutenu par une série de piliers. Ces piliers s’étendent du sol jusqu’au toit.

Il est probable que les croix de Saint-André et les traverses porteuses qui les maintiennent avec force de part et d’autre n’ont été ajoutés qu’après l’achèvement de l’église initiale. C’est pareil pour les portails médiévaux sculptés conservés à ce jour. Ci-bas la porte nord.

Les seules fenêtres de l’église d’origine étaient les petites ouvertures rondes sous le toit, des « yeux de bœuf ». À l’origine, l’église n’avait qu’un clocheton sur le toit, tandis que les cloches de l’église étaient suspendues sur un échafaudage autoportant dans le cimetière. Les têtes de dragon sculptées au-dessus des pignons du toit sont des éléments caractéristiques du bâtiment dès le début. La tête de dragon supérieure du côté est de l’église et la crête au-dessus du chœur sont des copies de la décoration médiévale d’origine. Les originaux, uniques en leur genre, sont visibles dans l’exposition « Les 1000 ans de l’église en bois debout de Lom » dans le rez-de-chaussée du bâtiment près de l’église.

Détail de la charpente du toit de la nef de la stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

Il ne reste pas grand-chose de l’intérieur médiéval. Le pilier sculpté sur le côté sud de l’entrée du chœur provient du Moyen Âge et marque probablement l’accès au chœur. Les peintures murales du chœur ont également été réalisées au Moyen Âge, mais sont gravement endommagées par des repeints ultérieurs. Il est possible que les grandes figures de chaque côté de l’autel représentent les saints auxquels l’église était dédiée: Saint Olav et Jean-Baptiste du côté nord et la Vierge Marie du côté sud. Les inscriptions runiques en haut de l’angle nord-est de la nef datent également du Moyen Âge. C’est probablement l’un des charpentiers qui a écrit: « J’étais là-haut dans le coin où on ne peut presque plus aller ». Il l’a signé de ses initiales.

Au Moyen Âge, les messes étaient si courtes que les bancs n’étaient pas nécessaires pour la congrégation. Il y avait un banc autour des murs seulement pour les malades et les vieux. L’église de était très visitée au Moyen Âge, où les villageois partageaient l’espace avec tous les pèlerins qui passaient, soit des terres occidentales à Nidaros, soit des terres orientales aux sanctuaires de St. Sunniva de Selje.

La peste noire de 1349 met une fin abrupte à cette vie médiévale trépidante. Pendant près de trois cents ans, l’église est restée inchangée par la suite. C’était l’âge de la décadence et du manque d’opportunités économiques. En 1537, la Réforme atteint la Norvège et l’église subit de grands changements. En 1608, la première reconstruction commence, transformant l’église catholique en une église luthérienne. Un plafond plat a été installé dans le chœur, il a été décoré par un artiste inconnu. Au centre se trouve le baptême de Jésus, entouré des symboles des quatre évangélistes, des fleurs et des feuilles. Les têtes des personnes ont des apparences très asiatiques sans que l’on en connaisse les raisons. Le mur séparant le chœur a également été modifié pour devenir ce qu’il est aujourd’hui, et la voûte en berceau au-dessus de l’entrée du chœur a été décorée de fleurs et de textes bibliques.

Figures de type asiatique sur le plafond du choeur de la stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

Restes de peintures du choeur de la stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

A partir du 17e siècle, la population de Lom a de nouveau augmenté. Cela signifiait que les longues messes luthériennes ont créé un besoin de bancs. L’église devient trop petite. En 1634, une extension est ajoutée à l’ouest, qui est bientôt suivie d’une entrée avec un auvent. La nouvelle partie de l’église a une galerie à l’intérieur. Seulement trente ans plus tard, une nouvelle expansion était nécessaire. En 1663, une partie des murs longitudinaux est enlevée et déplacée vers l’extérieur, et de nouveaux murs sont érigés, de sorte que l’église reçoit un véritable transept.

Les anciens portails du Moyen Âge sont déplacés en même temps, et aujourd’hui ont peut les voir dans le transept. Ces modifications majeures ont été supervisées par Werner Olsen, un architecte d’église compétent de Ringsaker. Il a également construit la sacristie du côté nord du chœur, et le bâtiment de l’église a reçu on signe distinctif: une grande tour centrale avec une longue flèche et quatre petites tours autour. La partie principale du déambulatoire qui fait le tour de toute l’église médiévale a été supprimée lors de ce remodelage, et l’église a depuis à peu près l’apparence qu’elle a aujourd’hui. Une grande partie de l’intérieur médiéval a été supprimée après la Réforme et l’église de Lom a reçu de nombreux cadeaux de la communauté dans les années qui ont suivi la dernière reconstruction. Le lustre qui est toujours suspendu dans l’église était un cadeau d’Ola Rolfsen Blakar en 1664, et en 1669, des agriculteurs locaux se sont réunis pour faire don d’un nouveau retable: un tableau Renaissance de la Cène, peint par un artiste inconnu. Le curé Povel Nilsen Friis et sa femme ont fait don d’une nouvelle chaire et plusieurs agriculteurs ont aidé à la peindre. Cette chaire montre également le style typique de la Renaissance. En 1721, le panneau de l’autel a reçu un nouveau cadre avec un grand ange sculpté de chaque côté. L’un tient l’assiette de l’hostie, l’autre un calice.

Abat-voix de la chaire à prêcher de la stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

Tableaux dans la stavkirke de Lom. Photo © Alex Medwedeff

L’église de Lom possède une vaste collection de peintures. Beaucoup d’entre elles sont des tablettes votives. Ce sont des cadeaux de paroissiens. Eggert Munch a peint la plupart des tablettes votives. Il était le fils d’un vicaire de Vägä et dans les années 1710 à 1736, il produit de nombreuses tablettes votives qui à l’époque étaient données aux différentes églises de la paroisse de Lom (Lom, Garmo, Skjäk et Hove).

Ces peintures présentent des motifs bibliques et portent chacune une inscription nommant le donateur. Six lustres d’armoiries et une épitaphe, plaque commémorative, ornent les murs du chœur. Deux des lustres d’armoiries proviennent des funérailles d’Anna Dorothea Wolf en 1757. Elle était mariée au curé Johannes Michael Klem, et l’un des lustres montre le blason familial du couple. Les quatre autres chandeliers et l’épitaphe remontent au curé Peter Middelfart, décédé en 1770.

Skjeltreko. Photo par Brynjulv Aartun

Un ancien drapeau de village, probablement du17e siècle, est suspendu dans la partie en douve de la nef. Le motif du drapeau raconte comment, pendant plusieurs centaines d’années, les champs de Lom ont été irrigués uniquement par l’effort humain. Lom est l’une des régions les plus sèches de Norvège. Pour irriguer les champs, l’eau devait être canalisée depuis les montagnes. De longs cours d’eau conduisent encore aujourd’hui l’eau des montagnes jusqu’aux champs. Si possible, les champs étaient arrosés, mais là où cela n’était pas possible, l’eau était jetée avec une pelle à eau en bois, le skjeltreko.

Au 18e siècle, le style baroque se répand dans les églises norvégiennes. Dans le nord de Gudbrandsdalen, cette nouvelle façon de sculpter a produit de nombreux sculpteurs qualifiés. En 1793, ce style atteint également l’église de Lom. A cette époque, Jakub Sæterdalen de Lom sculpte de nouveaux panneaux baroques, qui sont placés sur la chaire en 1669, de sorte que les décorations baroques recouvraient les formes de la Renaissance. Sæterdalen a également sculpté une nouvelle arche au-dessus de l’entrée du chœur. En 1907, les habitants de Lom qui avaient émigré en Amérique font don d’un orgue à l’église, elle est inaugurée en septembre 1909. L’église possède un orgue électrique depuis 1960, mais le front en bois l’orgue est toujours le même.

L’église Lom Stave a subi plusieurs restaurations et réparations majeures dans les années 1930 et 1950. En 1973, il y a eu une fouille archéologique approfondie sous le sol de l’église. Après cela, le sol a été isolé thermiquement. Parce que l’église de Lom a été traitée avec soin par toutes les générations, elle peut encore être utilisée aujourd’hui comme église principale de la paroisse de Lom.

La stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

La stavkirke de Lom. Photo © André M. Winter

Après la visite de l’église, nous visitons aussi la petite exposition de pièces originales de dans l’immeuble à droite de l’église. On arrive d’abord dans un magasin de produits locaux et touristiques, mais à droite se trouve une exposition gratuite.

En partant, nous prenons la petite route au nord de la rivière Otta, nommée Liavegen. On revient par un pont en bois de type très américain sur la rive droite et sud quelques kilomètres en aval.

Pont Liabrue sur la rivière Otta. Photo © Alex Medwedeff

En sortant de la vallée, nous n’avançons pas jusqu’à la route E6, on monte vers un autre fjell: Valdresflye.

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