Voyage en ferry chaotique entre Ancône et la Grèce

Avec les changements de règlements à cause du Corona Virus, nous hésitons longtemps à réserver quoi que ce soit. Partant en camion aménagé en passant par les Marches, nous n’avons que le ferry Ancône-Patras à réserver. Six semaines avant le départ, nous nous lançons et payons EUR707,20 pour aller-retour Ancona-Patras avec Minoan Lines pour deux adultes en cabine intérieure simple et un véhicule standard sous 2 mètres de largeur et sous 6 mètres de longueur. Notre Trafic aménagé rentre aisément dans ce cadre. Le prix est assez cher, mais nous ne sommes plus en basse saison.

La compagnie grecque Minoan Lines a été racheté par la compagnie italienne Grimaldi Lines. Les divers tickets, réservations et clés de cabine sont issus soit sous le premier nom, soit sous le deuxième, soit sous les deux. Les navires entre l’Italie et la Grèce sont aux couleurs de Grimaldi Lines. L’intégration de la compagne achetée ne semble pas encore achevée en 2022 et cela crée plus d’un désagrément et des attentes prolongées.

Camping à bord impossible

Nous voulions initialement réserver des trajets avec Camping on Board (COB) où l’on se trouve avec son campeur sur un pont ouvert avec la possibilité d’utiliser les toilettes du navire et d’avoir des branchements électriques. Cela semble alléchant: dormir dans son véhicule comme lors des congés et avoir de l’air à volonté contrairement aux cabines avec climatisation aléatoire. Or, bien que des sites et des compagnies proposent ce service d’avril à septembre, il n’est pas facile de le réserver. D’une part très peu de compagnies offrent réellement ce service, à notre connaissance uniquement Anek Lines. D’autres utilisent ce nom sans proposer ce service, en fait on achète des réductions sur des campings en Grèce. Pour réserver, il faut prendre l’option « Open Deck » pour le véhicule et « Pont » pour les passagers (donc pas de sièges et pas de cabines).

Chez Anek Lines ne ne sont indiqué que deux navires (Hellenic Spirit et Olympic Champion) permettant ce service, mais bien sûr, il n’est pas possible de réserver directement un navire. Il faut passer par toute la procédure de sélection pour enfin se faire une idée des navires capables de COB. Quand on en voit un, on le retrouve en général sur le même trajet et la même direction trois jours plus tard. C’est en tout cas ainsi sur la ligne Ancône-Patras. Un autre pépin ici: sous « Open Deck » ne se trouvent pas des options pour des petits véhicules comme  Trafic ou  Transporter aménagé. Il faut sans doute choisir une catégorie plus grande.

Formulaire Anek pour COB. Photo © André M. Winter

Formulaire Anek pour COB. Photo © André M. Winter

Dans notre cas, il n’y a plus de possibilité d’en réserver chez Anek Lines et en plus le COB y est plus cher que Minoan Lines en cabine. Nous ne savons cependant pas si toutes les places sont occupés chez Anek Lines ou s’ils ne proposent plus du tout le service ou s’ils ne veulent pas se fixer sur le type de navire employé. Quand on cherche « Camping on Board (COB) » en ligne, on ne trouve aucun compte rendu récent, la plupart des articles de blogs ou de forums remontent à 2010. Le nombre de places en COB a toujours été limité, mais nous pensons que ce service n’est simplement plus proposé.

Au retour de Grèce, notre camion se trouve sur un pont ouvert du ferry et en principe le COB y serait possible. Or, c’est une zone assez bruyante autour de la tourelle de l’échappement. Les vibrations sont aussi bien plus fortes qu’en cabine, les amortisseurs du véhicule n’y remédient que faiblement. Ceci dit, nous ne savons pas si c’est un navire proposant ou ayant proposé le camping à bord.

Open Deck du ferry Venezia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Open Deck du ferry Venezia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Réservation chez Minoan Lines

Cela se passe comme chez la plupart des compagnies, mais il y a des différences.

  • Nous ne constatons pas des variations dans les prix, que ce soit deux mois ou ou deux jours avant le départ.
  • La commande en ligne s’achève par un email rassemblant toutes les informations, or pour les trajets internationaux, il faut encore passer dans un office de tickets au port avant l’embarquement. Cela vaut aussi pour le retour dans le cadre d’un voyage en aller-retour.
  • La commande en ligne ne donne ensuite pas accès à un compte sur le site. Nous constatons cela lors de changements d’horaires peu avant le départ et c’est alors bien gênant.
  • Minoan ne fait aucune indication sur les lieux d’embarquement et de lieu de procuration de tickets définitifs. Le site internet ne renseigne pas non plus.
    • À Ancône, la Biglietteria del Porto di Ancona se trouve aux coordonnées GPS 43.61221953, 13.499952621, l’accès aux quais est sur la route débutant aux coordonnées 43.61562147, 13.50481. Il faut donc sortir de la billetterie et prendre une autre sortie du rond-point pour rejoindre les quais. Le bureau de ville de Grimaldi-Minoan est sous 43.621304, 13.5103011.
    • À Igoumenitsa, le bureau des tickets se trouve dans l’immeuble marqué Port of Igoumentisa sous les coordonnées GPS 39.4884541, 20.2593783, les passagers hormis le conducteur doivent aussi passer par cet immeuble pour se rendre aux quais et retrouvent ensuite le véhicule avec le conducteur de l’autre côté de l’immeuble. L’accès aux contrôle du véhicule avant les quais est sous 39.486106, 20.259407.
    • À Patras, les bureaux se trouvent sous les coordonnées GPS 38.22712, 21.7212976. Nous ne connaissons pas les autres détails de ce port parce que nous avons dû changer pour Igoumenitsa pour l’aller et le retour.

En bas la photo du rond-point à Ancône: la deuxième sortie puis à droite mène à billetterie, la première sortie mène vers les quais d’embarquement.

Rond-point d'accès à la billetterie et aux quais d'embarquement d'Ancône. Photo © André M. Winter

Rond-point d’accès à la billetterie et aux quais d’embarquement d’Ancône. Photo © André M. Winter

Changement de l’heure de départ du ferry

Cinq jours avant l’embarquement, nous recevons un texto en anglais et en italien (les deux en lettres capitales) déclarant un changement du départ et proposant des alternatives et aussi le remboursement des frais. Pour les alternatives, on y donne les heures de départ, le nom du bateau et la destination (mais pas l’heure d’arrivée).

Or, comme décrit plus haut, on ne peut pas choisir un autre trajet sur le site car on n’y a pas de compte. Cela diffère bien de notre passage en Corse en 2021 avec Corsica Ferries, le ticket fixe se transformait automatiquement en ticket flexible permettant le changement de trajet et même le changement de destination. Cela diffère aussi du trajet retardé deux fois avec GNV pour Palerme en hiver où il n’y avait de toute manière pas d’alternatives.

Le texto de Minoan Lines indique de faire part de ses vœux de modification du ticket à une adresse email de la compagnie, qui n’est cependant pas celle par laquelle le ticket avait été initialement émis. Le lendemain de la réception du texto, nous contactions l’adresse émail indiqué. Après six heures sans réponse, on envoie le même email aussi à l’adresse par laquelle avait été issu le ticket. Mais là pareil, aucune réponse dans la journée.

Entre-temps, nous regardons sur le site de Minoan Lines les départs possibles pour notre destination. Et nous voyons que l’heure indiquée dans le texto ne correspond pas à ce qui est affiché en ligne. On aurait dû partir à 16h30 et le départ est reporté dans le texto à 01h30 dans la nuit. Il faut se mettre dans la situation d’un ferry partant à 01h30 et arrivant 24 heures plus tard, il n’y a vraiment pas mieux pour casser le rythme journalier et cela rend le transfert en cabine presque inutile.

Le même bateau en ligne part à 20h30. Un jour plus tard, nouveau texto indiquant le départ de notre bateau pour 20h30. Vu que le trajet Ancona-Patras dure 24 heures, cette heure n’est pas idéale non plus, mais toujours meilleure que 01h30 du matin.

Nous avons prévu de rejoindre Ancône en deux jours, donc de faire quelques visites et de dormir quelque part en route. La météo ne s’annonce pas très bonne en Italie du nord. Nous restons cependant sur ce plan initial afin d’aller le plus tôt possible dans le bureau des tickets et voir sur place à quelle heure on peut vraiment partir.

Nous avions de la compréhension pour les changements d’horaires pour la Sicile en plein hiver et aussi pour la Corse durant le deuxième l’été Covid-19, mais ici, au mois de mai 2022, nous ne nous attendions pas à tomber encore une fois dans ce piège. Nous rappelons en tous cas l’utilité de laisser un numéro de mobile lors de la commande en ligne, les compagnies de ferries s’en servent apparemment exclusivement pour notifier des changements. Ils agissent cependant tous avec des numéros cachés, on ne peut pas y répondre directement.

Mais cette histoire de changement d’horaires n’en reste pas là. Nous apprendrons le reste en route pour Ancône.

Heure et destination différées par Minoan Lines

On se rappelle les deux changements une semaine avant le départ d’Ancône à Patras: réservé à 16h30, changé pour 01h30 du matin (avec demande de modification par nous par email) et encore modification à 20h30 de la journée initiale.

La veille du départ, donc le 7 mai, nous recevons un émail répondant à notre première demande de changement. Nous avions effectivement opté pour le navire de 20h30 pour Igoumenista. Et c’est effectivement ce que l’on nous réserve maintenant. N’ayant jamais eu de réponse, nous pension rester sur notre navire Europa Palace à 20h30 pour Patras.

Or, en arrivant au guichet des ferrys à Ancône, nous voyons que le Europa Palace a changé de départ une troisième fois, il part maintenant le lundi 9 mai au matin. Nous protestons et on nous donne finalement des tickets pour le navire Florencia à 20h30 pour Igoumenista.

Tickets obtenus à la billetterie du Port d'Ancône. Photo © André M. Winter

Tickets obtenus à la billetterie du Port d’Ancône. Photo © André M. Winter

C’est plus tard que prévu, mais au moins dans la même journée. Cela chamboule complètement notre route en Grèce, mais la météo semble s’adapter à ce changement et en notre faveur. Ce seront donc à priori d’abord les Météores et non pas le Péloponnèse.

Arrivés vers midi aux guichets, on nous permet de doubler les camionneurs dans la queue et nous avons finalement assez vite (30 minutes) ce qui ressemble à des tickets définitifs. Sur le parking de la guichetière sont stationnés essentiellement des allemands et des français. Il y a quelques campeurs, mais ils ne sont pas majoritaires ici.

Dans la queue d’attente, nous faisons connaissance de français en side-car. Le couple est parti de Paris quatre jours plus tôt et vise l’Iran. Ils se sont donnés cinq mois pour ce tour. Ils sont venus à Ancône sans réservation. Les ferries sont pleins et ceux sans réservation doivent attendre peu de temps avant le départ pour se voir attribuer les places des désistements. Ils ont cependant de la chance et nous les retrouvons plus tard sur le ferry.

Attente à la Plage de Rocca Mare

Le départ n’est plus à 16h30 mais à 20h30. Nous avons donc quelques heures à attendre. Notre malheur: nous avons déjà visité Ancône en 2020 et la météo est aujourd’hui instable. La côte est très raide au sud de la ville et il y a peu d’accès à la mer calmes. Au nord, c’est plus plat, il faut cependant rouler une quinzaine de kilomètres et passer des zones industrielles pour pouvoir rejoindre la mer. Nous prenons littéralement le premier accès possible, on a les réservoirs d’hydrocarbures en vue. Nous stationnons finalement en cul-de-sac sous un panneau d’arrêt interdit, mais avec vue mer.

Accès à la plage de Rocca Mare. Photo © André M. Winter

Accès à la plage de Rocca Mare. Photo © André M. Winter

Baie entre les jetées et la zone industrielle au sud de Rocca Mare. Photo © André M. Winter

Baie entre les jetées et la zone industrielle au sud de Rocca Mare. Photo © André M. Winter

Nous passons près de quatre heures ici. Le temps change d’un ciel très couvert à des  moments ensoleillés et chauds. André commence à rédiger le blog sur cette plage.

Peu avant 18h, nous nous mettons en route vers le port où le navire Florencia doit partir à 20h30.

L’embarquement à Ancône

Le port d’Ancône est coincé entre la mer et le rocher portant la ville. Les divers parkings et zones de contrôle sont séparés par des longues portions de route sous la ville. Quand on voit le panneau d’interdiction ci-bas, on est sur la bonne route à condition d’avoir pris ses tickets définitifs à la billetterie avant. (voir plus haut). On passe ensuite d’autres parkings et on tourne à gauche pour rester sur le quai.

Accès aux quais d'embarquements à droite. Photo © André M. Winter

Accès aux quais d’embarquements à droite. Photo © André M. Winter

On a déjà pris nos tickets à midi, nous passons donc les contrôles où l’on nous demande de d’ouvrir le coffre, ils cherchent surtout des bidons d’essence interdits sur les navires. Notre bidon d’eau potable est reconnu comme tel, on passe sous silence nos bouteilles d’essence pour le réchaud.

Ce contrôle nous rappelle les plus mauvais jours des années 1980 où on subissait souvent des fouilles. L’agent privé sur la photo n’est ni charmant ni explicatif. Nous n’avions jusqu’à là jamais eu un tel traitement sur un trajet transfrontalier, peu importe qu’il se soit trouvé entre deux pays de l’Union Européenne comme ici ou entre l’Union Européenne et des pays tiers. Ce n’était pas le cas entre Livourne (Italie) et la Corse (France), pas entre Rødby (Danemark) et Puttgarden (Allemange), pas entre Helsingborg (Suède) et Helsingør (Danemark), pas entre Hirthal (Danemark) et Kristiansand (Norvège), pas entre Trelleborg (Suède) et Travemünde (Allemagne), pas entre Kiel (Allemagne) et Oslo (Norvège) et pas entre Hanstholm (Danemark) et Seyðisfjörður (Islande).

Contrôle de matières dangereuses. Photo © André M. Winter

Contrôle de matières dangereuses. Photo © André M. Winter

On arrive vers 18h15 à la file d’attente et 90% des clients sont déjà là. Nous ne sommes donc aucunement en avance. Il y a dix files de camions, une file de voitures particulières et trois files de camionnettes comme notre Renault Trafic et des plus grands. Ces derniers se partagent en une moitié de campeurs essentiellement allemands et français et une autre moitié de transporteurs routiers bulgares. Les semi-remorques sont surtout bulgares et chargés de voitures d’occasion. Les bulgares prennent ce raccourci par la Grèce pour rentrer chez eux.

Nous avons au moins du ciel bleu durant l’attente jusqu’à ce que la nuit tombe ce 8 mai 2022.

Fille d'attente sur les quais d'Ancône. Photo © André M. Winter

Fille d’attente sur les quais d’Ancône. Photo © André M. Winter

Les voitures particulières sont les premiers à être guidés vers les ponts dédiés dans le navire. Cela commence vers 19h00. La suite est plus chaotique. On fait avancer à tour de rôle des camionnettes et des semi-remorques. Ces camions entrent à moitié en marche arrière et l’autre moitié se retourne dans les soutes. Les commandes de la quinzaine d’ouvriers du navire sont assez compréhensibles, même si leur mine n’inspire pas forcément confiance. Les passagers ne ne sont pas forcés à quitter les véhicules.

Priorité à la manœuvre des camions. Photo © André M. Winter

Priorité à la manœuvre des camions. Photo © André M. Winter

Beaucoup plus de camions que de touristes. Photo © André M. Winter

Beaucoup plus de camions que de touristes. Photo © André M. Winter

Nous entrons parmi les dernières camionnettes, derrière notre petit groupe ne suivent que des grands camions. Jusqu’ici, rien d’anormal, c’est par la suite que ça se gâte. On quitte le véhicule entre les camions qui manœuvrent encore et on gagne le pont cinq où se trouve la petite réception. C’est ici que l’on devrait recevoir les clés des cabines, les numéros de ces dernières se trouvent imprimées sur nos tickets reçus à midi.

Cabines surbookées par Minoan Lines

Ça bouchonne avant la petite réception. Les italiens et les camionneurs doublent tout le monde. Après une vingtaine de minutes, nous avons la réception en vue. Mais pendant les 40 minutes suivantes, rien n’avance! Pendant tout ce temps, les camions continuent de monter sur le navire, on n’est donc pas encore partis. On n’informe pas les passagers et les employés discutent dans les bureaux. On comprend que les cabines sont surbookées. La solution de la compagnie Grimaldi est aussi irrespectueuse que longue: ils rappellent les camionneurs par message diffusé dans tout le navire auxquels on avait apparemment donné une cabine à chacun, on leur retire leurs clés de cabine et on leur donne des nouveaux draps pour des cabines communes.

Attente interminable avant de recevoir les clés des cabines. Photo © André M. Winter

Attente interminable avant de recevoir les clés des cabines. Photo © André M. Winter

Bien sûr, ceux-ci râlent et toute cette procédure dure un éternité parce qu’ils procèdent cabine par cabine et parce que la plupart des camionneurs connaissent le jeu et ne répondent pas à l’appel, d’autres ne comprennent sans doute pas les massages diffusés, les camionneurs sont bulgares et turcs, les haut-parleurs sont misérables et même incompréhensibles pour nous.

Cartes-clés reprogrammées de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Cartes-clés reprogrammées de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

La cabine intérieure très simple

Après une heure, on reçoit donc une cabine avec un numéro différent de notre ticket mais en correspondance avec notre commande: simple et intérieure, donc sans fenêtre. Une bonne compagnie aurait offert une cabine de qualité supérieure après tous ces chamboulements.

Cabine simple sur le ferry Florencia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Cabine simple sur le ferry Florencia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Le navire Florencia date de 2004, il n’est donc pas trop vieux, mais la cabine est assez usée. Des grilles d’aération sont arrachés, beaucoup d’éléments grincent et clapotent avec les vibrations, le rideau de douche est inexistant. Mais tout est propre.

Grille arrachée dans une cabine du ferry Florencia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Grille arrachée dans une cabine du ferry Florencia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

L’ennui principal vient de la ventilation qui est très chaude. Nous entendons d’autres voyageurs que leurs cabines extérieures sont trop fraîches. La ventilation marche cependant, l’air est bien renouvelé.

Arrivés sur le navire, nous explorons d’habitude tous les recoins après nous avoir débarrassé de nos affaires. Pas cette fois-ci cependant. On est crevé de l’attente et on a faim. On mange notre casse/croûte sur le lit, André n’y est pas habitué et se relève souvent. Tout aussi souvent, il se cogne la tête sur le lit supérieur replié.

Nous prenons une douche en noyant forcément toute la petite salle de bains et nous nous couchons tout nus parce que la température est tropicale. On passe la nuit tant bien que mal dans les lits séparés aux matelas très mous.

À plusieurs reprises, André se lève pour calmer des pièces qui clapotent avec les vibrations du navire. Or, ces vibrations changent d’heure en heure et avec ceci changent les pièces qui clapotent. Cela commence par le verre de la lumière de la salle de bains qui danse littéralement dans son emplacement, quelques bouts de papier toilette calment ce jeu. Une deuxième fois c’est la porte principale qui tremble bruyamment dans ses gonds. La calmer par des sacs à dos et une échelle ne marche pas. Quelques minutes plus tard, c’est un emballage de jambon en plastique qui sera coincé avec force pour calmer la porte. Quand plus tard une pièce du plafond grince, il n’y a plus de solution miracle, il faut activer les boules quiès.

Vu l’incommodité de la cabine, la température trop chaude et le manque de pain pris avec, nous décidons de prendre le petit déjeuner dans la cafétéria le matin du 9 mai 2022. Le café et les croissants sont très corrects. Le cadre de la cafétéria est grand et fonctionnel. Certains fument sans gêne sous les panneaux d’interdiction et nous fuyons donc assez vite vers l’extérieur.

La journée en mer

Tous les ferrys pris jusqu’à maintenant avaient des grands ponts extérieurs permettant en général de marcher et de s’assoir sur au moins trois côtés du navire, c’était même le cas en allant en Islande. Mais pas sur le Florencia de Grimaldi Lines. Il y a deux petits ponts extérieurs dans la partie centrale du navire (ponts 5 et 6), tout le reste est inaccessible. Surtout le pont 8 avant est barré. Avec d’autres voyageurs, nous spéculons que c’est dû à la grande proportion de camions transportés. Appartement, on n’a pas besoin de luxe et de commodités pour les camionneurs.

Couloirs serrés sur le ferry Florencia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Couloirs serrés sur le ferry Florencia de Grimaldi Lines. Photo © André M. Winter

Mais curieusement, peu de gens restent en extérieur, nous trouvons donc de la place sur les rares bancs. On y lit, on y mange et on y rédige ce texte pour le blog sur le portable.

Nous nous approchons assez près des côtes à l’hauteur de Brindisi. À une quinzaine de kilomètres, nous captons du réseau 4G pour une demie heure. C’est du réseau Iliad et VodafoneIT. Alex capte sur le navire du réseau italien Tim@Sea sans donnés. Nous traversons l’Adriatique en diagonale et peu à peu s’apaise la brume du nord. Nous voyons d’abord la côte albane qui semble plus verte que la côte croate. Il faut faire attention avec les portables qui tentent de joindre les réseaux albanais qui ne font pas partie du roaming unifié européen, dix minutes de réseau albanais chiffrent à EUR50,-. Peu après, on voit aussi de la terre à l’ouest, c’est la grande Île de Corfou. Avec elle, on a de nouveau un réseau européen, dans notre cas c’est VodafoneGR.

Nous avons besoin d’un réseau internet surtout pour décrypter les informations météo grecques. Avec Corfou en vue, cela est de nouveau possible. Nous voulions débarquer à Patras pour visiter le Péloponnèse. On arrive cependant à 19h30 heure locale à Igoumenitsa dans l’extrême nord-ouest de la Grèce. En arrivant ici, il est plus logique d’explorer d’abord le nord-ouest continental du pays. On voulait faire ça à la fin. Mais si la météo y est clémente, nous viserons les Météores pour le surlendemain (mercredi).

Le passage entre le continent et Corfou est long, il ne faut pas croire que l’on arrive tout de suite à Igoumenitsa. En entrant dans le golfe de la ville, le ferry réduit dramatiquement la cadence. Devant le port, il tourne encore sur lui-même pour présenter le proue avec les rampes aux quais.

Le ferry passe dans le Détroit de Corfou. Photo © André M. Winter

Le ferry passe dans le Détroit de Corfou. Photo © André M. Winter

Débarquement à Igoumentisa

Ayant embarqué parmi les derniers, nous sortons aussi assez tôt des soutes.

Sortie du ferry entre semi-remorques. Photo © André M. Winter

Sortie du ferry entre semi-remorques. Photo © André M. Winter

Il n’y a plus aucun contrôle de sortie, en quittant le navire, il faut se tenir à droite, avancer en bordure du long quai jusqu’à la fin du port puis prendre à gauche pour la sortie. Tout de suite après commence l’autoroute A2 vers Ιωάννινα (Janina) et Θεσσαλονίκη (Thessalonique) que prennent presque tous le camions bulgares et turcs. Si on veut partir vers la ville et le nord, il faut prendre à droite après la sortie du port (route E55) puis à gauche sans passer par le tunnel. On est alors tout de suite dans la ville.

L’arrivée et la première nuit en Grèce

On sort vite de l’aire portuaire d’Ηγουμενίτσα (Igoumenitsa). Nous ne prenons pas l’autoroute car nous cherchons d’abord à faire les courses dans un supermarché le long de la route au nord-est de la ville. Ils ont ouvert jusqu’à 21h.

Nous avons besoin de temps pour nous retrouver. Nous voulons acheter des produits grecs pour le casse-croûte des jours suivants. Or ni fromages ni charcuteries sont alléchants. Les fromages sont mous, doux et sans goût. Les saucissons ressemblent aux gros bâtons gras polonais. Mais nous trouvons des conserves de poulpe et du riz en feuilles de vigne. Et bien sûr, toutes sortes d’olives et de noix. Le pain est impossible au supermarché (toasts mou et biscuits secs), nous regarderons dans les boulangeries dans les jours qui viennent. Nous devons donc changer nos habitudes!

Nous donnons ici et par la suite les noms de villes et de sites en grec et leur translittération locale entre parenthèses. Il peut y avoir plusieurs écritures différentes en grec pour le même lieu et les translittérations/transcriptions sont aussi très variantes pour un même nom. Dans ce cas nous donnons aussi les variantes les plus communes.

En arrivant en Grèce, on avance les montres d’une heure. Pourtant, on n’a pas vraiment avancé très loin vers l’est. Le coucher du soleil arrive donc plus tard.

Nous en profitons pour avancer vers l’est et nous visons une route en cul-de-sac menant au Μονή Παγανίων (Moni Paganion), c’est un monastère inhabité. On monte assez haut sur un versant orienté vers l’ouest, on a donc le soleil en vue encore plus longtemps. Cela nous permet même encore de prendre un apéro sur un des bancs du site.

On passe une nuit merveilleusement tranquille. Le petit-déjeuner du 10 mai 2022 est pris sur un des bancs avec vue sur la vallée.

Cette nuit et cette matinée nous réconcilient avec ce début de notre voyage en Grèce qui avait commencé avec bien des pépins.

Café pour le petit déjeuner sur le banc. Photo © André M. Winter

Café pour le petit déjeuner sur le banc. Photo © André M. Winter

Le matin, vers 9h, vient un berger en voiture pour attendre ses chèvres que les chiens de garde font monter.

Les chèvres montent après le berger. Photo © Alex Medwedeff

Les chèvres montent après le berger. Photo © Alex Medwedeff

L’histoire de cette traversée en vidéo

Nous sommes en route vers Metsovo.

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